Réincarnation || Ryomen Sukuna

14 - Un fragment du passé

— Pourquoi tu te caches ? Demanda la voix enfantine de la petite fille à la chevelure brune.

Le garçon à qui elle s'adressait le regardait d'un air confus, observant celle-ci lui sourire en cueillant les fleurs blanches qui parsemaient le sol verdâtre de ce mois d'été. Les rayons du soleil s'abattaient sur la peau pâle de la petite fille, tournant légèrement aux rouges dû à la chaleur, mais la brise gardait un semblant de fraîcheur.

— Je ne me cache pas, je suis juste en face de toi.

— Je te parle de tes deux autres bras. Tu les caches en dessous de ton kimono, pourquoi ?

Le jeune garçon aux cheveux rosés afficha un visage surpris, étonné que la brune ait compris pour sa paire de bras secondaires. C'était quelque chose dont il avait l'habitude de ne pas montrer, ça effrayait toujours les autres et ses parents l'avaient rejeté à cause de ça. Ça plus son double visage, ça n'aidait pas...

Plus les jours passaient, plus il s'en fichait des regards à son égard, mais il ne voulait pas que Yielhi ait peur de lui. Il s'entendait bien avec elle, elle ne jugeait pas son visage et elle lui montrait de la gentillesse.

— Tu sais toujours tout... Souffla l'enfant avant de regarder avec hésitation Yielhi. Tu vas pas avoir peur si je te les montre ?

— Pourquoi j'aurais peur ? Allez, montre-les moi !

Le sourire que lui montrait Yielhi lui donnait du courage et alors, il oublia son hésitation et défit son kimono, révélant son torse et notamment les deux bras qu'il gardait cachés tout ce temps.

Stupéfaite, la brune s'est approchée de Sukuna pour toucher sa paire de bras inférieurs en souriant. Elle était heureuse que Sukuna se montre à elle et excitée à l'idée de découvrir quelqu'un avec quatre bras.

— C'est incroyable... Sourit la brune à pleines dents. Tu me portes ?

Sukuna resta quelques secondes interdit, prenant en compte que Yielhi, n'avait jamais eu peur de lui mais qu'elle l'aimait juste. Elle l'aimait... Et dire que Sukuna n'avait jamais goûté à ce sentiment avant de rencontrer Yielhi alors que tout le monde est censé pouvoir y goûter dès son plus jeune âge.

Il avait du attendre 9 ans de sa vie, à grandir sans l'amour de qui que ce soit.

Sans plus attendre, le rosé avait pris dans ses bras la brune, la portant de ses quatre bras alors que celle-ci rigolait, heureuse d'être portée par Sukuna.

— Suku, ne te caches jamais, tu es parfait comme tu es. Tu ne devrais pas t'inquiéter de ceux qui te jugent, ce ne sont que des faibles qui ont peur d'un rien.

Des faibles qui ont peur d'un rien... Oui, c'est ce qu'ils étaient pour avoir peur de la simple apparence d'un petit garçon comme Sukuna, une bande de faibles, et de lâches.

Sukuna n'avait plus jamais caché ses bras à partir de ce jour-là, à qui que ce soit, et il s'en fichait du regard des autres. Il n'était pas un monstre, il n'était pas effrayant, il était parfait. Parfait aux yeux de la fille qui lui avait montré ce que amour et affection voulaient dire.

— Pourquoi tu passes ton temps à cueillir des fleurs ? Demanda le rosé en observant la brune.

— J'ai rien d'autre à faire. Répondit celle-ci en haussant les épaules. Tu fais quoi de tes journées toi ?

— Je m'entraîne.

Yielhi s'arrêta de cueillir les fleurs qu'elle trouvait dans la forêt pour regarder Sukuna d'un air curieux avant de s'approcher de lui.

— Tu t'entraînes à devenir un ninja ?

— Non, à devenir assez fort pour te protéger.

— Me protéger ? J'ai pas besoin qu'on me protège, je sais me défendre ! Exclama la brune d'un air mécontent.

— T'arrives même pas à marcher sur une ligne droite sans tomber. Rétorqua le fléau en croisant ses bras.

Yielhi a simplement haussé les épaules, ne voulant pas avouer qu'effectivement, Sukuna avait raison.

Sukuna avait toujours veillé à sa sécurité, à vrai dire. Depuis qu'ils s'étaient rencontrés, Sukuna faisait toujours attention à elle, peut-être tout simplement car elle comptait à ses yeux et qu'elle était sa source de bonheur.

Yielhi l'avait bien compris, mais elle ne voulait pas que quelqu'un s'efforce à s'entraîner pour la protéger.

— Tu sais, je suis sûre que un jour, je deviendrais super forte ! Et je te battrai.

— Apprends déjà à marcher correctement.

Boudant légèrement, la brune se remit à cueillir ses fleurs en ignorant les mots de Sukuna.

Elle se sentait heureuse d'avoir développé cette relation avec Sukuna. Elle était comme lui, elle n'avait personne, seulement lui. Ils étaient deux âmes destinées à se trouver et à rester ensemble, un fil rouge les reliait depuis leurs naissances.

Le roi des fléaux et la manipulatrice du temps.

— Pourquoi a-t-il fallu que tu meurs ?

Les larmes coulent sur ses joues, Sukuna portait dans ses bras la femme qu'il aimait en marchant dans la forêt, se sentant vide de l'intérieur. La fille qu'il avait promis de protéger depuis son enfance était décédée. L'amour et le destin étaient cruels...

L'amour était un sentiment tellement beau, mais tellement brisant quand celui-ci tombait à l'eau, surtout quand la personne qu'on aime meurt.

La personne qu'on aimait et qui nous rendait heureux. Sukuna l'avait perdu et il ne pouvait s'arrêter de pleurer. Il s'était promis de ne jamais verser une larme pour qui que ce soit, personne ne méritait qu'il gaspille ses larmes. Et pourtant, Yielhi le méritait.

Yielhi était la plus belle chose qui lui soit arrivée et il l'avait perdue.