Chapitre 28 ⚜ Pénélope ⚜

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Caroline enlève les dernières marques de plis sur ma robe, en silence. Tout doit être parfait lorsque je déposerai le pied en Grèce, du moins, c'est ce qu'on n'a pas cessé de me répéter depuis que j'ai entendu mon nom. Mon nom.

J'ai dormi pendant tout le trajet, assommée par tout ce qui m'attend de nouveau. Je n'ai plus rien à vomir, Dieu soit loué, la robe qu'on m'a choisie pourra rester intacte.

Le jet vient d'atterrir en Grèce. Des hublots, j'entrevois une foule de gens venue m'accueillir, rassemblée derrière les vitres de l'aéroport. Malgré tout ce monde, je ne me suis jamais sentie aussi seule. Je suis dévastée de ne même pas pouvoir être accompagnée par ma famille. C'est la tradition, chaque princesse arrive seule dans son nouveau pays, j'étais préparée à cet événement depuis des années, mais je ne pensais pas que ce serait aussi dur. Tout est affreusement compliqué depuis que mon nom a été révélé au grand jour. J'ai l'impression d'être dans une spirale infernale de laquelle je ne sortirai jamais, et qu'un poison mortel me parcourt les veines pour m'achever à petit feu.

Caroline me scrute depuis une éternité. Elle vérifie maintenant ma coiffure qui a dû être un peu défaite suite à mon refuge dans le sommeil, et l'améliore en un rien de temps. Elle me remet ensuite un peu de blush, pour me donner sûrement meilleure mine﹘je ne sais pas vraiment à quoi ça sert﹘, je n'en mets jamais habituellement. C'est à peine si je me suis regardée depuis que je sais que je vais devoir épouser Achille. Achille. On m'a infligé une séance photo juste avant que je ne monte dans le jet, en France. J'ai fait au mieux, mais ce shooting ne sera clairement pas à la hauteur de tous ceux que j'ai pu faire auparavant. Quand je regardais l'objectif, tout ce que je voyais, c'était la vie que je n'aurais jamais. J'ai pris mes rêves pour des réalités, et au final, à trop jouer avec mes rêves, j'ai provoqué le destin et je n'ai récolté que ce que j'ai semé.

— Tu es prête ?

La voix de Caroline me tire de mes pensées. Je me tourne vers elle et son air soucieux. Si ma vie a considérablement changée aujourd'hui, la sienne aussi, à une échelle moindre, bien évidemment, mais nous sommes toutes les deux en terre inconnue.

Je déteste sa question mais je ne peux pas lui en vouloir de me la poser.

Je hoche la tête dans un mouvement presque imperceptible. Je n'ai même plus la force de parler, et pourtant, il va falloir que je la retrouve, car je sais qu'Achille m'attend juste devant les marches du jet. Je n'ai pas osé vérifier de mes propres yeux mais j'ai remarqué les visages excités des hôtesses.

Dès que les portes s'ouvriront, je n'aurai plus le droit au moindre faux pas. Et surtout, je deviendrai presque officiellement la princesse de Grèce.

Je viens de perdre mon grand-père. Et maintenant, je suis en Grèce.

Sentant mon cœur se remettre à battre à tout rompre, j'attrape la main de Caroline, ou plutôt, je la lui broie en me rapprochant d'elle.

— Est-ce que tu le vois ?

Elle s'exécute aussitôt, se penchant vers le hublot le plus proche. Je la sonde le temps qu'elle observe la scène.

J'ai tellement peur de me retrouver nez à nez avec Achille. Dès que je vais le voir, je vais avoir envie de fondre en larmes, et ce n'est pas exactement la réaction qu'on attend de moi.

— Il est devant la voiture.

— D'accord, mais comment il est ?

— Et bien, il sourit, dit-elle en se penchant encore. Et... oh !

— Quoi ?!

— Hum, ne panique pas, mais il a un bouquet de fleurs de la taille de la Russie dans les bras.

Edesse tome 1 Jeunesse RoyaleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant