Math
Je dépose mes sacs de course sur le comptoir de notre cuisine en sifflotant. Qu'il est bon de rentrer chez soi ! En rentrant du commissariat, j'ai passé de longues minutes sous la douche avant de m'empiffrer de tout ce qui me tombait sous la main et de faire une longue balade avec Marley tout en prenant des nouvelles des filles. Mon frère s'est jeté dans mes bras au moment où j'ai passé le seuil de la maison, chose qu'il n'avait pas faite depuis la mort de Maman. Il culpabilisait atrocement et s'est excusé mille fois. Je ne lui tiens rigueur de rien, il a compris la leçon. Pas la peine d'en rajouter une couche. Je lui ai fait promettre de ne pas prévenir notre père de mes faux pas, il n'a pas besoin de savoir. Je veux que notre géniteur profite de son voyage, l'esprit tranquille. Après toutes ces années à s'occuper de nous seul, il a maintenant besoin de profiter de sa vie.
Je suis en train de ranger les courses lorsque j'entends Marley grogner en direction de la porte d'entrée. Les poils de son dos sont hérissés. Étrange... il ne réagit jamais ainsi. Dans le salon au bout du couloir derrière moi, j'entends la baie vitrée coulisser. C'est certain, quelqu'un est entrain de s'introduire chez nous. Je saisis le premier objet qui me vient sous la main, en l'occurrence une poêle, et me dirige à pas discrets vers la pièce. Une silhouette apparaît en face de moi et j'ai le réflexe de fendre l'air de ma poêle. Un gros « bang » retentit suivi d'un râle de douleur et je réalise alors que je viens de frapper Emery.
-Non mais vous êtes complètement malade ?! me fustige-t-il, la main plaquée sur sa joue.
-Comment ça malade ?! C'est vous qui vous incrustez chez moi sans prévenir, je vous signale !
Emery grogne de douleur et met un temps avant de se remettre. Marley lui lèche alors le visage, en remuant la queue.
-Qu'est-ce que vous fichez là !?
-Ne hurlez pas, il va vous entendre !
-Qui ça, il ?!
Je n'ai pas le temps de comprendre ce qu'il se passe qu'une balle vient se loger sur l'encadrement de la porte au-dessus de nous et Emery me plonge sur le côté avant de dégainer son arme et tirer à son tour. Je plaque mes mains sur mes oreilles, recroquevillée sur Marley qui couine dans un coin du salon. Bon sang, mais qu'est-ce qui se passe ?!
On entend un crissement de pneus et une voiture s'éloigner à vive allure. Emery se précipite vers l'extérieur, l'arme en joue, puis dégaine son téléphone.
-Inspecteur Emery de la brigade des stups, une attaque à main armée a eu lieu au numéro 8, rue Malermin. Il me faut des renforts, suspects en fuite, plaque d'immatriculation BS...
Mes oreilles bourdonnent, je reste complètement hagarde quand je réalise qu'on vient de tenter de me tuer. Je reprends mes esprits quand l'inspecteur s'approche de moi et m'aide à me relever :
-C'était quoi ça ?!
-Oh ça ? Pas grand-chose, bredouille Emery, il se peut juste que les hommes d'Hamel en aient après vous.
-Je... Quoi ?!
-Ils ont dû avoir écho que vous alliez témoigner contre lui.
-Mais comment ?!
-ça, je suis toujours en train de tenter de le découvrir.
Je reste éberluée. Je sors à peine de garde de vue qu'on en veut maintenant à ma peau ?! Si c'est ça, je retourne illico en prison !
-Il faut qu'on vous mette à l'abri.
-Mais où ?
-Nous avons des planques. Venez !
-Attendez, et mon frère ?
-Je vais envoyer une équipe s'occuper de lui mais d'abord, il faut qu'on vous amène en lieu sûr.
Je laisse Emery me guider vers sa voiture. Il installe Marley sur les sièges arrière tandis que je m'assieds à l'avant. Arrivés au commissariat, il me laisse patienter avec mon chien dans son bureau pendant qu'il s'entretient avec son supérieur. J'ai peine à réaliser ce qu'il vient de m'arriver. Si Emery n'avait pas été là, je serais sûrement morte à l'heure qu'il est... Selon ses dires, Nadège et Tomy étaient chargés de me liquider. Comme elle a avoué à l'inspecteur qu'elle n'en avait pas eu la force, son mari était chargé de s'en occuper et était d'ailleurs en route avant qu'Emery n'intervienne. Quand je vais raconter ça aux filles... je m'empresse d'ailleurs de les prévenir. Si la police doit me cacher, je n'aurai certainement plus de contact avec elles pendant un certain temps.
Moi : Les filles, je me suis faite canarder aujourd'hui par des complices d'Hamel, visiblement, il veut ma peau. Je suis maintenant sous protection juridique, vous risquez de ne pas avoir de mes nouvelles pendant un moment !
Kim : 😱
Yna & Diane : What ?!
Mère Supérieure : pour combien de temps ?
Moi : durée indéfinie.
Diane : Mais qu'est-ce con* peut faire ?
Moi : pas grand-chose jusqu'à ce qu'ils soient arrêtés et Hamel en prison.
Yna : y a acharnement là, moi j'dis 😡
Moi : il n'a pas apprécié le râteau que je lui ai mis.
Mère Supérieure : il sera jugé quand ?
Moi : dans trois semaines, selon le procureur.
Diane : ça implique quoi la protection judiciaire ?
Moi : surveillée H24 dans un lieu uniquement connu de la police et sans contact vers l'extérieur.
Yna : ça veut dire qu'on ne te verra pas pendant tout ce temps ?
Moi : probablement 😔
Diane : Zak et son équipe sont chez toi, je lui ai dit que s'ils ne les arrêtaient pas illico, je ferai la grève du sexe ! 😠
Mère Supérieure : ils savent qui t'a tiré dessus?
Moi : oui.
Yna : donne-moi leur nom, je vais brancarder leur sale tête partout dans le Déchainé !
Mère Supérieure : non, on a déjà eu assez de gardes à vue comme ça, il faut laisser faire la police, en espérant qu'ils les trouvent rapidement.
Diane : qui s'est qui va être ton garde du corp ? Emery ? 😲
Je m'apprête à répondre avant de me raviser. L'idée que mon pire ennemi reste à mes côtés me rassure un peu, je l'admets. Une pointe d'excitation vient même se frayer un chemin dans ma poitrine mais je la chasse aussitôt. Pour le coup, si on passe nos journées ensemble, on finira certainement par s'entretuer nous-mêmes.
Moi : rien n'est décidé encore, j'attends qu'Emery finisse de parler à son chef. Il arrive, je vous laisse les filles, je vous tiens au courant !
Mère Supérieure, Yna et Kim : ❤️
Diane : ❤️❤️❤️
*Il ne s'agit pas d'une faute d'orthographe. Enfin si, mais faite par Diane qui n'est pas une experte en la matière.
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Les Délurées - Tome 2
HumorPlongez dans les aventures rocambolesques des Délurées, un groupe de féministes prêtes à tout pour réclamer justice et faire tomber les phallocrates les plus récalcitrants de leur chère ville rennaise. Dans ce deuxième tome, Mathilde Millet, la fer...