Chapitre 15

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PDV AMARA

Le jour perça à travers les rideaux. Peu à peu, chaque parcelle de mon corps s'éveillait, et je m'étirait en grognant, mon rituel du matin. Les draps étaient douillets, le lit était moelleux. Mais le matelas parut immense, il manquait quelque chose. Je mis quelques secondes pour me rappeler où j'étais, et qu'il était sensé y avoir Dorian à côté de moi. J'ouvris doucement les yeux, et constatai qu'effectivement, le lit de son côté était défait.

Je m'assise sur le lit, quand je remarquai que je portai les habits d'Aaron. Je souris toute seule en me rappelant cette nuit. C'était fantastique. Un autre risquait d'hurler par contre. Malgré tout, je me levai, et attrapai mon téléphone. Je composai le numéro de Zoé qui décrocha quelques secondes plus tard. Une énergie folle envahie la pièce, ce qui me mis directement de bon humeur. Une voix jaillie du combiné, si fort que je dus l'éloigner de mon oreille.

- Coucou Ama ! hurla Zoé.

- Coucou Zozo, l'embêtai-je.

Elle détestait ce surnom.

- Pfff ! Alors quoi de neuf ?

- Tu as un truc de prévu aujourd'hui ? proposai-je.

- Rien à l'horizon, dit-elle, laissant l'excitation la gagner.

- Tu viens à la coloc ? On verra ce qu'on fait après, mais j'ai trop de trucs à te raconter, lui confiai-je.

- Grave ! Je vais demander à Louis s'il peut passer me chercher. Autre chose ?

- Oui ! Tu pourrais m'amener des rechanges ? 

- Bien sûr !

Et elle raccrocha. Il était temps que j'affronte le monstre. Etant donné que je n'avais rien d'autre à me mettre, je descendis dans le salon affublé de la tenue d'Aaron. Lorsque j'ouvris la porte de la salle à manger, je sentis mon corps se tendre, et la pression monter. Ils étaient tous là, assis sur une chaise autour de la table. Ils se regardaient, l'air grave, écoutant Dorian parler. Mon stress monta encore d'un cran, et lorsqu'ils s'aperçurent de ma présence, c'est comme un seul homme que les trois se retournèrent.

- Bonjour Ama, me lança Dorian, d'un air impassible et froid. 

Aaron ne soutenait pas mon regard, et Louis fronçait les sourcils. Je ne pus m'empêcher de demander :

- Quelqu'un est mort ?

Au lieu de me répondre, ou même de rire, ils restèrent muets. Dorian finit par dire :

- Viens t'asseoir s'il te plait.

Je m'exécutai sans poser davantage de question, et m'attendis à recevoir ma sentence. Dorian planta ses yeux dans les miens, et je ne pus pas y lire grand chose. Il masquait ses émotions. Il prit une profonde inspiration, et dit :

- Les garçons et moi-même sommes d'accord si tu veux rester habiter ici un temps.

- Quoi ? 

Cela sorti si brusquement de ma bouche que j'en fis moi-même choquée. Pour qui se prenait-il à décider à ma place ? J'avais déjà dit non. Bon et que j'y réfléchirai aussi, mais vu la scène de cette nuit, j'étais encore moins convaincue par l'idée. Dorian continua de parler :

- On en a discuté, et on pense qu'il est préférable que tu restes ici. L'un de nous est pratiquement toujours ici quand tu es là, c'est plus sécurisé.

Je crus apercevoir un éclair de douleur dans ses yeux, mais quand il cligna des yeux, cela avait disparu. J'étais prise au dépourvu, entre Dorian aussi froid que la banquise, Louis qui ne comprenait visiblement rien à ce qu'il se passait, et Aaron qui me fuyait... C'était hors de question que j'envisage quoi que ce soit dans ces conditions.

AmaraOù les histoires vivent. Découvrez maintenant