Chapitre 18 ⚜ Pénélope ⚜

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Je crois que je ne me lasserai jamais de Paris. Cette ville dégage quelque chose de magique. J'ai visité beaucoup de capitales dans ma vie, mais il est indéniable que celle-ci restera ma préférée, à tout jamais. Tristan et Elvira ont bien de la chance, ils y passeront beaucoup de temps quand ils accéderont au trône, bien que je ne sois pas certaine que vivre à Paris soit une réjouissance pour mon cousin. Il est plutôt campagne que ville, ce qui n'est pas étonnant dans la mesure où il a grandi dans le plus beau de nos domaines. Le château de Poinçoit, résidence officielle des de Berry, est tout bonnement magnifique. Il a un parc de je ne sais combien d'hectares, sans compter la forêt qui lui appartient et les ruisseaux qui le traversent un peu partout. Le château est en plus majestueux, un grand édifice construit tout en pierres, avec du lierre qui en recouvre la majeure partie et des fenêtres gigantesques qui lui apportent une luminosité naturelle. Je comprends pourquoi ça agace Candice de savoir qu'elle n'héritera jamais de ce château, qui ira à Tristan. C'en est ainsi depuis des années, le château de Poinçoit revient au futur roi de France. Je ne me plains pas, la propriété dans laquelle je vis avec mes parents est aussi très belle, beaucoup plus moderne que Poinçoit, mais à la différence, elle est moins perdue dans la nature, plus proche de la ville, et est directement attenante à la Loire. C'est satisfaisant lorsque, la première chose que vous faites en vous levant le matin, est de prendre conscience du paysage magnifique et sauvage qui se trouve sous vos yeux. J'ai beau aimer la ville, j'aime aussi beaucoup la nature, ce qui me fait dire que, finalement, je ne serai peut-être pas aussi heureuse que je le pensais si je devais vivre à Paris.

Lorsque ma voiture se gare devant le Grand Théâtre de Paris, je suis stupéfaite de voir autant de monde dehors. Ce soir, une troupe italienne très populaire à Rome donne sa première représentation en France. Je ne pensais pas que ça ramènerait autant de monde chez moi. J'ai été invitée et, soyons honnête, comme je broie un peu de noir depuis que je suis rentrée en France, je me suis dit que ce serait une bonne chose de sortir. En plus, il y a très longtemps que je ne suis pas allée au théâtre. Candice se moquerait de moi, mais c'est le genre de divertissement qui me plait. Ça me plaît parce que j'ai l'impression d'être dans une autre époque, et je suis nostalgique d'un passé que je n'ai même pas vécu.

Quand ma portière s'ouvre, je prends la main que me tend le portier pour en sortir. Je suis accueillie par des flashs de photographes qui m'aveuglent. C'est aussi pour ça que j'ai hésité à venir. Qu'on ne se méprenne pas, j'adore être sous le feu des projecteurs, mais ce soir, j'avais envie d'être tranquille et de ne me soucier de rien. Dieu merci, je serai tranquille sur mon balcon.

Je lance deux trois sourires en attendant que mon amie Caroline me rejoigne. C'était prévu par le protocole, je laisse les photographes me capturer pendant une minute, puis Caroline arrive et nous montons les marches ensemble pour rejoindre l'entrée du théâtre.

— Il y a du monde ce soir, constate mon amie de longue date.

Je hoche la tête en scannant la foule et soupire de soulagement en arrivant à l'intérieur. Caroline vérifie brièvement ma coiffure pour voir si le petit vent n'a pas fait trop de dégâts. Je la laisse faire, sans à peine m'en rendre compte, tant je suis habituée. Nous nous connaissons depuis nos trois ans. Nous étions à l'école ensemble et nous ne nous sommes jamais quittées depuis. Enfin, Caroline ne m'a jamais quittée depuis. C'est ma dame de compagnie officielle. Elle a gagné ce titre à mes 18 ans lorsque j'ai su que j'étais promise à un prince. Ce bouleversement a aussi chamboulé sa vie, car quand j'ai appris ce qui m'attendait, j'ai dû nommer une dame de compagnie, qui pourrait venir avec moi dans le pays que je serai amenée à gouverner. C'était une évidence de la choisir et je savais qu'elle accepterait. Elle a toujours été là pour moi, et j'ai conscience de l'impact que ma vie a sur elle, alors, quand je peux, j'essaye de nous faire vivre des moments « normaux », qui malheureusement, restent très souvent sous les feux des projecteurs. Au moins, je me console en me disant que grâce à ma notoriété, Caroline fait partie des personnes les plus suivies en France et reçoit des déclarations d'amour tous les jours. Elle ne peinera pas à se trouver un mari, c'est déjà ça.

Edesse tome 1 Jeunesse RoyaleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant