Chapitre 3

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Math

-Mathilde Millet... C'est donc vous l'avocate de Samuel ?

Après m'être présentée à l'accueil du commissariat, j'ai été escortée jusqu'à mon frère dans un des bureaux dédiés aux interrogatoires et occupé par l'inspecteur Illiam Emery, soit l'homme le plus arrogant qu'il m'ait été de rencontrer. Celui-ci me fixe, une lueur dans les yeux et de son sourire en coin, adossé à son siège, les doigts croisés derrière la tête, devant un Sam penaud. Il a du charme, j'en conviens, et c'est précisément pour cette raison que je le déteste. Têtu et sûr de lui, il n'hésite pas à profiter de son statut pour s'acharner sur mon frère. Sam ne me dit pas tout mais je le soupçonne fortement de le malmener lors de ses arrestations. Sauf que moi, il ne m'impressionne pas. D'autant plus parce qu'il est plus petit que moi et que je maîtrise l'art des combats et de la persuasion à la perfection.

-Vous avez vu juste Emery, lui rétorqué-je. Merci d'avoir récupéré mon frère. Maintenant, vous nous excuserez mais on va s'en aller. Sam, on rentre.

Sauf que mon frère ne bouge pas. Et pour cause, son poignet est menotté à sa chaise. D'habitude, ce n'est pas le cas.

-Pourriez-vous le libérer ? dis-je d'un sourire crispé à l'intention d'Emery.

Le jeune inspecteur fait mine de réfléchir puis il se redresse sur sa chaise avant de prononcer un « non ! » catégorique. Sam n'ose pas un regard vers moi. Je devine alors que ce ne sera pas aussi simple de le sortir d'ici cette fois.

-Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

-J'aimerais beaucoup le savoir mais votre frère a décidé de jouer au roi du silence.

Je serre les dents avant de jeter un regard réprobateur en direction de Sam.

-Puis-je m'entretenir seule avec lui ?

Heureusement, Emery ne se fait pas prier et sort de son bureau, non sans me lancer un « je vous laisse cinq minutes ! ». J'agrippe une chaise et m'assois alors à côté de mon frère.

-Bon sang, Sam, qu'est-ce qui se passe ?

Sam délie enfin sa langue et soupire :

-J'ai été pris en flag.

-En flag de quoi ?

Il se pince les lèvres et fuie mon regard, avant de prononcer d'un souffle :

-De vente.

Je le regarde, incrédule.

-Je ne comprends pas, depuis quand tu te mets à la vente ?

Il hausse les épaules.

-C'était la première fois.

-Tu avais combien sur toi ?

-50 grammes et du liquide.

Je le regarde, abasourdie. Je savais qu'il cultivait ses propres plants pour sa consommation personnelle mais j'ignorais qu'il en revendait également.

-De tes propres plants ?

-Non, ils ne sont pas encore arrivés à maturation.

-Mais alors de qui ?

-J'ai un fournisseur en ville.

-C'est lui qui t'a demandé de les vendre ?

Mon frère hoche la tête.

-Math, je suis dans la merde, les stups m'ont tout pris, rien ne m'appartenait, si le boss apprend, je suis mort !

Mon petit frère me regarde, désespéré. Jamais je n'aurai cru en arriver là. Bon sang, mais qu'est-ce qui lui a pris ? On s'en sortait très bien financièrement ! Il n'avait pas besoin de se fourrer là-dedans.

-Sam, je ne comprends pas, pourquoi t'être mis à dealer, tu réalises ce qu'il risque de t'arriver ? Qu'est-ce que Papa dira ? Qu'est-ce que Maman dirait ?

Mon frère plonge son visage dans ses mains, je sens bien qu'il est en plein désarroi. Une vague de culpabilité m'envahit. Il n'a pas besoin de reproches, il a besoin que je le sorte de là, et c'est ce que je vais faire.

-Bon, ne dis rien, laisse-moi parler à Emery.

Je n'ai absolument pas confiance en l'avenir de mon frère (il risque la prison, bon sang !) mais Emery s'est montré clément jusqu'à maintenant. J'ai peut-être encore une chance de le convaincre de l'épargner.

Les Délurées - Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant