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Pov Jordan :

Ce soir là quand je posais mes pieds sur le territoire français, un sentiment d'appréhension m'envahissait. Quel serait l'accueil que je recevrais le lendemain matin au QG ? Je recevais des appels manqués d'Elena. La pauvre avait du avoir une journée compliquée. Tout en regardant mon téléphone je me dirigeai vers ma voiture qui devait me ramener chez moi. Soudain, quand les portes de l'aéroport s'ouvrir, je fus surpris par des flashs et des journalistes qui me barraient le passage. La sécurité s'avança devant moi pour que je puisse me frayer un chemin. Je pouvais entendre parmi la multitude de questions :

« - Monsieur Bardella, quel est la nature de votre relation avec la Première Ministre ? »

« - Jordan, rentrez vous à Matignon rejoindre Elena Lopez ? »

Tout en gardant le silence j'ouvrais la portière et m'engouffrais dans le véhicule, qui démarra en trombes. J'appelais Elena en FaceTime. Elle répondait presque instantanément.

« - Je viens de me faire attaquer par des journalistes. C'était de la folie ! »

« - Ils m'ont poursuivie toute la journée a moi aussi... Jordan, Melenchon veut que je présente ma démission... »

Je marquais un temps d'arrêt. J'étais profondément désolé pour elle. Je pouvais lire la déception sur son visage.

« - On ce doutait qu'il n'apprécierait pas... Tu vas le faire ? »

« - Macron me soutien. Pour l'instant je ne vais rien faire de plus que mon travail habituel. LFI me tournera le dos, mais avec la campagne prochaine, ils passeront sûrement à autre chose rapidement, du moins j'espère. »

« - Tu as raison. S'ils veulent une chance au présidentielles, je penses qu'ils n'auront pas d'intérêt à se focaliser sur toi. Tu n'as pas fais de déclaration à notre sujet ? »

« - Bien sur que non, ne t'en fais pas... »

« - Je ne suis pas inquiet. Tu aurais simplement pu leur dire a quel point tu étais chanceuse de m'avoir dans ta vie et dans ton lit, ça pourrait être bon pour ma campagne à moi... »

Elle éclata de rire. Je savais qu'elle en avait besoin a ce moment là. Au vu des circonstances, il fallait que je lui apporte un peu de légèreté.

« - Tu n'as pas peur que mes admirateurs s'en prennent à toi maintenant ? »

Les admirateurs... Le bureau de Matignon recevait régulièrement une multitude de courrier romantique à son attention. Une nuit, alors que nous étions au téléphone, elle m'en avait lu une partie. Le contenus des lettres était à la fois mignon et effrayant, passant du poème à l'eau de rose, à la déclaration passionnelle. Je recevais le même type de courrier, mais Juliette, la secrétaire en charges des correspondances les filtraient habilement.

« - Des gauchos frustrés qui s'en prennent à moi, c'est le fardeau que je portes depuis que je suis rentré en politique, alors un de plus, un de moins... »

Elle me réprimanda de son regard, mais son sourire ne disparu pas. La conversation se poursuivit jusqu'à mon arrivée chez moi, plus légère et plus douce que lorsqu'elle avait commencé. Je raccrochais en lui promettant de la rappeler le lendemain matin après être passé au bureau. En descendant je trouvais 3 journalistes qui visiblement avait attendus là des heures, visiblement fatigués.

« - Vous êtes venus jusqu'ici ? Vous faites une chasse au sorcières ? »

Je ne leur laissais pas le temps de répondre et rentrais chez moi en prenant soin de refermer la porte de l'immeuble.
En me couchant ce soir-là, je ne pouvais m'empêcher de scroller sur mon téléphone, consultant les articles qui avaient émergé après mon retour en France. Les médias avaient flairé le scandale et s'en donnaient à cœur joie. Les gros titres étaient tapageurs et n'avaient aucune retenue :

« Première Ministre ou Femme Fatale ? Elena Lopez au Cœur d'un Scandale Romantique avec le Leader du RN »

« Amour Interdit : Quand la Première Ministre LFI et le Président du RN S'aiment en Secret »

« Vegas, Amour et Politique : Le Couple Improbable Qui Secoue Matignon et le RN »

Les photos de notre escapade à Las Vegas avaient fait le tour du web. On nous voyait riant ensemble dans une boîte de nuit, échangeant des regards complices. Les spéculations allaient bon train : certains tabloïds suggéraient une romance passionnée, d'autres y voyaient une alliance cachée pour semer la discorde au sein des partis. Mais la majorité des critiques visaient Elena, insinuant qu'elle mêlait vie privée et responsabilités politiques d'une manière irresponsable. Tout cela me révoltait, mais je savais que réagir ne ferait qu'alimenter davantage le feu.

Le lendemain matin, lorsque j'arrivai au QG du RN, à ma grande surprise, je fus accueilli comme un héros. Dès que je franchis la porte, les visages se tournèrent vers moi avec des sourires approbateurs et des regards complices. Plusieurs collègues vinrent me féliciter.

« - Eh bien, Jordan, tu fais fort cette fois ! Tu te tape Lopez et LFI dans une position délicate, c'est du bon travail, » lança Louis Alliot avec un sourire en coin.

François Filoni ajouta, moqueur :

« - Ils doivent regretter de t'avoir laissé t'approcher d'elle. Tu es en train de déstabiliser toute leur stratégie. »

Je répondis par des sourires polis, mais au fond de moi, je savais que ce n'était pas la victoire qu'ils imaginaient. Si cette situation affaiblissait LFI, c'était plus un effet secondaire malheureux qu'un but délibéré de ma part.

Jean-Philippe Tanguy, qui observait la scène de loin, s'approcha ensuite, un air légèrement amer sur le visage.

« - Ils ne se rendent pas compte... T'as fais n'importe quoi...»

Je répondis en riant, mais je sentais la jalousie dans son ton. Tanguy n'était pas du genre à apprécier de rester dans l'ombre. Mais je n'avais pas le temps pour ses piques. Je devais parler à Marine.

Je trouvai Marine Le Pen dans son bureau, en pleine lecture des derniers rapports. Elle leva les yeux en me voyant entrer, un sourire entendu aux lèvres.

« - Alors, Jordan, tu es devenu l'homme dont tout le monde parle, » dit-elle en fermant son dossier. « Je suppose que tu es satisfait de la manière dont les choses tournent ? »

Je pris une chaise face à elle, en secouant légèrement la tête.

« - Ce n'est pas aussi simple, Marine. Je n'ai jamais voulu que ça prenne cette tournure. Je ne fais pas ça pour mettre Elena mal à l'aise ou pour déstabiliser son parti. La vérité, c'est que... je l'aime sincèrement. »

Marine resta silencieuse un moment, étudiant mon visage comme pour jauger la sincérité de mes paroles. Son expression devint plus sérieuse.

« - Je peux l'entendre, Jordan. Mais tu sais aussi bien que moi que les sentiments n'ont pas leur place en politique, du moins pas au premier plan. Ce qui compte, ce sont les apparences, l'image publique. Si cette situation peut servir nos intérêts, tant mieux. Mais tu dois garder à l'esprit que rien de tout cela ne doit interférer avec notre objectif principal : gagner les prochaines élections. S'il faut passer par la décrédibilisation de Lopez et tout LFI...»

Je soutins son regard et la coupait.

« - Je ne compte pas attaquer Elena. Je ne veux pas contribuer à cette campagne de lynchage médiatique contre elle. Elle mérite mieux que ça. »

Marine hocha la tête, l'air pensif.

« - C'est ta décision. Mais sache que la moindre faiblesse perçue sera exploitée, et pas seulement par nos adversaires. Sois prudent, Jordan. Dans ce jeu, les sentiments sont des armes à double tranchant. »

Je la remerciai pour son conseil et sortis du bureau avec un nœud dans l'estomac. Les choses devenaient de plus en plus complexes. En politique, il était rare que l'on puisse concilier ses convictions personnelles avec les impératifs stratégiques. Mais une chose était certaine : je devais faire en sorte de protéger Elena autant que possible, même si cela signifiait marcher sur une corde raide.

Entre deux partisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant