Chapitre 22

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Ça faisait désormais plus d'une heure et demi que Neige était allongée. Sa respiration était toujours autant saccadée et inquiétante. Son état ne s'était pas amélioré, loin de là... Je pris mon téléphone et appelai de nouveau le cabinet vétérinaire. La même voix que quelques temps auparavant me demanda :

- Bonjour, que puis-je faire pour vous ?

- Je... je vous ai appelé toute à l'heure par rapport à ma chienne souffrante... vous m'avez dit de vous rappeler au bout d'une heure si son état ne s'était pas amélioré...

- Ah oui ! Mademoiselle... Descault c'est bien ça ?

- Oui... j'ai eu beau mettre ma chienne sur le tapis rien n'a changé... ça fait plus d'une heure qu'elle reste dans la même position et elle respire toujours aussi difficilement...

- Hum... d'accord, le numéro enregistré sur le dossier est celui de ta maman ou de ton papa ?

- De ma mère.

- Bien, je vais l'appeler pour savoir si je peux venir chercher ta chienne...

- D'accord... répondis-je avec autant d'enthousiasme qu'un poulpe en fin de vie.

Je raccrochai.

Quelques minutes après l'appel, je reçus un message de ma mère :

« Coucou ma puce... je suis vraiment désolée je ne peux pas quitter le travail... mais la véto passe chercher Neige dans peu de temps. Ça va aller ? »

Je lui répondis alors :

« Ne t'en fais pas pour moi ! À ce soir. »

Message auquel elle ne répondit pas...

J'enfilai un short et un tee-shirt et me brossai les dents ainsi que les cheveux. Je rangeai en vitesse ma chambre histoire de ne pas accueillir la véto dans un dépotoir.

On sonna à la porte. Je dévalai à toute vitesse l'escalier pour aller ouvrir.

- Bonjour, on vient pour Neige ! me dit une des deux femmes sur le pas de la porte.

Elle tenait un genre de brancard pour chiens en tissus, plusieurs anse l'entourait et sur le matelas se trouvais une ceinture pour immobiliser le chien. La deuxième portait une boite avec des outils médicaux ainsi qu'un stéthoscope autour du cou.

- C'est là-haut, répondis-je en pointant l'escalier du doigt.

- Tu nous montres ?

Sans même leur répondre, je tournais les talons et me dirigeai en direction de l'étage. La fille au stéthoscope me suivait de près tandis que l'autre essayait tant bien que mal de refermer la porte, encombrée par l'imposant brancard. Elle finit par réussir et nous rattrapa dans l'escalier. Je claquais sans cesse l'élastique qui entourait mon poignet, stressée par ce que les vétérinaire pourraient diagnostiquer à Neige.

Je leur ouvris la porte de ma chambre, laissant découvrir ma chienne haletante, souffrante... cette image me brisait le cœur.

Les deux femmes entrèrent dans la pièce. Elles commencèrent à ausculter Neige. Lorsque l'une d'elle utilisa le stéthoscope, elle jeta un regard inquiet à sa collègue avant de dire :

- On va l'amener au cabinet... on te tiendra au courant.

Elles soulevèrent, non sans peine, ma grosse boule de poils pour la déposer délicatement sur le brancard. Elle ne se débattu pas, elle se laissait faire. L'une des vétérinaire clipsa la ceinture puis chacune pris deux anses du matelas pour le soulever. Elle la mirent à l'arrièrent d'une ambulance, « vétérinaire urgence » y était inscrit de chaque côtés.

La première fille se mit au volant tandis que la deuxième remontais chercher la mallette dans ma chambre.

- On va bien s'occuper de ta chienne, ne t'en fais pas ma grande... me dit-elle tendrement en passant à côté de moi.

L'ambulance démarra, me laissant seule, sur le pas de la porte. Les larmes coulaient le long de mes joues sans que je puisse les arrêter.

Je retournais dans ma chambre et m'installais sur mon lit vide, sans ma boule de poils à câliner. Il était désormais 14h, je n'avais même pas envoyé « le message du midi » à Corentin... Pendant sa pause méridienne je lui envoyais chaque jour un message pour savoir comment s'était passé sa matinée, c'était mon petit réconfort de la journée. Mais il était trop tard...

Je passai l'après-midi à m'apitoyer sur le sort de ma chienne. Qu'avais-je à faire de plus de toute manière ?

Aux alentours de 16h15 je dû sécher mes larmes... je devais aller chercher ma sœur à l'école et je ne pouvais pas la stresser par rapport à Neige...

Je marchais, surveillant la moindre notification sur mon téléphone pour être sûre de ne manquer aucun appel de ma mère ou du cabinet vétérinaire. L'école primaire était à une dizaine de minutes de marche de ma maison. Une dizaine de minute durant laquelle je m'imaginais tout les pires scénarios tout en retenant mes pleurs.

Lou m'attendais devant la grille verte de l'établissement, le brouhaha ambiant m'oppressait. Des enfants couraient dans tous les sens rejoindre leurs parents... j'avais pourtant l'habitude, je venais ici tous les jours. Mais là j'avais envie que le temps s'arrête quelques instants. Cela étant impossible... je me précipitai sur ma sœur pour la prendre par le bras et m'échapper de la foule. J'attrapais son sac à dos que je mis sur mon épaule.

- Ta journée s'est bien passée ? demandais-je le plus naturellement possible.

Elle ne sembla pas remarqué que je ne l'écoutais pas puisque, sur tout le chemin du retour, elle me raconta tout ce qu'elle avait fait en temps et en heure sans que je me rende compte qu'elle parlait.

Je sortis de ma rêverie soudainement.

- Prune ! Pruuuneuh ! râlait ma sœur à quelques mêtres de la maison.

- Quoi ? Mais Quoiii ?!! dis-je, sur un ton très peu calme je dois bien l'admettre.

- Bah ça fait cinq fois que je te demande si ta journée s'est bien passée ! répondit-elle en montrant les cinq minuscules doigts de sa main.

- Oh euh oui oui.

Je déverrouillais la porte. Lou s'assit sur le petit banc à l'entrée pour enlever ses bottines et les ranger dans le meuble prévu à cet effet. Je me déchaussai à mon tour tandis qu'elle se précipitait vers la cuisine pour goûter.

Comme tous les jours, je la rejoignis pour lui servir son morceau de pain et le carré de chocolat qui allait avec.

Soudain elle réalisa :

- Mais... elle est où Neige ? 

PèreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant