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NESSAYEM

Je ne comprenais rien à ce qu'il disait, ses mots me semblaient flous, perdus dans le brouillard de mes pensées. Je relevai la tête vers l'homme qui me faisait face

Ses yeux... Ils étaient identiques aux miens, d'une teinte étrange, un mélange de vert et de gris, mais cela ne signifiait rien pour moi

C'était un homme d'une quarantaine d'années, vêtu d'un costume noir impeccable. Ses cheveux, soigneusement plaqués vers la droite, ajoutaient à son allure austère.

Je devais me rappeler, même en ce moment confus, que cet homme n'était pas mon père. Mon père, c'est Kemal Al Najjar

Un nom qui résonne en moi avec une lourdeur particulière. Malgré tout ce qu'il m'a fait subir, toute la douleur qu'il m'a infligée, il reste mon père

Il a toujours veillé à ce que nous, sa famille, quittions la Palestine, même si cela n'a jamais été sans combat, sans souffrance

C'est grâce à lui, après tout, que nous sommes ici aujourd'hui, loin de la terre qui nous a vus naître, mais qui nous a aussi laissés marqués à jamais

— Je comprends pas, pourquoi vous insinuez que vous êtes mon père...?

— Ce n'est pas le sujet, c'est la doña qui vous envoie c'est ça ? Toi Nessayem ont ce reverra.

— Donne nous la putain de marchandises qu'on en finisse réclame Selim

Selim s'est mis à tirer, sans hésitation, sur les hommes du camp adverse. Instinctivement, je me suis jetée au sol, le cœur battant, paralysée par l'horreur de la situation

Chaque détonation résonnait dans ma poitrine, mais je ne savais comment réagir, quoi faire dans ce chaos

Tout à coup, l'homme qui prétendait être mon père a pris la fuite, s'éloignant en courant, disparaissant dans la confusion

Tout se passait si vite, trop vite pour que je puisse comprendre, trop vite pour que je puisse agir

— JEFE ONT A LA CAME

Les hommes de Selim avaient fini par récupérer la marchandise, celle dont il parlait tant, celle qui semblait tout justifier à ses yeux

Le camp adverse, quant à lui, était pratiquement décimé. Les cadavres jonchaient le sol, mais certains avaient réussi à s'échapper, sans doute parce que nous étions bien plus nombreux qu'eux

Mon cœur battait encore plus vite qu'au début, une pulsation sourde qui résonnait jusque dans mes tempes.

Je me suis relevée, tremblante, essayant de reprendre mes esprits.

Mais à peine avais-je retrouvé mon équilibre que Selim m'a tirée vers lui, nous projetant tous deux au sol.

Un coup de feu a retenti à l'instant même. Un homme, à quelques mètres, avait braqué son arme sur moi, prêt à faire feu

— T'ES COMPLÈTEMENT FOLLE PUTAIN POURQUOI TU RESTE PLANTÉ LÀ

Selim s'est relevé, m'attrapant par le bras pour m'entraîner avec lui.

Je l'ai suivi, les jambes vacillantes, incapable de détourner le regard des corps qui jonchaient le sol.

Les larmes me montaient aux yeux, brûlant sous mes paupières, alors que la réalité de ce massacre m'écrasait.

NessayemOù les histoires vivent. Découvrez maintenant