𝐗𝐗𝐗𝐈 | 𝐉𝐄𝐘𝐃𝐄𝐍

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𝒥ℯ𝓎𝒹ℯ𝓃


"Le désespoir nous brûle les ailes lorsque l'impossible plane au-dessus de nous depuis une perpétuité. "



Deux semaines se sont écoulés depuis le fameux séjour à Milan, et me voici à nouveau sur une chaise de cours à crayonner mon papier canson, en parallèle à l'abandon de mes oreilles aux paroles érudites de Mr Gauthier qui s'accoutume au rythme de ses allées et retour pendant le cours de dessin.

Cependant, je suis assez rapidement déconcentré par les murmures musicaux causés par Justin à mes côtés pendant sa confection de son dessin avec dextérité, et semble porter un désintérêt total aux vocables portés par le professeur.

— Hey, c'était bien Milan ? me demande le roux en balayant sa chevelure rousse en arrière de sorte à dégager quelques mèches de son visage jonchées de taches de rousseurs.

— C'était bien, ouais, répliqué-je simplement.

C'était mémorable.

Enfin, elle a rendu ce séjour mémorable en quelque sorte.

— Au vu du sourire que tu décroche, c'était plus que bien, me taquine Fiona d'un air malicieux, en jouant avec son auréole en or qui superpose avec la taille de ma paume.

Je roule des yeux face à sa plaisanterie avant de plonger à nouveau sur les traces de crayons autour de la silhouette illustrée.

Un souvenir qui me hante encore à l'instant, surgit de ma nostalgie. 

On a failli déjanter le dernier soir avant de rentrer à Paris.

Nos lèvres étaient assez proches pour se sceller l'une contre l'autre, mais elle a fini par soumettre une distance afin de briser tout espoir qui causerait des conséquences.

Une vague de déception à frôler mon esprit, mais je me suis rendue compte que c'était une envie parmi tant d'autres. On a probablement voulu s'immiscer dans une parenthèse irrépressible sous le coup de nos émotions de fin de séjour.

Pourquoi est-ce que cette envie commence à réclamer son apparition de plus en plus dans ma tête quand elle me scrute depuis ses putains iris verts ?

Je dois maintenir un contrôle sur moi. Madison a su imposer ses limites, je dois faire de même. Ce n'est pas parce qu'une femme m'accorde enfin un peu d'attention, que je dois prendre confiance et me théâtraliser une imagination enfantine dans ma tête. 

Je suis loin d'être semblable à ses hommes séducteurs qui jouent leur carte sans aucun effort hyperbolique de leur part. J'aime être moi-même, mais j'ignore si je suis assez pour elle.

J'ignore si je suis assez bien pour les personnes qui m'entourent.

Que ce soit elle, ou d'autres femmes, je ne sais jamais comment m'y prendre, je suis imcompétant pour ce genre de choses. C'est pour cette raison que je préfère m'abstenir  sans vouloir encombrer mon espace vital.

Je m'emballe avec Madison, tout ça ne devrait peut-être pas avoir lieu. Je lui fais sans doute croire que je suis en capacité de mériter l'attention qu'elle m'accorde, alors que je suis juste un pauvre homme parmi tant d'autres.

Pourquoi est-ce que je l'ai laissé autant m'avoir alors que j'étais bercée par cette certitude que quiconque n'était en capacité de m'accepter tel que je suis depuis mon adolescence...?

C'est illégitime de toujours préserver involontairement cette part d'espoir en nous, alors que l'expérience nous a assez averti pour nous témoigner à se restreindre de rêver l'inaccessible.

REFLECTIONSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant