Chapitre 22 - Tout est bien qui finit bien (Apolline)

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         Cette histoire de vidéo nous a pas mal secoué. Mon père est parti avec celui de Léon au commissariat. Pendant ce temps, nous avons décidé d'aller nous enfermer dans la chambre de Léon, avec Olivia, Oscar et Sophie. Nous sommes désormais tous réunis sur son lit, en train de disputer une partie de Monopoly. Ce jeu est très très long. Je ne suis pas une grande fan des jeux de société en général – ils mettent ma patience à rude épreuve -, mais celui-ci est pire.

— J'achète la rue de la paix, déclare Oscar.

— NON ! s'exclame Olivia. Je comptais le faire.

— Trop tard !

Le frère de Léon pose une carte sur la rue la plus chère de la partie. Olivia regarde le plateau d'un air désespéré. Oscar a déjà raflé les meilleurs quartiers, il a posé des maisons sur certaines rues déjà achetées et je suis sûr que d'ici quelques tours, il aura acquis tout le parc immobilier. Je vois déjà la banque route arriver. Aussi, je préfère tout de suite déclarer forfait.

— J'arrête la partie ! Prenez mon argent. Je fais faillite.

Je jette mes billets et pose mes cartes dans les mains d'Oscar.

— Je rêve ? Tu lui donnes tous tes biens ? s'exclame Olivia. Tu sais que tu viens de perdre, là ?

— L'important, c'est de participer ! répliqué-je en lui tirant la langue.

À côté de moi, Léon sourit. Il tient sa main dans la mienne et caresse ma paume depuis une demi-heure. Sa main est toute douce. Quand nos parents sont partis, il était encore très perturbé, mais heureusement, le jeu l'a calmé. Il a retrouvé ce calme que j'admire chez lui et que je lui envie. Je viens lui voler un baiser et m'extirpe du lit. Léon me suit aussitôt.

— Eh ! Où vous allez ? s'écrit Sophie.

— La partie n'est pas terminée, ajoute Olivia.

— Il faut se battre jusqu'au bout ! cri Oscar.

Léon éclate de rire et secoue les cheveux de son frère, avant de faire faillite, lui aussi.

— J'offre mes rues à Olivia.

— Yes ! s'écrie la concernée.

— Faux frère ! hurle-t-il.

Léon attrape sa veste des JO, reprend ma main et nous nous éclipsons dans les couloirs en les laissant terminer la partie. Je sens qu'ils en ont encore pour de longues heures, ce qui nous laisse le temps d'être ensemble. Nous entrons dans l'ascenseur, non sans sourire bêtement au souvenir de notre baiser échangé en secret, au moment où je pensais que Léon était un dangereux psychopathe. Lorsque les portes se referment, il vient chercher mes lèvres et je le laisse me dévorer – métaphoriquement -. Nos langues dansent, heureuse de se retrouver. Nous reprenons contenance en arrivant dans le hall et nous dirigeons vers le bar. Lorsque nous entrons, Tom nous aperçoit et fait de grands signes. Le serveur s'est pris de passion pour notre idylle. Il vient prendre nos commandes et nous ramène deux cocktails fruités, avant de s'éclipser avec un clin d'œil à mon intention. Pendant ce temps, Léon pianote sur son téléphone :

— Mon père vient de m'écrire, m'apprend Léon. La Fédération et la police vont faire en sorte que la fille retire la vidéo.

— Tant mieux.

Cela n'effacera pas ce qu'il s'est passé, mais au moins, ça les fera peut-être réfléchir à l'avenir. Léon a une conférence de presse demain, et il a promis de dire un mot à ce sujet, pour rappeler aux gens que même s'il est désormais une figure publique, il a le droit à sa vie privée, et que les rumeurs sont passibles de condamnations. Surtout si elles risquent de remettre en cause sa carrière.

Et ma vie.

— Je suis quand même désolé pour tout ça.

Léon affiche une mine toute triste et je le rassure d'un sourire. Évidemment, j'aurais préféré que cela n'arrive pas, mais ce n'est pas comme si on ne m'avait pas prévenu. Léon Marchand est la star montante de la natation et la figure de ces jeux olympiques. Olivia et Sophie m'avaient dit que je risquais d'attirer les jalousies, j'aurais dû m'en douter.

— En fait, c'est plutôt gratifiant pour moi, lancé-je, l'air de rien.

— À oui ?

Son sourcil s'arque en circonflexe. Trop mignon.

— Les gens sont suffisamment jaloux pour croire que je t'injecte un filtre d'amour chaque fois que je t'offre une bouteille d'eau. C'est quand même amusant.

— Espèce de sorcière. Tu m'as envoûté, avoue ?

— Une sorcière ne révèle jamais ses secrets.

Je lui fais un clin d'œil, tout en sirotant mon cocktail. Son sourire s'étire, creusant deux fossettes sur ses joues. Ce garçon est trop beau. Mon cœur vibre d'amour pour lui, chaque fois que je le vois, et je me souviens alors que je n'ai pas répondu à sa déclaration.

— Au fait, je voulais te dire...

Je m'arrête, laissant planer le suspense. Léon attend patiemment.

— Oui ? m'encourage-t-il.

— Moi aussi.

— Toi aussi quoi ?

Je lève les yeux au ciel. Il va vraiment me pousser à le dire, cet imbécile heureux. Son sourire s'est encore élargi, je sais qu'il a compris. Je pose mon verre sur la table et me lève, pour aller me pencher à son oreille où je chuchote :

— Je t'aime, champion.

Ses mains s'agrippent à mes hanches. Il me rapproche de lui et je tombe sur ses cuisses. Nous nous embrassons, inconscients des regards posés sur nous, comme deux amoureux trop centrés sur leur bonheur pour voir le reste du monde. Qu'importe les obstacles qui se hisseront entre nous, je suis prête à les traverser. Léon m'a rappelé ce que c'était que d'aimer. Après mon ex, je ne croyais plus vraiment en l'amour, et il est arrivé. Alors même si notre idylle doit élever des jalousies, tant pis.

Parce que la personne dont Léon Marchand est tombé amoureux cet été : c'est moi.

Moi et personne d'autre.

Et qu'on a le droit de s'aimer, peu importe les jalousies.

Le rêve olympique : Léon Marchand & la bénévoleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant