𝐗𝐗𝐈𝐕 | 𝐉𝐄𝐘𝐃𝐄𝐍

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𝒥ℯ𝓎𝒹ℯ𝓃


« Quand tu as traversé cette souffrance avec dextérité, tu peux comprendre le ressenti évoqué quand la roue a obliqué sur quelqu'un d'autre. »



— Finis de nettoyer les verres, et tu pourras partir à ta petite fête chef, m'annonce Bryan avec un sourire pendant qu'il se charge de dégager l'eau reposée sur les assiettes à l'aide d'une serviette.

Mon meilleur ami m'a accordé l'autorisation à quitter plutôt le boulot pour arriver à temps à la soirée de Romane.

— Je dois d'abord déposer Lily à la maison avant d'y aller, dis-je par un souffle d'épuisement.

Je fuis la maison pour éviter de confronter l'irritation qui se métamorphose en violence de mon père. Tandis que c'est une opportunité pour Lily à s'éclipser en cachette avec moi quand son père est sous un effet secondaire, afin de trouver un moyen de voir le jour au lieu de rester cloîtrer dans l'appartement.

— Je peux le faire si tu veux, propose Bryan en se tournant vers moi. Le restaurant va fermer dans moins de deux heures, mais je dois déposer des affaires ici. Et puis ce n'est pas comme si je ne me suis jamais occupé de ta sœur.

Confier ma sœur est synonyme de faire preuve d'une confiance grandiose. Même si je fais confiance à Bryan, je reste quand même un minimum perplexe quand il est question de reposer sa vie entre ses mains.

— Je serai vigilant, elle va adorer faire un petit tour dans ma Ferrari F40, exagère-t-il en accentuant sur la catégorie de sa voiture.

Après quelques secondes de répit dans mon hésitation, je finis par accepter sa proposition. Lily apprécie énormément Bryan et Sacha, alors que je ne vais pas lui priver de passer un peu de temps avec.

Je repose un verre brillant dans le placard, et m'en procure d'une nouvelle depuis la boîte de vaisselle bleu pastel.

— Faudrait qu'on se revoit pour discuter du projet, changé-je de sujet.

— Ça va être compliqué de venir chez moi, il y a des travaux en ce moment, man. On peut toujours se retrouver chez toi ?

Mes lèvres s'entrouvrent puis se referment subitement afin de contenir le refus catégorique qui menace de s'échapper de ma bouche.

— Ça va être compliqué chez moi aussi, répliqué-je en l'épiant du regard pour ranger un énième verre.

Je sens son regard brun me dévisager, mais je ne laisse aucun soupçon miroiter mon expression faciale neutre.

— Jey'.

— Mhm ?

Il marque une pause dans son nettoyage, les mains appuyées sur le bord de l'endroit où les plats raffinés sont déposés pour les récupérer, en humidifiant ses lèvres.

— Tu es certain que tout va -

— Bryan, décale un peu ! Je dois servir les derniers clients, se plaint Paul, un chef cuisinier de la trentaine.

— Il est vingt-deux heures trente, je vais y aller, prévenais-je à l'équipe. Appelle-moi quand tu auras déposé ma sœur.

Mon regard croisé celui de Bryan, vaincu par sa défaite de n'avoir pas eu de réponse mais c'est mieux ainsi. Le fait de savoir qu'il se doute de quelque chose est suffisant pour moi.

Mes pas se guident dans le vestiaire que je referme derrière moi afin de retirer ma blouse noire et ma chemise blanche, me laissant torse nue.

Et cette fois-ci en toute intimité, sans ce connard d'Adrien derrière mon dos.

REFLECTIONSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant