Edesse tome 1 Jeunesse Royale

Chapitre 27 ⚜ Candice ⚜

Sept ans plus tôt, château d'Airande.

— Arrête de la regarder comme ça, me rabroue Mila. C'est pas une bête de foire.

— La pauvre, murmure Pénélope. Elle est complètement seule, c'est horrible.

— C'est tellement bizarre de se dire qu'elle va bientôt se marier avec Tristan.

— Et qu'elle va vivre chez toi aussi, rajoute Pénélope.

— C'est pas parce qu'elle va vivre chez moi que je vais l'accepter. Elle ne sera jamais de ma famille.

— Ne sois pas aussi dure, elle a l'air gentille.

— Constipée surtout. Nan mais franchement, elle semble à deux doigts de faire un malaise. Elle a l'air toute fatiguée en plus, visiblement cette fille ne doit pas dormir beaucoup.

— Hé, respecte-la, s'agace Mila.

— Ce n'est pas et ce ne sera jamais une vraie Edesse.

— Tu ne resteras pas une Edesse toute ta vie, ça ne veut rien dire ce que tu racontes, souligne Pénélope. Ça se trouve, toi aussi tu te retrouveras dans la même position qu'Elvira.

— Quelle horreur, ça n'arrivera jamais. Jamais je ne quitterai la France, je ne veux pas épouser un inconnu.

— « Un inconnu que tu auras déjà vu », c'est toujours ce que me répète ma mère pour me rassurer, murmure Pénélope. Mais enfin, de toute façon, pour le moment, on ne sait pas ce qui va se passer, nous n'avons pas encore 18 ans.

— Ça va arriver bientôt, je grommelle.

— Candice ! m'appelle ma mère. Viens là ! C'est l'heure de faire une photo de famille.

— Une photo de famille, avec l'islandaise, sérieusement ? je bougonne.

Pénélope met une main dans mon dos pour m'inciter à rejoindre ma famille. Nous étions dissimulées sous un grand saule pour observer tout le cérémoniale autour de l'arrivée d'Elvira, la future femme de mon frère, en France. Je ne l'aime pas. Je trouve ça injuste que cette princesse islandaise arrive ici pour épouser mon frère et pour devenir la reine de France. Je trouve ça trop simple. Moi je suis une princesse de France, et je ne pourrais même pas devenir reine de France. J'aurais aimé pouvoir être la reine de France, mais on m'a répété depuis mes trois ans que ce serait impossible, à moins que mon frère ne meurt avant d'avoir été marié. Je ne suis pas fan de Tristan, mais je ne lui souhaite quand même pas la mort.

Je pousse une branche de saule pour passer et rejoindre ma famille. Tristan et Elvira sont installés sur des chaises, derrière eux se trouvent mes parents. On me fait signe de me placer à côté d'Elvira.

J'y vais à reculons en contenant à peine ma grimace, qui s'accentue lorsqu'on m'intime de mettre ma main sur l'épaule de ma « belle-soeur ». Je la pose à peine et lance un sourire hypocrite au photographe.

— Et voilà, toute la famille de Berry est dans la boîte, dit mon père.

— La famille de Berry et Elvira, je le corrige.

— Candice ! Elvira fait partie de notre famille maintenant, s'insurge ma mère. Elvira, veuillez excuser son comportement déplorable et ses mauvaises manières.

— Je... commence Elvira avec un accent très fort. Ce n'est pas grave. Ça doit être compliqué pour Candice de voir quelqu'un arriver dans sa famille, je comprends.

— Mais c'est surtout compliqué pour vous, ajoute Tristan.

— Ça se voit tant que ça ? sourit-elle en offrant des yeux de biche effarouchés à mon frère.