Entre deux partis

Vegas

La réalité finit par nous rattraper. Après deux semaines passées dans une bulle de réconfort et d'amour, Jordan dut finalement reprendre ses fonctions au Parlement européen. Je le regardai préparer sa valise, chaque geste accentuant l'imminence de la séparation. Nous savions tous deux que cette pause dans le tumulte de nos vies ne pouvait durer éternellement, mais cela n'atténuait en rien la douleur de voir cette période si précieuse prendre fin.

« - Je te promets que ce n'est qu'une question de jours, » me dit-il en refermant sa valise, ses yeux plongés dans les miens. « - Dès que je termine mes obligations là-bas, je te rejoins. »

J'acquiesçai en silence, me forçant à sourire. Il vint près de moi, déposant un baiser tendre sur mes lèvres.

« - Nous allons traverser ça ensemble, Elena. Peu importe la distance, peu importe ce que cela nous coûtera, je suis à toi. »

Je hochai la tête, les larmes me piquant les yeux. Les adieux furent doux, pleins de promesses, et je le regardai partir, mon cœur partagé entre la tristesse de sa séparation et l'espoir de nos retrouvailles.

***

Quelques jours après son départ, j'étais de retour à Matignon. Les couloirs du pouvoir avaient retrouvé leur effervescence habituelle, les dossiers s'empilaient sur mon bureau, et le flot incessant des réunions reprenait son cours. Pourtant, je n'avais pas totalement réintégré cette vie qui avait été la mienne avant l'accident. Une partie de moi était restée avec Jordan, dans ce cocon de paix que nous avions partagé. Mais le monde continuait de tourner, et je n'avais pas le choix que de reprendre les rênes.

Une semaine plus tard, une invitation exceptionnelle nous parvint. Un puissant chef d'entreprise du CAC 40 organisait l'inauguration d'un hôtel somptueux à Las Vegas, un événement mondain qui rassemblerait l'élite du monde politique et économique. Jordan et moi étions tous deux conviés. L'idée de nous retrouver dans un cadre aussi extravagant me réjouit, mais aussi m'inquiéta. Notre relation étant toujours secrète, il nous faudrait redoubler de prudence. Jordan exultait à l'idée de ce voyage.

Le jour de l'inauguration, je quittai Paris pour rejoindre Vegas. L'hôtel était à la hauteur de sa réputation, une véritable merveille d'architecture, un écrin de luxe où chaque détail avait été pensé pour éblouir. Alors que j'arrivais à la réception, je croisais Monsieur RN en compagnie de Florian Philippot et Jean-Philippe Tanguy. Il avait déjà une coupe de champagne à la main. Nos regards se croisèrent une demi seconde, et je prenais l'ascenseur pour rejoindre ma chambre.

La chambre était sublime, le lit géant, et ma valise déjà la. Je prenais une douche et revêtais une robe de cocktail bleue foncée, hornées de détails dorés au niveau du décolleté et de la fin du dos nus. Je coiffais mes cheveux que j'avais préalablement lisser et les laisser retomber dans mon dos. Au moment de sortir de ma chambre pour rejoindre la salle de réception, je reçu un message.

Jordan : Je n'arrive pas à me débarrasser de Florian et J-P. On ce retrouve ce se retrouve après le dîner.

Je descendais à la réception. La soirée battait son plein dans un décor fastueux, où les invités de marque se pressaient, savourant champagne et petits fours sous les lustres scintillants. Jordan et moi avions décidé de jouer la carte de la discrétion, évitant de nous afficher ensemble, mais les regards que nous échangions en disaient long. Alors que je discutais avec une jeune journaliste américaine, un manège peu plaisant se mit en place sous mes yeux. Tanguy avait ramener deux jeunes filles à la table qu'il partageait avec Jordan et Florian. L'une d'elle avait pris place à côté de Jordan et semblait le draguer ouvertement. Lui avait l'air gêné, son visage était devenu rouge tomate. Il tourna la tête dans ma direction et je lui fusillais du regard. Il détourna le regard et se dirigea vers le bar et je fis de même. Accoudés côte à côte, nous échangions discrètement.