Chapitre 23

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Illiam

Je me réveille presqu'en sursaut. Il me faut plusieurs secondes pour réaliser où je me trouve. Si j'en crois la position affalée de Millet à côté de moi et mes bras encore entrain d'étreindre ses jambes, je me suis endormi sur elle. Bizarrement, elle ne m'a pas décalé. A-t-elle eu peur de me réveiller ? Probablement. Elle avait raison, j'avais vraiment besoin de sommeil. Dormir m'a fait un bien fou, si bien que je ne me sens plus fiévreux et mes maux de gorge ont presque disparu.

Je me lève et me rends dans la salle de bain pour me débarbouiller puis fais une ronde pour m'assurer que tout va bien. Je nous prépare le petit déjeuner en évitant le plus possible de faire du bruit puis décide d'aller faire ma course matinale. Notre planque est en pleine campagne. Je me fraye un chemin entre les champs tout en respirant à plein poumon. J'adore ma ville mais j'ai grandi dans les landes et la verdure me manque atrocement. Le calme qui règne ici contraste pleinement avec les exigences de mon métier.

Depuis l'arrivée du fentanyl en France, je ne fais que courir partout sur le bitume à traquer les dealers, parfois jusqu'à tard dans la nuit s'il le faut. Même si j'aime mon métier plus que tout au monde, j'avoue avoir perdu peu à peu en motivation, notamment face à la haine qui plane au-dessus de mon statut. Le peu de reconnaissance de la société et l'image que les médias renvoient de mon métier me minent le moral. Je sais au plus profond de moi que je mérite le respect et la gratitude, je travaille d'ailleurs deux fois plus pour les obtenir. Mais le fait est là : je retire plus de fierté personnelle à avoir stoppé un des plus gros trafiquants de France que de gloire.

Quand j'estime m'être absenté trop longtemps, je me décide à rentrer. Une fois à la maison, j'entends Millet se défouler sur le punching ball installé dans le garage et me décide à la rejoindre. Sa force et sa technique m'ont toujours impressionné. Ses gestes sont vifs et ses coups puissants, si bien qu'elle pourrait assommer n'importe quel colosse en un rien de temps. Aujourd'hui, elle porte une brassière qui laisse entrevoir sa poitrine ferme et ses abdos gainés. Son jogging épouse la forme musclée de son fessier et de ses cuisses. Et dire que je l'ai vue à moitié nue hier... Ma queue ne s'en remet toujours pas.

-De nouveau sur pied ? me lance Millet.

Je m'empare de la seconde paire de gants qui traine sur le sol et les enfile avant de l'inviter à se lancer dans un combat. Comme à nos dernières séances, elle se montre entreprenante et ne lésine pas sur les coups tandis que je me réfreine. Même si elle est très athlétique, je n'en reste pas moins un homme, soit physiquement avantagé et il est hors de question que je la blesse.

-Toujours peur d'utiliser vos pieds ? me taquine-t-elle.

-J'aurai peur de vous faire mal.

-Aha, vous vous surestimez... ou vous me sous-estimez, je ne sais pas trop.

-Oh, ça non !

Millet esquive un crochet et me balance son poing dans le flan, m'arrachant un râle de douleur.

-Voilà ce qui arrive quand on épargne son adversaire.

Ok, elle attend plus de moi ? Très bien ! J'enchaine les coups, ce qui l'oblige à lever sa garde et à reculer. Puis je lui fais un croche-pied qui l'a fait trébucher, lui arrachant un couinement de surprise.

-Ok, je m'avoue vaincue, halète-t-elle.

Je l'aide à se relever mais au lieu de ça, elle m'entraine dans sa chute et je me retrouve agenouillé entre différents accessoires de sport qui jonchent le sol de la pièce.

-Vous êtes bien naïf, Emery !

Je me débarrasse de mes gants et viens la rouler au sol avant de la maintenir en clé de bras.

-Et vous, trop sûre de vous !

-Aïeuh ! râle-t-elle.

Je la lâche et elle me lance un regard menaçant avant de me tirer la langue, ce qui me fait éclater de rire.

-Ok, vaincu, dis-je en levant mes mains en signe de reddition.

Millet me dépasse tout en retirant ses gants et je me prends à admirer sa chute de reins ruisselant de sueur.

-Vous voulez prendre une douche ? me demande-t-elle.

-Mhmm ?

-Je vous demande si vous voulez prendre votre douche avant moi.

-Oh, non non, allez-y, j'irai après.

-Très bien.

Des visions peu catholiques de nos deux corps sous l'eau chaude font rage dans ma tête et je dois me faire violence pour les chasser. Je décide de continuer à boxer mais impossible de me concentrer. Je me sens de plus en plus à l'étroit dans mon pantalon. Cela fait bien trop longtemps que je ne me suis pas « soulagé ». Pendant qu'elle se douche, je me décide à prendre mon petit déjeuner puis quand mon tour arrive, je m'empresse de me déshabiller et faire mes petites affaires. Lorsque ma main empoigne mon membre, c'est son corps gainé et son visage parfaitement dessiné qui me vient en tête.

Je l'ai toujours trouvée magnifique et sensuelle. La première fois que je l'ai vue entrer dans mon bureau il y a un an tandis que j'interrogeais son frère, mon cœur en a manqué un battement. Son caractère, son allure de guerrière, sa détermination... tout en elle me poussait à en savoir un peu plus sur elle. Au fur et à mesure de nos altercations, j'ai découvert une femme dévouée, engagée et disciplinée et je réalise à quel point j'ai de la chance de pouvoir la côtoyer autant aujourd'hui, malgré les circonstances.

Sa mère est réputée dans le commissariat de Rennes. Mon chef l'a connue et m'a rapporté qu'elle était de loin la meilleure agente de terrain qu'il ait pu rencontrer. D'abord militaire, elle a ensuite rejoint les rangs de la gendarmerie avant de finir dans la brigade anti-gang. Elle avait été promue cheffe des opérations avant que son équipe ne soit prise pour cible par un terroriste lors d'une enquête de terrain. Tout le commissariat était alors en deuil. Il venait de perdre un membre clé de la lutte anti-criminalité et si j'en crois le portrait d'elle accroché dans nos services, le département ne s'est jamais vraiment relevé de sa perte.

Sa fille a clairement hérité de sa force et de son courage. Quand je la vois aussi déterminée et entêtée, je me dis que sa place est parmi nous. Je souris doucement en nous imaginant collègues. On se fritterait sans arrêt.

Après avoir fait mes petites affaires, je sors de la douche, requinqué. Il me fallait juste une petite séance pour me débarrasser de toute cette tension sexuelle qui régnait en moi. Du moins, c'est ce que je croyais. Lorsque je descends et que je vois Millet en short et débardeur moulant à s'affairer dans la maison, mon entre-jambe se réactive. Je réalise alors qu'il va me falloir bien plus pour me débarrasser de l'attirance que j'éprouve pour elle. 

Les Délurées - Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant