Amalfi

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POV Jordan

Les mots d'Elena résonnaient encore dans ma tête alors que je fixais le plafond de notre chambre. Créer mon propre parti. L'idée était ambitieuse, peut-être même présomptueuse, et pourtant... elle m'intriguait. Mais c'était aussi une énorme prise de risque. Créer un parti politique de toutes pièces, convaincre les électeurs, trouver des alliés... Tout cela demandait une énergie que je n'étais pas certain d'avoir après les épreuves de ces derniers mois. Le RN, malgré tout, restait un poids lourd de la scène politique. Une partie de moi pensait qu'il serait plus simple de rejoindre les Républicains, là où je pourrais trouver un réseau déjà en place. Mais une autre partie, plus fière, voulait prouver que je pouvais réussir sans dépendre des autres.

Elena sentit mes hésitations et n'insista pas. Elle savait qu'il fallait me laisser le temps d'y réfléchir. Les jours passèrent, et entre les soirées avec la famille d'Elena, les sorties shopping et les journées farniente, l'idée s'immisçait lentement dans mon esprit. Je me surprenais à faire des plans, à envisager des stratégies, à penser aux alliances possibles. Peut-être avais-je encore une carte à jouer...

Notre séjour à Vias touchait à sa fin, et nous avions prévu de partir pour la côte amalfitaine, dans la maison de famille que mon père possède là-bas. C'était un endroit magnifique, et surtout, un lieu qui m'avait toujours permis de faire le point. L'Italie avait ce pouvoir de me ressourcer, et j'espérais y trouver les réponses que je cherchais.

Lorsque nous arrivâmes à Amalfi, la beauté du paysage n'eut pas le temps de me calmer. L'excitation initiale d'Elena à l'idée de découvrir mon monde contrastait avec la tension qui s'installait en moi. Dès que nous franchîmes la porte de la maison familiale, l'accueil fut... mitigé.

Mon père, Olivier, nous attendait sur la terrasse, un verre de limoncello à la main. Il m'offrit une accolade rapide, mais quand vint le tour d'Elena, son attitude changea. Son sourire s'évanouit presque imperceptiblement, et il la salua d'un simple hochement de tête, froid et distant.

« - Elena. »

« - Bonjour, Olivier, » répondit-elle avec une courtoisie teintée de surprise.

Un silence gênant s'installa, mais Marie, ma cousine, débarqua comme un tourbillon pour l'interrompre, serrant Elena dans ses bras avec son énergie habituelle.

« - Ma belle ! Ça fait trop longtemps, tu es resplendissante ! »

Je vis le soulagement passer dans les yeux d'Elena. La tension se dissipa un peu grâce à l'enthousiasme de Marie, qui nous emmena tous les deux à l'intérieur pour retrouver les autres.

À table, la bonne humeur régnait. Kevin et Enzo, mes cousins, lançaient des blagues en continu. Ils venaient de terminer une partie de cartes et Enzo, habituellement incroyablement fort, se lamentait d'avoir perdu.

« - C'est pas possible, Kevin triche, je le dis depuis toujours !! »

« - Mais bien sûr, c'est juste que t'es claqué au sol, c'est tout, » répondit Kevin en riant.

On se mit tous à rire, l'atmosphère se détendait doucement. Elena participa à la conversation, riant avec Marie des souvenirs d'enfance que cette dernière racontait. Tout semblait bien se passer jusqu'au moment du dîner.

Le repas était typiquement italien, avec des plats qui semblaient sortis d'un magazine culinaire : pâtes fraîches, fruits de mer, le tout accompagné de bouteilles de vin généreusement servies. Cependant, je ne pouvais ignorer les regards lourds de mon père qui se posaient sur Elena de temps en temps, comme s'il cherchait quelque chose à lui reprocher.

Entre deux partisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant