Pansements

Chapitre 9

C'est complètement exténuée que Sakura franchit le seuil de sa porte. Elle se demandait s'il valait vraiment la peine qu'elle pleure à nouveau.
En même temps ce n'est pas tous les jours qu'on assiste à deux amputations tellement urgemment qu'on se passe même du protocole habituel. Sakura eut le cœur brisé quand elle se rendit compte que les deux victimes étaient encore dans la fleur de l'adolescence.
Ceux-ci, oubliés dans les décombres d'un immeuble qui s'était effondré quatre jours plutôt n'avaient jamais été retrouvé par l'équipe de secourisme envoyée sur place.
Ces derniers étant tellement débordés et précipités avaient déjà décomptés une dizaine de morts et une centaine de blessés. S'ils avaient cherché avec dévotion, l'on pouvait justifier leur manquement par le défaut de matériel et l'enfouissement tellement profond des deux jeunes.
Ces derniers qui même si leurs blessures n'avaient pas su avoir raison d'eux auraient quand même pu trépasser du fait du manque d'eau et de nourriture.
L'ennemi inconnu avait visé juste pour faire grand. L'immeuble abritait juste à ses pieds l'un des marchés les plus animés de la zone.

Les deux enfants miraculeusement encore vivants avaient été retrouvés par un vieil homme qui passait par là ,au matin du quatrième jour suivant l'explosion. Le sexagénaire qui à son habitude promenait son chien, avait dû s'arrêter devant l'insistance de l'animal qui s'était agité à l'endroit même où les deux enfants étaient ensevelis sous les débris. Le cabot refusant obstinément de bouger, grognait et reniflait à plusieurs reprises l'endroit, chose qui avait fini par alerter des gens ayant compris qu'il y'avait bel et bien quelque chose à voir en dessous.

Sakura avait une fois de plus frémit quand une fois le verdict des amputations tombé, un médecin lui avait tendu un appareil coupant qu'elle n'avait pris. Devant le teint livide de la nouvelle médecin, le chirurgien avait lui même pris les choses en main comprenant que Sakura n'y parviendrait jamais, du moins pas dans les délais escomptés. Elle avait été déplacé à des blessures pas moins graves mais qui au moins ne nécessitaient pas de coupe. Ses trois pauses de la journée quant à elle, elle les avait passé à vomir le contenu de son estomac. 
Le malheur des deux enfants était sûrement l'infection qu'ils avaient commencé à développer sur les blessures les plus profondes.
Si pour le premier blessé, il fallait immédiatement trancher l'entièreté du bras droit pour freiner la septicémie se muant en toxémie qui aurait eu raison de sa vie, pour le second c'était différent quoique tout aussi morbide.
L'angle improbable que faisait sa cheville rendait tout espoir de guérison vain. Quand bien même ils auraient pu redressé la cheville, l'état actuel des connaissances médicales limitaient leur champ d'action. Il n'y avait hélas aucun procédé pour ressouder l'os qui sans doute ne le ferait pas tout seul. L'idéal était également d'amputer la cheville pour prévenir l'infection qui n'était certes pas alarmante mais qui grandirait certainement étant donné le manque d'alternative.

Sakura se sentait presque idiote. Qu'elle avait été naïve de croire qu'elle aurait su être de marbre face à tout. Elle remettait son existence en question en réalisant qu'elle avait voué sa vie à une vocation qu'elle n'était même pas capable d'exercer pleinement. Elle ne pouvait pas se dire médecin et n'être bonne qu'à prescrire des antalgique et des décongestionnants en période de grand rhume et fuir devant les cas graves. Elle avait toute la journée attendue des reproches qui n'étaient jamais venus. Voilà la l'avantage d'être la fille du chef de la base.

Elle sombrait profondément dans sa mélancolie lorsque quelqu'un s'annonçait. Elle n'avait non seulement pas envie de recevoir et n'était pas sure d'être de bonne compagnie actuellement. Seulement devant l'insistance du visiteur, elle avait du capitulé et se décider à ouvrir.
Paresseusement, elle déverrouilla la porte fortement agacée.

« - Oui ?! »

« - Voila une bien vilaine façon de recevoir des gens. » dit Sasuke Uchiwa avec un vague mouvement de main las.