Chapitre 8

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Math

-Tu aimes le rap ? me demande Hamel en fouillant dans son répertoire de musique.

Je hoche la tête et il joue Esmeralde Xerxes, que je ne connaissais pas mais dont le son m'aide un peu à me détendre.

-Déjà été en Belgique ?

-Non.

-C'est pas mal, dit-il en tirant une latte de son joint avant de le recracher par la fenêtre. T'as jamais voyagé ?

-Si.

Un silence s'installe. Hamel me regarde, comme s'il attendait plus de ma part.

-En Europe, précisé-je, et toi ?

-J'ai tout fait. Les US, les Maldives, la Thaïlande...

J'ai envie de lui demander avec quel argent mais la réponse me paraît évidente.

-Qui sait, peut-être qu'un jour, je te ferai découvrir d'autres pays que l'Europe.

Je m'imagine soudain lui et moi sur une plage dorée et dois me faire violence pour chasser ses idées de ma tête.

Quelques heures plus tard, nous approchons de la frontière. Mon cœur bat à mille à l'heure. La vitesse est limitée à 10 km/heure. Deux agents munis d'une lampe torche sont postés de part et d'autre de la route. L'un d'eux me fait signe de m'arrêter. Je tente de contrôler mon angoisse. A moins de démonter toute la voiture, ils ne pourront rien trouver.

-ça va aller, Bébé.

Je me rassure en me disant qu'Hamel sait ce qu'il fait. J'immobilise le véhicule au niveau de l'agent et ouvre la fenêtre.

-Les papiers du véhicule, s'il vous plaît, me dit celui-ci.

Je sors mon permis de ma sacoche et Hamel lui tend la carte grise placée dans la boîte aux lettres. Dans le rétroviseur, je vois sa collègue douanière pointer le faisceau vers les siège arrière vides.

-Vous allez où comme ça ?

-Visiter ma famille à Bruxelles avec ma copine, Monsieur l'agent, répond Hamel d'un ton enjoué tout en plaçant son bras autour de mes épaules.

L'agent nous scrute une seconde puis referme la carte grise et me la tend avant de nous lâcher un : « vous pouvez circuler » et je peux enfin respirer.

Nous nous engageons sur l'autoroute et Hamel pianote sur son portable, comme si on ne venait pas de mettre en péril notre mission.

-Vous faites ça souvent ?

-Une à deux fois par mois... intéressée par un contrat à plein temps, Millet ?

-Non, merci.

Hamel laisse échapper un rire cynique.

-Tu te débrouilles bien, pourtant.

Même si j'apprécie le compliment, il est évident que je n'en ferai jamais mon métier.

-On a d'autres postes vacants, tu sais.

-Comme lesquels ?

-Tout dépend, à quoi tu aspires, Millet ?

Sa question me prend au dépourvu. Même si j'adore mon métier, il est vrai qu'il ne m'anime pas forcément. Cela fait plus de cinq ans que je suis mécanicienne et la routine s'est installée depuis bien longtemps. Je me suis engagée auprès des Délurées il y a un an et demi pour ses actions trépidantes et bénéfiques mais je ne pourrais jamais en vivre.

-Tu sais ce que je crois ? Tu es frustrée par ta vie actuelle, tu as besoin que ça bouge, tout le temps, de prendre des risques, de repousser tes limites. Tu t'enlises dans ton quotidien alors que tu pourrais faire tellement de choses et accepter plus de défis. C'est dans tes tripes, pourquoi ne pas te laisser vivre ?

Les Délurées - Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant