Chapitre 11

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Bonjour et bonne lecture.

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Je me sens vidé, comme si chaque mot a été arraché de mes entrailles.

Le silence qui s'installe entre nous est à la fois pesant et réconfortant. Mes yeux humides sont levés vers lui à la recherche d'une réaction, d'un signe qui me confirmerait que lui confier mes tourments, ou du moins leur source était le bon choix, mais il reste silencieux.

D'un battement de cils, je chasse les larmes qui voilent ma vue. Son expression neutre, presque clinique, accentue mon angoisse. Je n'ose plus dire un mot et me demande encore si j'ai pris la bonne décision. Si, en lui révélant ce qui m'est arrivé, je l'ai poussé à s'éloigner. Je ne peux supporter l'idée qu'il me fuie, qu'il me voie désormais comme un fardeau, obligé de peser chaque mot pour ne pas raviver mes souvenirs douloureux, qu'il surveille mes réactions comme on observe une plaie fragile. Je refuse qu'il me regarde différemment, qu'il me considère comme quelqu'un de fragile.

Je ne le suis pas.

Je ne veux pas qu'il prenne ses distances. Peut-être que ce serait mieux pour moi, compte tenu de ses intentions claires, mais... mon cœur réclame sa présence. Même si cela signifie devoir endurer la douleur de le voir avec d'autres, de le voir se rapprocher d'eux, partager leur lit. Je ne comprends pas pourquoi je m'accroche à lui, mais c'est plus fort que moi, et j'ai peur de sombrer encore davantage s'il choisit de s'éloigner, s'il décide de mettre un terme à ce que nous avons... Ou plutôt, à ce que nous n'avons pas, puisqu'il n'y a rien.

Mais même en l'absence de quelque chose de concret, je m'accroche désespérément à ce vide. Peut-être... parce qu'au fond, je sais que je ne mérite rien. Un type capable de faire quelque chose d'aussi ignoble que coucher avec le frère de sa copine, même s'il a été manipulé, ne mérite ni amour, ni respect.

Pas la moindre vraie considération.

Je crois...

Le temps passe, quand soudain, il ajuste sa position pour rompre son immobilité.

— Je comprends mieux maintenant, dit-il d'une voix calme et mesurée.

L'intensité de son regard me fait perdre pied alors que je suis confortablement installé sur le canapé. Je déteste me sentir autant vulnérable. Que ce moment passe. Et que ça passe vite. De plus je perçois quelque chose de distant en lui, comme s'il se plaçait volontairement à une certaine distance émotionnelle. Sa réaction est bien différente de celle de Yoongi quand il a appris la vérité, et encore moins comparable à celle d'Hoseok quand il a surpris Félix me forcer et me frapper dans les toilettes du campus. Ses pensées me sont complètement impénétrables.

Mon trouble grandit, si visible qu'il semble l'avoir remarqué, car son expression change légèrement. Il se penche en avant, ses coudes appuyés sur ses genoux. Il adopte une posture à la fois attentive, étrangement détachée, et a le même sérieux qu'il avait après ma crise d'angoisse sur la plage.

Il ne manque plus que le carnet, et je suis bon pour être un patient de l'asile. Je ne montre pas mon agacement face à cette pensée pour ne pas lui donner d'autres raisons de me percevoir comme un... bref.

— Jimin...

— ce que tu as vécu est extrêmement difficile. Il est normal que tu te sentes perdu, en proie à de la colère et que tu te poses des questions sur ce qui s'est passé.

— Ce n'était pas de ta faute.

Chaque phrase qu'il prononce est ponctuée d'un long silence, comme s'il cherchait avec soin les mots les plus juste.

 ࣪𖤐𝐂𝐎𝐋𝐎𝐍𝚰𝐀⁷Où les histoires vivent. Découvrez maintenant