Orage

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La pluie tombait drue sur les vitres de la voiture, dessinant des traînées floues sur le paysage parisien. À côté de moi, Jordan raccrochait un énième coup de fil, l'air crispé. Je sentais la tension dans ses gestes, dans sa mâchoire serrée. Chaque vibration de son téléphone semblait être une piqûre de rappel que quelque chose de grave s'était produit. Il venait de terminer une conversation avec son équipe parlementaire, et je pouvais deviner à son expression qu'il ne trouvait toujours pas de réponses satisfaisantes.

«— On y est presque, dit Youness, concentré sur la route, les mains fermement agrippées au volant.»

«— Ouais, répondit Jordan sans vraiment prêter attention, absorbé par ses pensées.»

Moi, je fixais distraitement la pluie qui s'écrasait sur les fenêtres. Je ne pouvais m'empêcher de me demander qui, dans notre équipe, avait pu être assez imprudent – ou assez vicieux – pour laisser filtrer des informations aussi sensibles. Aujourd'hui c'était ça, demain, qu'est ce que ça serrait ? La confiance au sein de notre groupe était primordiale, et la simple idée qu'un traître puisse se cacher parmi nous me donnait des frissons.

Nous arrivâmes finalement devant le QG de NDNG. Aujourd'hui, nous étions là pour comprendre ce qui avait merdé. Et surtout qui.

Youness se gara, et sans un mot, nous sortîmes tous de la voiture. L'air était humide et froid, et je frissonnai en remontant le col de mon manteau. Jordan marchait devant moi, d'un pas rapide et déterminé. Je le suivis sans un mot, bien trop absorbée par mes propres pensées.

À l'intérieur, Laurie et William étaient déjà là, assis à la grande table ovale qui dominait la salle de réunion. Gabriel Attal, était debout près de la fenêtre, en pleine conversation avec Clara. Dès notre entrée, tous les regards se tournèrent vers nous. Le silence tomba, lourd et pesant.

«— Bonsoir, lança Jordan en prenant immédiatement les choses en main. On va pas y aller par quatre chemins, ok ? Quelqu'un a parlé, et on doit savoir qui.»

Il s'installa à la tête de la table, enfonçant ses coudes dans le bois sombre. Tout le monde était tendu, on le sentait. Laurie évitait de me regarder, William se frottait nerveusement la nuque, et même Gabriel semblait moins sûr de lui que d'habitude. Seule Clara, assise avec un air calme et distant, semblait impassible.

Jordan attaqua directement, sans détour.

«— William, t'as eu des contacts avec qui récemment ?»

William, toujours en train de se triturer nerveusement les mains, redressa la tête. Il détestait être mis sur le grill de cette manière.

«— Personne en dehors des contacts habituels de la com', je te le jure. Je suis clean, Jordan. Je fais gaffe à ce que je dis, toujours. Surtout que c'est moi qui devait gérer l'annonce. »

Jordan hocha la tête, mais je sentais qu'il restait insatisfait de cette réponse. Il se tourna ensuite vers Laurie.

«— Et toi, Laurie ? T'as peut-être eu des échanges avec quelqu'un, même par inadvertance ?»

Laurie roula légèrement les yeux, mais sa réponse fut ferme.

«— Ces derniers temps, ma vie sociale se résume à vous. Y a aucune chance que ce soit moi. Jamais je ne trahirais l'équipe, et encore moins Elena.»

Je sentis un petit poids se lever de ma poitrine. Laurie était ma meilleure amie, mon soutien indéfectible depuis des années. Je savais que je pouvais compter sur elle, et je ne supportais pas l'idée que quiconque puisse remettre cela en question.

Entre deux partisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant