Je n'aurais pas dû accepter d'aller boire un verre avec Léon Marchand. Si mon père l'apprend, il va se faire des idées.Hier, avec l'euphorie de la course et sa quatrième victoire, il n'était évidemment pas disponible. Une fois que mon père a procédé à la remise des médailles, je l'ai perdu de vue. J'étais de toute façon trop fatiguée, et je suis rapidement rentrée me coucher.
Ce n'est que le lendemain matin, en arrivant au petit déjeuner que Tom, le barman, vient me trouver, un papier dans la main :
— C'est pour vous.
Sourcils froncés, je déplie le papier plié en quatre et lis les mots suivants :
— « Si tu es toujours d'accord pour aller boire un verre à St Denis, voici mon numéro. Je suis dispo à 18h, après l'entraînement. Tu peux m'envoyer un message pour confirmer. »
My God ! Dites-moi que je rêve ?
— Est-ce que c'est bien ce que je crois ? demande Tom.
— Absolument pas.
Il me lance une moue sceptique, amusé.
— En tout cas, il avait l'air très intéressé.
— Ouais, c'est quelqu'un de gentil.
Et c'est sûrement juste ça. Il est gentil, poli, on a bien échangé et comme il se la joue gentleman qui tient ses promesses, il m'invite au village olympique. C'est juste ça. Il en a peut-être aussi marre de parler tout le temps de natation et a sûrement envie de discuter d'autres choses.
Voilà. C'est pour ça, je ne vois pas d'autres possibilités.
Je m'installe au petit déjeuner, déguste mon thé et mes tartines de beurre - la baguette fait fureur chez les sportifs étrangers - et me décide enfin à écrire à Léon à 8h30.
Apolline :
D'accord pour 18h.
On se rejoint là-bas ?
Tente seconde plus tard, mon portable vibre. Il n'a pas perdu de temps. Ne devrait-il pas être en train de s'entraîner à cette heure-ci ? Remarque, je ferai bien de me dépêcher de mon côté si je ne veux pas être en retard pour mon service.
Léon :
Oui, parfait.
Je prendrai un taxi.
J'imagine, oui.
Nouvelle vibration.
Léon :
Tu veux qu'on y aille ensemble ?
Apolline :
Ça me parait plus prudent. Un toulousain à Paris, ça se perd vite.
Léon :
Tu es donc parisienne ?
Apolline :
Hélas.
Et au fait : on dit pain au chocolat ici.
Je dis ça au cas où.
Léon :
Au cas où je te lance dans un débat ?
À Toulouse on dit chocolatine.
Apolline :
Je sais, c'est pour ça que je restaure la vérité.
Léon :
Pfffff
Bon c'est OK pour le taxi alors ?
Apolline :
C'est toi qui paie ?
Léon :
La fédération :p
Apolline :
Tu veux dire les impôts des français ?
Léon :
Ou ton père ? Après tout, il préside le comité.
Et merde ! J'avais oublié qu'il m'avait vu avec l'autre soir. Tant pis pour l'anonymat.
Apolline :
A ce propos, évitons d'ébruiter le sujet
Léon :
Je n'en avais pas l'intention.
Mais t'aurais pu me le dire.
Apolline :
Ça aurait changé quelque chose ?
Des petites bulles s'affichent puis disparaissent. Il semble réfléchir pendant que je me ronge les ongles.
Léon :
Non, tu as raison.
Désolé, je dois aller à l'entraînement.
On se dit à ce soir ? 17h30 devant la piscine ?
Apolline :
OK.
À ce soir, champion.
Léon :
À ce soir, Miss Océan.
La conversation finit ainsi et me laisse perplexe.
Miss océan ? C'est quoi ça encore ? Suis-je censée comprendre quelque chose par la ?
— Alors ? Vous lui avez écrit ?
— Tom, on vous a déjà dit que la curiosité est un vilain défaut ?
— Tout le temps.
Tom débarrasse mon plateau et je soupire.
Puis je me mets à sourire, presque malgré moi.
En fin de journée, je vais prendre un verre au village olympique avec Léon Marchand. Et même si j'aimerais prétendre le contraire, ça me fait vraiment trop plaisir ❤️
VOUS LISEZ
Le rêve olympique : Léon Marchand & la bénévole
RomanceApolline est bénévole sur les jeux olympiques de Paris quand elle fait la connaissance de Léon Marchand, juste avant qu'il ne concoure pour le 400m 4 nages. De compétition en compétition, la jeune bénévole et le nageur le plus prometteur de sa génér...