Comme convenu, je retrouve Léon devant la piscine Olympique, à La Défense, vers 17h30. En me voyant, il vient me faire la bise et je sens mes joues s'échauffer. Le taxi arrive rapidement et nous nous engouffrons à l'intérieur sans que je ne puisse m'empêcher de noter que plusieurs journalistes et spectateurs, postés devant l'Arena, nous ont pointé du doigt :
— On nous a vu, indiqué-je alors que la voiture démarre.
— Si quelqu'un pose une question, je dirai qu'une garde du corps m'escorte jusqu'au village, répond Léon en souriant. Maintenant que je suis célèbre, je vais peut-être en avoir besoin.
Je lève les yeux au ciel. Qu'est-ce qu'il ne faut pas entendre !? Le pire, c'est qu'il n'a sûrement pas tort. Il pourrait bien en avoir besoin à terme, vu son succès actuel.
— Je suis bénévole, pas garde du corps.
— Dommage.
Est ce qu'il est sérieux ?
Le reste du trajet se déroule dans le silence, en parti troublé par le bruit des Klaxons parisiens et le paysage qui défile sous nos yeux. Les parisiens n'ont pas cessé de se plaindre de la modification du sens de circulation, des routes barrées ou fermées à cause des jeux. Personnellement, j'apprécie le fait que l'on se déplacer sans des milliers de voitures partout. Je suis pour un Paris sans voiture, avec uniquement des transports en commun (mais je sais que cela ne plaît pas à tout le monde).
Pendant le trajet, j'observe Léon à la dérobée. Il a posé sa tête dans sa paume et somnole. J'imagine combien il doit être fatigué. Il vient de remporter quatre médailles d'or en moins d'une semaine. C'est un véritable exploit. Et il doit encore s'entraîner pour les épreuves en équipe.
— Ça va ? lui demandé-je au bout d'un moment.
Il hoche la tête, mais se met à bailler.
— Je suis crevé, mais oui, ça va. Ça me fait du bien de quitter l'hôtel et l'Arena. J'ai l'impression de vivre dans la piscine en ce moment.
— C'est un peu le cas, non ?
Un sourire de connivence étire nos lèvres.
— Un peu, oui, avoue-t-il.
— Ce n'est pas trop difficile de jongler entre les études et le sport ?
— Disons que j'ai l'habitude, mais cela demande effectivement des sacrifices.
Je me demande s'il fait référence à sa vie personnelle (amicale ? affective ?) ou à autre chose. J'imagine que pour jongler entre le sport, ses études d'informatiques, et une vie sociale, ce n'est pas simple. A-t-il des amis aux États Unis ?
Une petite amie ?
Des questions plein la tête, je laisse le taxi s'arrêter à St Denis et nous sortons après que Leon ait réglé. Il a insisté pour payer, je financerai le retour. Nous entrons dans le village, l'un à côté de l'autre. L'endroit a été entièrement aménagé pour accueillir les sportifs du monde entier, St Denis a été choisi pour redorer le blason de la commune. Une fois les JO terminés, les logements seront reconvertis en bureaux et habitations. Une belle utopie urbaine, dans un objectif écologique. Les JO subissent suffisamment de critiques, mon père m'a donc expliqué qu'ils avaient été obligés de penser à l'avenir et à la réutilisation des infrastructures ensuite, pour ne pas que tout se retrouve à l'abandon.
— Tu veux aller où ? demandé-je à Léon.
— Je ne sais pas. Tu connais un bar ? Un café ?
— Je connais une bonne boulangerie, lancé-je d'un air amusé. Les touristes raffolent de la baguette.
Heureusement, car apparemment, le réfectoire n'est pas très bon, et beaucoup de sportifs se sont plaint de l'attente excessive sur les réseaux sociaux. Au moins, le pain et les viennoiseries mettent tout le monde d'accord.
— Ici, ça t'irait ? proposé-je en désignant un café.
J'y suis déjà venu avec mon père et mes frères, avant l'ouverture des jeux. Il nous a fait visiter le village, et nous avions bu un verre en terrasse. Léon et moi nous asseyons l'un en face de l'autre, devant une table ronde. Une petite fleur est posée entre nous deux.
Léon ne cesse de jeter des regards sur le côté, il a l'air stressé.
— Tu es sûr que ça va ?
— Oui oui.
Le serveur s'avance pour prendre notre commande. Je demande un jus d'ananas, Léon un verre de Perrier à la menthe. Quand il s'en va, je le vois encore jeter des coups d'œil autour de lui. N'y tenant plus, je lance :
— Tu es vraiment sûr que ça va ?
Il soupire.
— Oui, mais des journalistes viennent de nous prendre en photos. Là.
Du doigt, il me désigne un homme et une femme. Eh merde !
— J'imagine que c'est le prix de la célébrité.
Je fais genre, mais mon cœur se met brusquement à palpiter. Si ce sont vraiment des journalistes et qu'ils publient cette photo, qu'est-ce que les gens vont penser ?
Qu'est-ce que mon père va penser ?
*
Je ne résiste pas à partager une photo de Léon en smoking hier soir pour le pur plaisir (parce qu'il était vraiment canon!!!!!). J'espère que vous avez aimé la cérémonie de clôture !
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Le rêve olympique : Léon Marchand & la bénévole
RomanceApolline est bénévole sur les jeux olympiques de Paris quand elle fait la connaissance de Léon Marchand, juste avant qu'il ne concoure pour le 400m 4 nages. De compétition en compétition, la jeune bénévole et le nageur le plus prometteur de sa génér...