𝐗𝐗𝐈𝐈𝐈 | 𝐌𝐀𝐃𝐈𝐒𝐎𝐍

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ℳ𝒶𝒹𝒾𝓈ℴ𝓃


« Cette infime part d'attention à notre égard peut attiser le cœur, mais l'indifférence est envisageable pour masquer l'inquiétude. »



— Tu devrais finir cette assiette Madison, ça fait plus d'une demie heure que tu joues avec ton couvert, me reproche ma mère en nettoyant une assiette avec une serviette à carreaux bleus maculé de quelques tâches culinaires.

Assise sur le siège en hauteur du comptoir, je me laissais distraire par le bruit de la vaisselle et de l'eau ruisselante de l'évier. Le calme planait dans l'appartement en raison de l'absence de Xavier et son fils, mais aussi du silence entre ma mère et moi.

Notre lien « mère fille » s'est estompée de jour en jour, ce qui ne laisse de nous de simples échanges anodins pour se questionner sur notre journée ou des formules de politesse.

Contre mon gré, j'accentue ma fourchette sur mon saumon, puis ramène une bouchée dans ma bouche. La proportion de la nourriture se laisse bouillir machinalement dans ma bouche en l'avalant d'une lenteur déconcertante.

Depuis que j'ai fui du café, l'autre jour, car j'ai mangé beaucoup plus que mon estime, je me suis rendu compte que j'étais en train de me perdre dans mon alimentation. Ce pourquoi j'essaye de faire des efforts en tentant d'achever au moins la moitié d'un plat.

Je sens le regard perçant de ma mère sur moi, se demandant ce qui pourrait ne pas aller chez moi. Elle a cette faculté d'être intrusive jusqu'à ce qu'elle trouve des réponses. Mais avec moi, je reste toujours un mystère dans son esprit.

— J'ai remarqué que...tu n'allais pas bien ces temps-ci, débute-t-elle en s'adossant au réfrigérateur, la serviette sur son épaule gauche.

— Y'a rien, répondis-je sèchement.

— Épargne moi tes mensonges.

— Depuis quand as-tu commencé à t'intéresser à moi ? répliqué-je en découpant mes asperges avec la fourchette, histoire de m'occuper pendant la conversation embarrassante.

Je lève la tête dans sa direction, rencontrant ses iris bleus qui me scrutent sévèrement. Sa quarantaine se trahit avec son apparence physique qui en fait moins. Ses cheveux bruns sont rassemblés en un chignon, laissant quelques mèches se pendre sur son visage.

— Ce n'est pas parce que j'essaye de refaire ma vie avec Xavier que je t'ai oublié Gavin et toi, se justifie ma mère en croisant les bras.

Un rire amer s'échappe de ma bouche en même temps que j'abaisse ma tête à nouveau vers mon assiette.

— Tu as essayé de contacter Gavin récemment ? demandé-je

Elle se tut un instant avant de répliquer :

— Il est souvent occupé avec ses études d'aviation. Je lui demande par messages si tout va bien, même s' il me répond sèchement. Et je lui envoie l'argent nécessaire pour son école.

Je lève la tête une nouvelle fois, mais son regard s'est égaré sur le carrelage de la cuisine.

Les mots qu'elle vient de sortir lui a sûrement accordé un instant de réalisation. Les liens entre son fils et sa fille ne sont plus les mêmes.

— Et ça ne te manque -

— Finis ton plat et va dans ta chambre, me coupe-t-elle en se détachant du réfrigérateur.

— Affronter la réalité te fait mal n'est-ce pas ? provoqué-je en me levant pour me positionner à sa hauteur avec mon assiette.

Elle fuit mon regard en se procurant un verre d'eau, laissant ma question survoler dans le silence oppressant.

REFLECTIONSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant