Chapitre 5

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Math

Le silence règne dans l'habitacle tandis que je nous ramène à la maison. Je ne cesse de me repasser notre conversation avec Sam. Un type croisé par hasard dans la rue lui aurait proposé de « se faire de l'argent facile » et l'aurait embarqué dans son trafic et le voilà maintenant à devoir 2'000 euros ?! Sam m'a fait jurer de ne pas le révéler à l'inspecteur de peur de représailles mais plus je cogite, plus je me dis que j'aurais dû briser ma promesse. Emery est peut-être ce qu'il est mais il aurait pu nous sortir de là. Lui et moi savons très bien que Sam n'a pas mérité autant d'indulgence. Son imprudence va, de plus, totalement à l'encontre des principes de notre famille. Même si je suis soulagée de pouvoir rentrer avec mon petit frère, je fulmine intérieurement. Nous avons de l'argent, ce n'est pas le problème mais mon frère est purement et simplement victime d'extorsion. Sauf qu'on n'a pas le choix. Il a littéralement peur pour sa vie.

Après l'avoir déposé à la maison, je retire l'argent et me dirige vers L'Arcane, un club situé dans le quartier Bréquigny où il était censé retrouver son « boss » pour lui apporter son butin. L'entrée est plutôt discrète et sordide. Le nom clignote par intermittence au-dessus d'une porte blindée peu ragoutante, surveillée par un vigil qui fait deux fois ma taille et mon poids et depuis laquelle une musique lente et lascive se fait entendre. Un groupe de fumeurs attend non loin et me zieute de la tête aux pieds tandis que je m'approche.

-J'aimerais parler à Hamel, dis-je au vigil.

-Et t'es qui ? me renvoie-t-il d'un mouvement de tête dédaigneux.

-La sœur de Samuel Millet, j'ai l'argent qu'il lui doit.

L'un des deux fumeurs balancent sa clope au sol et nous rejoint aussitôt :

-Je m'en occupe Bobby.

Il me fait signe de le suivre et nous entrons alors dans le club. La musique fait rage et je fais maintenant face à un bar privé occupé par plusieurs personnes avachies sur des canapés en cuir ou bien entrain de danser coller serrer. Je remarque furtivement une fille inspirer un rail de coke sur une table basse, puis un homme planté au milieu de la piste, immobile, comme hagard et souriant béatement devant les lumières des projecteurs.

Je passe outre, je suis là pour mon frère. Une fois l'argent donné, je n'aurai plus à mettre les pieds ici. J'imagine la réaction des filles si elles étaient là et cela me fait sourire. Diane serait totalement agitée, à lancer des « oulàlà, c'est pas très catholique tout ça ! », Alex se retiendrait d'appeler la police, Kim, qui n'est pas fan du monde de la nuit serait probablement restée à l'entrée à nous attendre et Yna... et bien, elle aurait plongé dans le tas pour trouver quelqu'un à se mettre sous la dent. Penser aux filles me fait un bien fou. Je sens mon ventre se desserrer un peu et je reprends courage.

Nous traversons un couloir sombre puis mon guide ouvre une porte sur une pièce enfumée, où un groupe d'hommes et de femmes sont installés sur un fauteuil à rire grassement. Au fond est installée une table de billard où deux types sont en train de jouer.

-Reste là, m'intime mon guide.

J'obéis et le regarde avancer vers l'un d'entre eux entrain de tirer puis lui parler à l'oreille. Je ne vois pas précisément son interlocuteur et penche ma tête vers le côté pour mieux l'apercevoir lorsque je sens quelqu'un me tâtonner la cuisse du bout de son pied. Un type à moitié allongé sur un des fauteuils et le regard libidineux me scrute avant de me balancer un :

-Hé, t'es bonne toi !

J'arque un sourcil avant de lui balancer un « Et toi t'as l'air d'un mort. » qui déclenche l'hilarité de ses camarades.

Les Délurées - Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant