𝐗𝐗𝐕 | 𝐌𝐀𝐃𝐈𝐒𝐎𝐍

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ℳ𝒶𝒹𝒾𝓈ℴ𝓃


« Succomber à ses propres limites peut parfois procurer du bien. »

— Joyeux anniversaire sorcière, me souhaite Gavin à l'autre bout du fil de notre Facetime.

En guise de réponse, je lui adresse un sourire authentique.

Aujourd'hui , je célèbre mes dix-neuf ans.

Pour certains, ils attendent fébrilement leur journée d'anniversaire pour pouvoir s'exalter le temps d'un écoulement éphémère d'une pendule.

Pour moi, ce n'est seulement qu'un jour de plus comme le reste de l'année. J'ai juste passé une cape de ma vie en achevant une autre derrière moi, alors que j'escompte seulement le jour agonisant de ma défaite.

— T'en tires une tête, me fait remarquer mon frère en fronçant les sourcils.

— Je suis juste fatiguée.

C'est bien sûr qu'un simple mensonge pour camoufler la raison véridique. Ou peut-être que s'en m'en rendre compte, j'expose une part de réalité de mon état dans des réponses écourtées, masquées par un sourire rassurant.

— Maman n'a rien de prévu avec son mec pour ta journée ? me tire-t-il de mes pensées.

Je pince ma lèvre inférieure, réfléchissant à ce que je peux lui dire. Il va probablement m'incendier avec des questions.

— Ils ont tous les deux organisé un week-end en Espagne et...

— La connaissant, c'est sûrement le chauve qui l'a convaincu, me coupe mon frère en reposant son bras tatoué à l'arrière de son crâne rasé.

C'est vrai. Maman ne prendrait jamais l'initiative d'organiser une telle chose.

— Mais j'ai refusé, poursuis-je en appréhendant sa réponse.

Je n'ai pas la tête à faire la fête à Ibiza dans un hôtel cinq étoiles en m'efforçant à divulguer une fausse impression de gaité alors que mon état est tout le contraire.

Alors, j'ai préféré passer ma journée à l'appartement à déballer les colis envoyés par les marques avec lesquelles mon père travaillait et lire leurs lettres.

— Ne me dis pas qu'ils sont partis sans toi ?

Je soupire avant de répliquer :

— J'ai insisté. Ils avaient déjà réservé alors ils sont partis avec Oscar.

— C'est qui ça ? s'agace Gavin en grimaçant.

J'avais oublié qu'il éprouvait un désintérêt total envers cette « nouvelle famille ».

— Le fils de Xavier, Gavin.

— Ahhh le nourrisson, je vois.

— Il a huit ans mais si tu le dis, rétorqué-je en levant les sourcils.

Un sourire s'illustre sur mes lèvres face à son attitude impartiale. Je suis persuadé qu'il jouera la carte de l'homme ignorant avec le père et son fils. Même si l'union de mariage entre ma mère et Xavier est encore trop tôt et qu'on ne le considère pas comme notre beau-père et Oscar comme notre beau-frère, Gavin et moi agissons déjà comme s'ils étaient devenus des poids à supporter en trop.

Ma mère est la seule à s'être habituée à une cadence précipitée assez imprévisible, à ce nouveau mode de vie dont elle est elle-même l'auteure, débutant par une tromperie injustifiée.

La sonnerie de la porte d'entrée attire soudainement mon attention.

Qui peut bien venir m'interpeller en début d'après-midi ?

REFLECTIONSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant