Chapitre 6

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Math

-Alors ?

A peine ai-je fait un pas sur le perron de notre maison que Sam m'alpague. Je le dépasse et retire mes chaussures tandis que Marley me fait la fête.

-C'est bon, c'est réglé.

Mon frère laisse échapper un souffle de soulagement.

-Ouf, merci. Je... je te rembourserai.

-Je n'attends pas que tu me rembourses, Sam. Mais je veux que tu me promettes d'arrêter cette mascarade !

-Promis, je ne revendrai plus.

Je lui jette un coup d'œil averti puis me décide à aller dormir.

-Je vais me coucher, je suis épuisée.

Je sens son regard coupable sur moi mais je ne tergiverse pas. Malgré tout, je n'arrive pas à le blâmer. Jamais je ne pourrais car je le comprends. Il gère son trauma comme il peut, je ne suis pas forcément mieux que lui. Après ma douche, je tente de m'endormir mais en vain. La faute à un certain gangster aux allures d'ange. Je me prends à chercher son nom sur internet ou des photos sur les réseaux sociaux mais rien. Ce type est comme un fantôme. De part son activité, j'imagine qu'il se doit de rester discret. Je vérifie mon portable, mais pas d'appel. Je me décide à le mettre en mode vibreur pour ne pas le manquer.

J'ai honte et pourtant, je suis bel et bien entrain de fantasmer sur ce bad boy. Je dois me reprendre sauf que mon corps appelle à la luxure. Il faut que je l'assouvisse. Je cherche dans mon application une voix rauque et dominatrice avant de m'emparer de mon sextoy, peu fière.

...

Une semaine plus tard

Cela va faire une semaine maintenant depuis ma confrontation avec Hamel et toujours pas de nouvelles. De retour sur mon lieu de travail, je suis en train de changer la courroi d'une Renault lorsque mon collègue m'alpague :

-Hé Math, tu connais l'histoire du poil ?

Je réponds distraitement un « non », habituée à ses blagues douteuses.

-Bah avant il était bien, maintenant, il est pubien.

Oliver rit grassement tout en s'affairant à faire une vidange. Je lève les yeux au ciel. Et dire que je suis sortie avec ce type...

-J'en ai une pour toi, je renchéris alors.

-Trop bien, balance !

-Quelle est la différence entre les hommes et la neige ?

Oliver réfléchit une seconde avant de répondre :

-Bah chais pas ?

-Aucune, on ne sait pas combien de centimètres on aura et combien de temps ça durera.

-Pffff, n'importe quoi... râle-t-il.

Et voilà, dès qu'une blague s'attaque aux hommes, elle n'est pas drôle. Dans tous les cas, ça lui aura fait fermer son clapet, je ne l'entends plus les dix minutes suivantes.

-Oli ! appelle son oncle depuis son bureau où il est affairé à la paperasse.

-Ouai !

-Madame Muret vient récupérer sa voiture dans dix minutes !

-Oh putain !

Oli se dégage du capot de la Picanto dont il était chargée et court vers les toilettes pour s'arranger. Depuis le BTS, soit après notre rupture, il s'est pris d'affection pour toutes les quarantenaires un peu pimpantes et ne manque aucune occasion pour venir les draguer. Je le regarde donc enchainer les râteaux, dépitée. Les signes ne trompent pas pourtant : des sourires gênés, forcés, des « oui » déguisés pour ne pas heurter sa fierté... mais lui prend tout comme une ouverture jusqu'à la question fatidique que je l'entends prononcer en ce moment même tandis qu'Oliver tend la clé à sa propriétaire :

-Et sinon, un p'tit tour en cabriolet, ça vous tente ?

Ce à quoi elle répond comme toutes les autres :

-Euh, j'ai mon enfant à récupérer à l'école mais peut-être une autre fois !

Une fois la cliente partie, Oliver effectue un entrechat avant de courir vers moi :

-T'as vu ?! Elle a dit une autre fois !

-Elle a surtout dit « mon enfant » et « peut-être », bon sang, Oli, elle est probablement mariée !

-Et alors ? Y a plein de femmes qui vont voir ailleurs après un certain temps, hein.

Je soupire de lassitude. Inutile d'argumenter. Je lui lance juste un bref « calme tes ardeurs », ce à quoi il me répond d'un haussement d'épaules bénin.

Tandis que je continue à m'affairer sur ma courroi, mon portable vibre dans ma poche et comme à chaque fois, me fait presque sursauter. Je m'empresse d'essuyer mes mains couvertes d'enduis afin de vérifier et je découvre un message des filles.

Yna : Les gonz, c'est bon, le RDV Tinder est fixé : ce soir 20 :00 au Brick.

Notre mission se concrétise. Il faut qu'on peaufine les détails mais j'ai confiance en nous. On l'aura et il ne pourra plus sévir.

Moi : Au top, Kim, tu as tout ?

Kim : ✅

Mère Supérieure : J'ai prévenu Dumier, il sera aux abords avec deux agents.

Diane : Parfait, Yna, tu le sens comment ?

Yna : au poil, on va se le farcir ce porc ! 🐷

Mère Supérieure : on sera toutes éparpillées dans le bar, les bodycam braquées sur vous, on ne pourra pas le louper !

Je m'apprête à renchérir mais tandis que je saisis mon message, un appel d'un numéro inconnu s'affiche sur mon écran. Mon cœur manque un battement et je m'éloigne avant de décrocher.

-Salut Bébé, m'interpelle la voix d'Hamel.

Je me râcle la gorge avant de répondre un bref « 'lut ».

-J'ai appris que tu t'y connaissais en voiture.

Je tique à ses mots et j'ai le réflexe de regarder autour de moi, comme si on m'observait.

-On peut dire ça...

-Rendez-vous ce soir derrière l'Arcane, 20 :00, ne sois pas en retard !

-Non mais attendez, je...

Je n'ai pas le temps de riposter qu'il a déjà raccroché. Ce soir, 20 :00, soit en même temps que notre opération pour stopper le type de Tinder. Je regarde ma conversation avec les filles, le cœur fendu. La phrase que je m'apprêtais à leur envoyer reste en suspens. Je l'efface avant d'écrire à la place : « désolée les filles, je dois aborder la mission, urgence familiale ». 

Les Délurées - Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant