Le lendemain, en direction du cabinet de vétérinaire, je regardais les paysage défiler par la vitre de la voiture. Les arbres, les lotissements, les maisons, les immeubles, les parterres de fleurs... Nous étions en pleins été et pourtant, je pouvais observer les gouttelettes d'eau dévaler ma vitre. Anthony conduisait. Il avait pris une journée de congé suite à mon « insolation ». Je ne sais, à ce jour, toujours pas pourquoi ce n'était pas ma mère qui avait pris quelques jours de repos.
Anthony... je lui en voulais. Comme j'en voulais à ma mère d'ailleurs. Je ne les avais pas pardonné de m'avoir mentis toutes ces années, d'avoir trahis mon père... Je tournais le tête vers lui, il avait les yeux vides, fixés sur la route.
Mon menton à nouveau posé sur ma paume de main, je poursuivais ma contemplation. Le ciel, emplis de nuages gris et ternes, embellissait le tableau. J'ai toujours été une grande amatrice de paysages automnaux... les tons marron, dorés, les minuscules ruisseaux qui se forment sur le bord des routes, les gouttes d'eau qui clapotent sur le pare-brise de la voiture, les orages, les feuilles qui tombent sur le sol... Et ce que j'aimais par dessus tout, durant cette saison, c'était m'emparer de mon livre préféré, m'installer confortablement sur mon fauteuil de chambre, sous un plaide et bouquiner avec, en supplément, un bon chocolat chaud.
Bien que l'été soit une merveilleuse saison... chaque année j'attendais avec impatience l'automne.
Nous arrivâmes à la clinique. J e brûlais d'envie de retrouver Neige, mais peu à peu, l'angoisse de voir l'état dans lequel elle serait pris le dessus sur mon sentiment de hâte. Ma main tremblais tandis que j'abaissais la poignée de la porte. Un chat, maigre aux yeux recouvert d'un voile blanc et sa propriétaire en larmes attendaient sur les siège de la salle d'attente. Le petit matou semblait en fin de vie... allongé dans sa caisse de transport, sa respiration était bruyante, il gémissait à chaque fois que sa truffe aspirait de l'air et je pouvais nettement distinguer que la pointe de son oreille était sectionnée... Cette image me déchira le cœur.
Anthony entra après moi dans la pièce. Il marchait, comme toujours, lentement, sa fâcheuse habitude de se promener avec le téléphone greffé dans sa main ne le quittait pas.
La porte claqua derrière lui ce qui fit sursauter la propriétaire du chat. Elle ne nous avait sûrement pas entendu entrer.
Une dame brune apparus dans l'ombre du couloir avant même que nous ayons eu le temps de nous asseoir sur les fauteuils.
- Monsieur Descault ?
Anthony leva la tête avant de bégayé :
- Euh oui enfin non. Fin si si.
Il se leva. La femme le regarda, confuse.
- Je ne suis pas monsieur Descault mais je suis là pour Neige.
- Toi tu es... Prune je suppose, dit elle après s'être tournée dans ma direction.
- Oui... répondis-je en un soupire anxieux.
Je me levai à mon tour. J'enfouis mes mains tremblantes dans les poches de ma combinaison en jean avant de suivre la vétérinaire. Elle nous amena dans petit pièce qui semblait, après une courte observation, être une salle de repos pour les chiens. Dans un coin, au fond de la pièce, blottis dans un panier violet, j'aperçus les touffes de poiles blancs hirsutes que je reconnus directement.
- Neige ?! appelais-je ma chienne d'une voix enfantine tout en m'accroupissant pour être à sa hauteur.
Elle releva la tête, oreille dressée. Son regard se plongea dans le mien. Nous nous regardâmes pendant quelques secondes avant qu'elle court dans mes bras. Aboyant de joie. Sa queue remuait dans tous les sens sans s'arrêter. Je tombai en arrière et elle en profita pour me lécher les joues. D'un coup, elle sauta, ses deux pattes sur mes épaules comme pour me faire un câlin. Je l'entourais de mes bras, rassurée de la voir en forme. Elle descendit ensuite pour se blottir contre mes jambes.
- Je vous laisse quelques minutes, le temps que j'aille régler les derniers formulaire avec ton père, me dit la vétérinaire avant de sortir de la pièce, accompagnée d'Anthony.
J'ébouriffais les poiles sur la tête de mon chien qui s'était levée et courrait dans tout les sens. J'attrapai un jouet qui traînait parterre. Une corde épaisse avec un nœud à chaque bout. Je tirais d'un côté tandis que Neige tentais de reprendre le jouet pour elle seule. Elle tirait si fort que je me retrouvais à me faire tracter sur le parquet.
J'étais heureuse.
Elle étais heureuse.
Nous étions heureuses.
Anthony revint quelques minutes plus tard.
- On y va ?dit-il les yeux toujours rivés sur son téléphone.
Je me levais, époussetais mes vêtement avant d'accrocher la laisse de ma chienne que j'avais emporté.
Nous retournâmes à la voiture et, durant le trajet, ce ne fut pas le paysage que je contemplai cette fois... ce fut ma chienne, installée à mes pieds.
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Père
General FictionSuivez la vie de Prune, à travers ses yeux, qui se voit bouleversée après le décès de son père. ⚠️TW : Violences, automutilation, deuils ⚠️