Chapitre 19

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PDV AMARA

J'avais l'impression de revivre depuis quelques semaines. A vrai dire, depuis que j'habitai à la Coloc', je n'avais pas eu de nouvelles d'Arthur. J'avais presque oublié tout ce qu'il me faisait subir, malgré que, de temps en temps, j'avais l'horrible sensation d'être épiée. L'ambiance entre Aaron et Dorian était tendue, et je m'étais efforcée de les éviter autant que possible l'un et l'autre. J'avais eu besoin de prendre du recul, de réfléchir, d'observer. Mes sens étaient complètement chamboulés quand je me retrouvai coincée avec Aaron par malchance. Je ne pouvais pas entamer quoique ce soit avec Dorian en pensant constamment à son pote. J'étais perdue, donc j'avais fait notre technique préférée avec Zoé : l'autruche. J'avais esquivé tout en espérant mettre de l'ordre. Aujourd'hui, j'étais enfin prête à avoir une discussion avec Dorian. Il le fallait pour pouvoir enfin briser cet atmosphère bizarre.

D'ailleurs, je n'avais pas revu Zoé depuis quelques jours. Elle semblait avoir encore des problèmes avec Louis. Je n'avais toujours pas réussi à lui en parler et à en savoir plus. Lui était aussi fermé qu'une huître, impossible d'en tirer quoique ce soit.

La fin d'après-midi arriva rapidement sans que je ne vis le temps passer. J'avais profité de ma journée pour travailler mes cours que j'avais délaissé depuis trop longtemps. Mes professeurs me mettaient la pression pour rattraper mon retard, et je ne pouvais pas leur en vouloir. Avec Arthur et la Coloc', j'avais abusé sur mes absences. Si je n'étais pas plus assidue, je craignais de ne pas avoir mon année. Je n'osai pas imaginer l'état de ma mère si elle savait que je ne l'avais pas, et encore pire si c'était à cause d'Arthur.

Je fermais mon ordinateur, étirant mes muscles endoloris. Il allait falloir que je me motive. Baillant une dernière fois, je sortis de mon lit. Je descendis les escaliers, pour trouver dans la salle à manger Louis mangeant un gros burger sur le canapé.

- Hé salut, lui lançai-je pour engager la conversation.

- Mmh, répondit-il, la bouche pleine de sauce.

- T'aurais vu Dorian ? insistai-je.

Il me signifia d'un coup de tête la porte fenêtre. Sans l'embêter davantage, je me dirigeai dans le jardin. Un gros plouf retentit suivit d'un battement de pieds. J'arrivai jusqu'à la piscine, où je l'aperçus faisant des longueurs dans la longue étendue bleue. Après avoir nagé jusqu'au bout de son allée, il s'accrocha au muret pour reprendre son souffle. Sa main passa dans ses cheveux qui s'étalaient sur son front, ruisselant d'eau chlorée. Sa peau bronzée avait encore foncé à force d'être exposée au soleil. Je m'approchai doucement, et m'accroupis au bord.

- Hey, glissai-je.

Il sursauta et se retourna d'un coup vers moi. Ses yeux bruns s'assombrirent et son sourire si beau avait disparu, rendant ses lèvres fades. Le voir aussi triste me rendit immédiatement maussade, il était temps que j'arrange tout ça.

- Hey, répéta-t-il comme un automate.

- Tu me permets de rester un peu ? lui demandai-je en priant intérieurement pour qu'il accepte.

- T'es déjà là de toute façon, souffla-t-il pour chasser les gouttes de son visage.

Je m'assis sur le rebord, laissant mes jambes aller dans l'eau fraîche.

- Dorian, est-ce qu'on peut discuter s'il te plaît ?

Son regard s'accrocha au mien, transmettant toute la douleur et la tristesse qu'il éprouvait.

- Pour dire quoi ? me piqua-t-il.

Je l'avais mérité, je l'avais esquivé tellement de fois alors qu'il voulait me parler ou se rapprocher de moi.

AmaraOù les histoires vivent. Découvrez maintenant