Chapitre 17 ⚜ Candice ⚜

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— Jacques, venez dans mes bras.

J'ouvre les bras en marchant d'un pas décidé vers le gouvernant de ma famille. Jacques Bel se crispe alors que je lui tape une bise sur sa joue gauche. Il n'ose pas me prendre dans ses bras mais je sais qu'il m'aime beaucoup sous ses airs coincés. Comme d'habitude, c'est la seule personne qui m'attend quand je dois rentrer chez moi.

— Mademoiselle Edesse, j'espère que vous avez passé de belles vacances, me dit-il très professionnellement. Mademoiselle Edesse, nous sommes ravis de vous accueillir à Poinçoit ce soir, s'incline-t-il devant Mila.

— Dites-moi, euh, Jacques, le repas est-il servi ? demande ma cousine, visiblement affamée.

— Il vous attendait afin d'être servi, Mesdemoiselles, entrez je vous prie.

Mila monte les marches deux par deux sans même m'attendre. À l'odeur alléchante qu'il y a dès l'entrée de chez moi, je sais que le repas sera un festin. On a beau dire, il n'y a rien de mieux qu'une bonne cuisine française, même si nous avons mangé comme des rois en Italie.

— Il faudrait que j'aille me changer, un des petits de Noan m'a à moitié vomi dessus, constatais-je en grattant une tache de lait séché sur mon haut.

— T'aurais pas dû les prendre dans tes bras.

— C'est clair, je voulais voir si je pouvais être à l'aise avec un bébé, mon Dieu, toujours pas. Heureusement que j'étais assise, j'aurais fait tomber le gamin par terre sinon.

Mila s'esclaffe en promettant qu'elle n'aura jamais d'enfants. J'aurais bien envie de lui dire que moi aussi, mais il ne faut jamais dire jamais sur ce sujet-là.

J'entraine Mila dans la salle à manger, là où le dîner, et ma famille malheureusement, nous attendent.

— Nom de Dieu ce que ça sent bon, s'émerveille Mila. Ça ne sent jamais aussi bon chez moi.

— Ici, c'est les meilleurs cuisto ou rien, chérie, je ricane en franchissant les doubles portes derrière lesquelles se trouve ma famille.

J'ai à peine fait trois pas dans la pièce que mon père lève son verre dans ma direction, un grand sourire aux lèvres. Son geste est suivi par Tristan, et même par Elvira, qui nous a fait l'honneur de sa présence malgré les grandes cernes sous ses yeux. Je dois bien avouer que j'ai un petit pincement au cœur à tous les voir. Par contre, personne ne se lève, car chez les de Berry, exit les contacts physiques.

— Bon, vous allez arrêter de vous fixer comme ça ? On peut enfin dîner maintenant que vous êtes arrivées. Candice, Mila, installez-vous.

— Bien le bonsoir, Florentine, répond un peu sèchement Mila à ma mère.

Je fais le tour de la table pour rejoindre ma place, à côté d'Elvira, en essayant de ne pas répondre à ma mère, mais bien évidemment, c'est plus fort que moi.

— Ravie de te revoir aussi, maman. Je ne t'ai pas manqué ?

— Arrête avec tes sottises, dit-elle alors qu'elle claque des doigts pour qu'on nous apporte nos plats.

J'ai horreur de la façon dont elle traite nos domestiques. Ils ont beau être à notre service, ils méritent du respect. Face à moi, Mila est abasourdie et fixe ma mère comme si elle ne la croyait pas capable d'avoir fait un tel geste. Je ne suis pas la reine de la politesse, mais tout de même, j'ai un minimum de savoir-vivre. Ma mère n'en a aucun. Non seulement elle gâche mes retrouvailles avec le reste de ma famille, mais en plus, elle manque ouvertement de respect à nos employés. Personne n'a dû lui rabattre son clapet en mon absence.

Edesse tome 1 Jeunesse RoyaleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant