Chapitre 11

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Math

Je me réveille le lendemain par les rayons du soleil. Il ne faut pas longtemps pour me remémorer les événements de la veille. Je ne suis plus enragée, ni triste, non, juste blasée. Après une heure de marche dans Bruxelles, j'ai fini par trouver un taxi qui m'a ramenée à la gare où j'ai pu prendre le premier train pour Rennes.

Pendant tout le trajet jusqu'à chez moi, je me suis ressassé les derniers événements, me laissant envahir par la honte et la culpabilité. Je me suis prise à espérer qu'Hamel me retrouve et s'excuse mais évidemment, il ne s'est jamais lancé à ma poursuite. Lui et moi, c'est fini, si toutefois, ça n'a jamais commencé. A quoi m'attendais-je ? Ce type est égocentrique et sans vergogne. Je m'en veux d'être tombée sous son charme. Comment ai-je pu en arriver là ? Où sont passés mes principes ? Lorsque j'ai retrouvé ma maison, je me suis douchée et écroulée sur mon lit. J'ai rechargé mon portable et vu que mon frère m'avait bombardé d'appels et de messages. Je lui ai écrit vite fait avant de m'endormir, à bout de force et au bord du gouffre.

A mon réveil, je me sens d'attaque pour reprendre ma petite routine qui m'allait très bien finalement. Pour ça, rien de tel qu'une petite séance avec Monsieur Dildo. J'enfile mes écouteurs et profite de ce moment de détente et de plaisir. S'il y en a un qui ne me décevra jamais, c'est bien lui. Je fais mes petites affaires lorsque la porte de ma chambre s'ouvre en trombe et qu'une voix tonitruante retentit :

-Police ! Les mains en l'air !

Je bondis de mon lit et m'empresse de remonter ma couverture sur ma poitrine nue.

-Non mais vous êtes pas bien, ma parole !

-Les mains en l'air, on a dit !

Trois policiers, leur gun pointé dans ma direction sont maintenant postés au pied de mon lit.

-Les mains en l'air de rien du tout, sortez de chez moi, bande de malades !

La silhouette familière d'Emery, le seul habillé en civil et son badge accroché à sa ceinture fait alors irruption à son tour. Évidemment... cela ne pouvait être que lui l'auteur de ce guet-apens.

-Millet, sortez de votre lit.

-Vous vous êtes trompés de chambre, celle de mon frère est à droite ! dis-je en leur faisant signe de déguerpir.

-On ne vient pas pour votre frère, on vient pour vous.

Je le regarde, prise au dépourvu. Merde, se pourrait-il qu'il sache ?

-Pour quel motif ? lui demandé-je.

-Levez-vous, on vous expliquera au poste.

Bordel, je crois que je suis dans la mouise... La main toujours remontée sur ma poitrine, je m'assois sur mon lit pour me préparer.

-Vous m'auriez envoyé une convocation, je serai venue, hein ! râlé-je.

-Oui bah, on ne sait jamais avec vous, se justifie l'inspecteur.

Un rire cynique m'échappe.

-Vous me connaissez trop bien, Emery.

-Allez, habillez-vous, dit-il en me balançant un tee-shirt qui trônait sur ma chaise de bureau et qui atterrit sur ma tête.

-Il fait combien dehors ?

-5 degrés.

-Dans ce cas, je vais pas sortir avec ce truc !

-Il vous faut quoi ?

-Mon pantalon cargo et ma veste polaire dans mon armoire.

-Allez, dépêchez-vous, me presse-t-il après m'avoir tout donné.

-Non mais il me faut des sous-vêtements, je vais pas sortir à poil sous mes fringues !

-Vous dormez bien à poil !

-Oui, je dors à poil, j'espère que vous faites de même d'ailleurs, ça réduit le risque de cancer de la prostate.

-Vous avez une prostate ?

-Bah non.

-Bon bah alors ?!

-Rah vous êtes con, hein, dis-je en souriant malgré moi.

Au même moment, Emery me lance un bout de tissu en dentelle.

-Un string rouge ? Non mais je vais au commissariat, pas à un date, filez-moi une culotte ! Elles sont dans le tiroir du milieu.

Mon ennemi juré ouvre le tiroir de ma commode et en sort cette fois un sous-vêtement adapté avant de me le balancer.

-C'est bon ? dit-il, agacé.

-Il me faut aussi un soutif, vous n'y connaissez rien aux femmes ou quoi ?!

-Je croyais que vous étiez féministe ? riposte-t-il.

-C'est ça, vous avez tout compris, je brûle mes soutifs, je ne m'épile pas et je veux réduire les hommes à l'état d'esclave !

Emery bougonne avant de fouiller mes tiroirs à la recherche d'un soutien-gorge potable.

-Voilà, dit-il en me le tendant.

-Faut que je change mon tampon avant de partir, dis-je en me redressant tout en serrant ma couverture contre ma poitrine et mes fesses.

-Vous ferez ça au commissariat.

-Certainement pas, j'ai pas envie de finir cul-de-jatte !

-Qu'est-ce que vous racontez encore ?!

-Quoi, vous n'avez jamais entendu parler de Lauren Wasser ? Elle a perdu ses deux jambes après avoir mis un tampon.

Emery sert la mâchoire avant de céder.

-Bon, je vous amène à la salle de bain mais faites vite.

Je me dirige vers ma salle de bain, sans manquer de jeter un regard de défi en direction des policiers, leur gun toujours pointé sur moi, et je m'apprête à refermer la porte sur moi mais Emery bloque la porte et me suit à la trace.

-Quoi, vous allez me regarder faire ?!

-Parfaitement, je ne vous fais pas confiance !

Je lève les yeux au ciel.

-Bon, donnez-moi une serviette ! dis-je en lui indiquant l'étagère où j'expose mes affaires de toilette.

Cet idiot se retourne et me tend ma serviette de bain qui pend au mur.

-Une serviette hygiénique, espèce d'inculte !

-Oui bah fallait préciser! Se défend-il.

-C'est pas possible, vous avez jamais eu de copine ou quoi ?!

-Bah si, pourtant...

-Bah j'aurai pas aimé être à sa place.

-Et dites donc, ça va oui ?!

-C'est ça, faites l'offensé.

-Dépêchez-vous ou je vous emmène à la station par la peau des fesses.

Je le regarde les yeux plissés et un sourire en coin avant de minauder :

-Vous feriez ça ?

-Ne me tentez pas !

Je rouspète dans ma barbe avant de monter dans la baignoire et tirer le rideau sur moi.

-Hey, vous faites quoi là ?!

-J'ai besoin d'intimité, c'est trop demander ?!

-Bon, dépêchez-vous.

Je feins de faire mes petites affaires. En réalité, je n'ai pas mes règles, j'essaie juste de gagner du temps. Il me faut une idée et vite pour me sortir de là. Clairement, Emery est au courant de mon rôle de mule, ce qui me fait penser qu'il est beaucoup plus malin que je ne le pensais. Mes yeux balayent ma baignoire lorsque je tombe sur mon rasoir. C'est peut-être désespéré, mais il est hors de question que je finisse en prison. L'honneur de ma famille est en jeu.

Les Délurées - Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant