Edesse tome 1 Jeunesse Royale

Chapitre 14 ⚜ Pénélope ⚜

Il fait nuit noire lorsque la vente se termine. Toutes les œuvres sont parties et l'argent récolté est immense, Amadea ne peut qu'être fière de ce qu'elle a organisé. J'ai des fourmis dans les pieds à force d'être restée debout aussi longtemps mais ça ne m'empêche pas de prendre Mila par le bras pour qu'elle vienne voir Julian et Ella avec moi. J'ai complètement perdu de vue Giovanni et Livio depuis que la vente a commencé.

— De Dieu, Pen, c'est la première et dernière fois que je m'habille comme toi.

— Et moi, en Candice, non mais regarde ça, dis-je en montrant d'un signe de tête trois hommes qui balaient mon corps d'un regard scrutateur, j'ai l'impression d'être un objet sexuel.

Ça a au moins le mérite de la faire glousser.

Je tapote l'épaule d'Ella une fois que nous sommes arrivées à elle. Elle se retourne et ses yeux s'arrondissent de stupeur, comme si elle ne s'était pas attendue à ce que je vienne la voir, alors qu'elle s'en doutait très certainement.

— Pénélope ?

— Bonsoir, Ella.

Julian se tourne aussitôt après avoir entendu ma voix. Il a repris des couleurs depuis que je l'ai vu à la télévision.

— Bonsoir, Pénélope.

— Comment allez-vous, vous deux ? je leur demande.

— Et bien, voilà notre première sortie sans chaperon, donc ça va. Je suis désolé, je dois aller signer un contrat pour la sculpture, précise Julian, je vous laisse entre vous. À tout à l'heure, peut-être.

— Et si on allait près de la piscine ? suggère Ella, comprenant que je suis là pour discuter. Ce sera plus calme.

Je la suis en direction de la piscine, en constatant que Mila m'a laissée tomber. C'est la première fois que je suis seule avec Ella, alors que nous nous voyons assez régulièrement.

On s'assoit sur un banc et on se regarde dans le blanc des yeux le temps d'un instant.

— Alors, commencé-je, Julian et toi ?

— Julian et moi, soupire-t-elle. Si on m'avait dit que j'arriverais en Allemagne...

— Tu n'es pas heureuse ?

— Honnêtement ? Je ne sais pas. Julian est un amour, au moins, je n'ai pas tout perdu. Mais sa mère par contre...

Elle fait exprès de laisser du suspens, mais il est bien connu qu'Ella est une vraie pipelette et commère. C'est évident qu'elle va me raconter sa vie dans tous les détails, parce que je serai bientôt dans la même situation qu'elle.

— La reine ne te traite pas bien ?

— Tu as vu cet air qu'elle avait quand elle a proclamé mon nom. Ça se voyait qu'elle ne m'aimait pas, et je te confirme qu'elle ne m'aime pas. Elle ne cesse de porter du noir depuis que je suis arrivée en Allemagne, comme si elle était en deuil. Je ne sais pas trop comment je dois le prendre. Elle est tout le temps sur mon dos, elle n'arrête pas de me rabaisser, de me dire que je fais mal les choses. C'est l'Enfer, Pénélope, elle régit ma vie de A à Z. Je suis tellement heureuse d'avoir pu partir quelques jours en Italie, sans l'avoir dans les pattes, ça va nous faire du bien avec Julian.

Son discours est loin de me rassurer, moi qui me fais déjà des films incroyables en envisageant mon futur.

— Et avec Julian, alors, tu l'aimes ?

— Comment veux-tu que j'aime un homme en si peu de temps ? Julian est adorable, mais je n'ai pour l'instant que des sentiments amicaux pour lui. Figure-toi qu'on doit faire chambre à part jusqu'au mariage, qui sera quand même en septembre... donc je ne peux même pas le connaître dans l'intimité. D'ailleurs, les invitations seront bientôt prêtes.