### Chapitre 14
**Émilie**
Dix jours s’étaient écoulés depuis ce moment que je préférais ne plus évoquer. Dix jours où j’avais tenté de tout remettre en ordre dans ma vie. J’avais officiellement démissionné de mon poste de pâtissière pour le prince. J’avais aussi terminé mes articles sur nos aventures, des textes soigneusement rédigés, cliniquement professionnels. Je m’étais efforcée de garder mes émotions à distance, comme si écrire pouvait être une thérapie, un moyen de me convaincre que rien de tout cela n’avait vraiment compté.
Mais au fond de moi, je savais que c’était faux. La douleur d’avoir dû quitter ce que nous avions commencé à construire ensemble me rongeait. Chaque ligne, chaque mot que j’écrivais était une tentative désespérée de réprimer des sentiments que je refusais d’admettre.
**Émilie**
Je me tenais devant le miroir, ajustant une mèche rebelle de mes cheveux, prête à affronter une nouvelle journée sans lui. La décision était prise. Il n’y avait pas de place pour un prince dans ma vie, et il n’y avait certainement pas de place pour une roturière dans la sienne. Je devais l’oublier, l’effacer de mon esprit. Une tâche bien plus facile à dire qu’à faire.
J'essayais de me convaincre que c’était mieux ainsi. Après tout, il n’y avait pas de futur pour nous deux. Mais chaque fois que je fermais les yeux, je revoyais son regard, ses lèvres frôlant les miennes, ce moment volé entre nous qui ne cessait de me hanter.
**Claire**
Je connaissais Émilie depuis toujours, et il y avait peu de choses qu’elle pouvait me cacher. Pourtant, cette fois-ci, elle essayait. Mais les signes étaient là, bien visibles pour quiconque savait où chercher : le regard absent, les sourires forcés, la manière dont elle évitait soigneusement de parler de lui.
"Alors, tu comptes vraiment laisser tomber comme ça ?" lui demandai-je en la regardant droit dans les yeux.
Émilie détourna le regard, comme si mes mots l’avaient piquée là où ça faisait mal. Je soupirai, me penchant en avant sur la table de la cuisine.
"Écoute, je sais que tu essaies de passer à autre chose, mais ce n’est pas comme ça que ça marche. Tu es amoureuse de lui, Émilie. Et je pense qu’il est temps que tu l’admettes, au moins à toi-même."
**Émilie**
Je sentis mes joues s’empourprer. Je détestais à quel point Claire pouvait lire en moi comme dans un livre ouvert. Je n’étais pas prête à lui avouer la vérité, surtout parce que je n’étais même pas sûre de vouloir l’admettre à moi-même.
"Tu te trompes, Claire," protestai-je faiblement. "C’est terminé. J’ai pris ma décision, et elle est définitive."
Claire leva un sourcil sceptique. "Émilie, tu peux essayer de me mentir, mais tu ne peux pas te mentir à toi-même. Tu n’as pas oublié Éric, et tu ne l’oublieras pas en fuyant comme ça."
Ses paroles m’atteignirent de plein fouet, et je sentis une vague d’émotion monter en moi. J’étais sur le point de céder, de tout lui avouer, mais je me retins. Si j’ouvrais cette porte, je risquais de m’y perdre à jamais.
"Je ne suis pas faite pour sa vie," murmurai-je, plus pour moi-même que pour Claire. "Je ne suis qu’une pâtissière. Lui, c’est un prince. Il mérite mieux."
**Claire**
Je secouai la tête, exaspérée par l’obstination d’Émilie. "Et si ce que lui mérite, c’est toi ? Tu n’as jamais pensé à ça ? Peut-être que ce n’est pas une question de rang, mais de sentiments. Et tu les as, ces sentiments, que tu le veuilles ou non."
Émilie ne répondit pas, mais je vis l’ombre de doute passer dans ses yeux. C’était peut-être le début d’une prise de conscience, celle qu’elle évitait soigneusement depuis des jours.
**Émilie**
Les mots de Claire restèrent suspendus dans l’air, refusant de se dissiper. Elle avait raison, bien sûr. J’avais tenté de fuir mes sentiments, de les enterrer sous des couches de raison et de logique. Mais ils étaient toujours là, prêts à remonter à la surface à la moindre provocation.
Je devais faire un choix. Un choix qui déterminerait non seulement mon avenir, mais aussi celui d’Éric. Mais pour l’instant, je n’étais pas prête à l’affronter.
Pas encore.
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Ce chapitre met en lumière le conflit interne d’Émilie alors qu’elle tente de se convaincre d’oublier Éric, tout en introduisant Claire comme la voix de la raison, celle qui pousse Émilie à faire face à ses véritables sentiments.
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Coup de foudre à Paris
RomanceJe m'appelle Émilie, pâtissière à Paris, et ma vie a basculé le jour où le prince Éric d'Angleterre a franchi la porte de ma pâtisserie. Ce que je prenais initialement pour de l'arrogance et de l'égocentrisme chez lui s'est révélé être une façade po...