𝐗𝐗𝐈 | 𝐉𝐄𝐘𝐃𝐄𝐍

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« Le malheur se doit de s'accabler sur ceux qui portent déjà un poid surchargé. »



Je me retiens de gémir de douleur quand mon géniteur ébranle à nouveau mon corps déjà endolori par de multiples coups de pieds chaussés de ses chaussures de travail d'avocat.

— Retiens bien que c'est à cause de toi si elle est partie, elle a eu pitié, assène ce dernier en me soulevant par le col tandis que je suis toujours au sol. 

Il reprends en rapprochant son visage du mien, d'où l'odeur nauséabonde de l'alcool vient empester mes narines :

— Tu lui as fait perdre sa famille, son job, son toit, ses toits plutôt. Hais honte.

Il refuse d'admettre que la raison de son départ de cette maison était du fait qu'elle s'est retrouvée devant une scène comme celle-ci un soir avant de m'emmener à l'hôpital et demander le divorce.

Elle nous a quittés pour aller vivre dans un appartement pas loin de Paris. J'allais la voir de temps en temps avec Lily et la dernière fois que j'y suis allé, ma mère n'y figurait plus.

Et ça Luke, j'y peux rien.

Elle a sûrement eu l'envie de recommencer sa vie depuis le début, voulant échapper à la réalité instable qui s'est construite maladroitement autour d'elle. Qui c'est, elle a peut-être un copain, ou le titre de belle-mère à cette heure-ci.

Ou bien plus de ce monde...mais je préfère épargner cette idée de ma tête.

Mais j'aimerai la revoir.

Même si ce ne serait que quelques minutes d'échange par le mutisme ou par la volonté d'expliquer par des mots concrets. Sa raison soudaine d'avoir pris conscience d'une telle décision alors que je l'ai connu beaucoup plus courageuse que ça.

Il relâche brutalement le col de mon sweat Stussy vintage avant de s'éclipser, cette fois-ci en dehors de l'appartement au lieu de sa chambre comme à sa grande accoutumance.

Je m'apprêtais à sortir avec le groupe pour une exposition au musée Dior avant de reprendre la routine scolaire dans quelques jours. La journée du nouvel an a vrillé dans l'inattendue, on n'a de loin pas profité et célébré concrètement.

Néanmoins, je souhaite du bonheur à mes proches. On prétend souvent en se rassurant que cette année sera différente des autres, sauf que pour moi, il n'y en a pas une pour rattraper la précédente. Le malheur se doit de s'accabler sur ceux qui portent déjà un poid surchargé.

Il existe des plaies qui refusent de se cicatriser car les saignements sont abondants. Plus la douleur s'accentue sur la plaie, plus elle ne dévoile plus aucun ressentiment renouvelé.

On vit avec la douleur en permanence sans se plaindre car on a pris l'habitude. L'indifférence est notre meilleur allié.

Je me relève en m'appuyant sur les paumes de mes mains contre le tapis noir, puis me dirige vers le miroir le plus proche en époussetant mon jean baggy gris afin d'ajuster ma coupe et ma tenue.

J'ai remarqué que mon géniteur se met en colère plus que d'habitude. J'ignore s' il a commencé à consommer de la substance, sauf que je ne vois pas vers qui il pourrait s'adresser pour lui offrir ce besoin addictif.

De plus, c'est plus que dangereux envers Lily. J'estime qu'il a un minimum de conscience avant de s'aventurer dans les risques irréparables.

Me procurant de ma sacoche en la reposant sur mon flanc, je sors de mon appartement afin de gagner le chemin vers le musée.




REFLECTIONSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant