CHAPITRE 34

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CASSANDRE


J'opine du chef. Sa voix m'évoque quelque chose de familier, sûrement parce que je l'ai déjà entendu parler la dernière fois.

— Et vous ? Comment puis-je vous désigner ?

— Il ne sera pas nécessaire de m'appeler. Vos gémissements seront suffisants.

Un frisson dévale mon épine dorsale. Ses mots de la dernière fois me reviennent en tête.

Je vais vous défoncer.

Il l'a dit avec tant d'élégance que j'ai su ce jour-là qu'il ne signifiait rien de sadique ni de cruel. Et il a tenu parole car je n'ai rien oublié.

— Allons ailleurs, proposé-je.

Je lui tends la main, il la prend. Ses doigts sont longs et fuselés. Sa peau est glaciale, la mienne bouillante. Je ne sais pas lequel de nous deux brûle le plus, mais l'attraction de nos deux corps est incandescente.

Dans le couloir, nous croisons différents assortiments. La plus belle femme avec un homme si repoussant que même son masque ne suffit pas à couvrir sa laideur. La plus douce avec le plus brutale. La plus jeune avec le plus vieux. Un nombre incalculable de choses me dégoûtent dans cet endroit.

Tout est si beau, tout prête à l'émerveillement. Des odeurs sucrées aux splendeurs que revêtent les murs et le sol, en passant par le mobilier de luxe. On pourrait croire à un paradis alors qu'il s'agit de l'enfer déguisé. Le pire de l'humanité laisse libre court à son imagination contre quelques billets. Les riches possèdent les envies les plus crades et les plus avilissantes, comme si la notion même d'être humain ne leur effleurait pas l'esprit.

Ils ne veulent pas de sexe. Le sexe, c'est un moment de plaisir, de partage. Une connexion entre deux personnes, peut-être le temps de quelques minutes ou celui de toute une vie. C'est parfois une promesse, parfois juste un accord éphémère. Mais ça reste un joli moment entre deux personnes, ou davantage.

Ces monstres ne veulent pas de sexes. Ils veulent posséder. Ils veulent avilir. Souiller. Salir. Ils pensent que l'argent achète tout, même la possibilité de mettre à exécution leurs rêves les plus vicieux. Je ne compte plus le nombre de choses écoeurantes que j'ai vues ou subies et que je tente désespérément d'oublier.

Celui qui marche à mes côtés ne va pas me maltraiter. Je ne le connais pas. Je n'ai aucune idée de la couleur de son âme. Elle pourrait être plus noire que les ténèbres, j'ai la certitude qu'il ne me fera pas de mal. Ça ne s'appuie sur aucun raisonnement logique. Mon intuition me l'affirme et je lui fais confiance.

À moins que la drogue et l'alcool ne me fasse réfléchir de travers ?

La moquette au sol n'a pas changé. Pourtant, j'ai l'impression de marcher sur un nuage à chaque pas que je fais. Mon corps est attiré par le plafond, comme si j'étais un ballon de baudruche gonflé à l'hélium. Mes paupières sont lourdes. J'ai envie de dormir. La seconde suivante, je me sens tellement en forme que je pourrais rester éveiller jusqu'à la fin de mes jours.

Rien n'a de sens.

Au premier étage, nous trouvons une chambre libre. L'avant-dernière au fond du couloir. Dès qu'une cravate rouge est nouée sur la poignée d'une porte, cela signifie que la pièce est occupée et qu'il est interdit d'y entrer. Pour ceux qui aiment que d'autres personnes se mêlent à leur plaisir, il suffit de laisser entrouvert. Je n'ai croisé que deux pièces correspondant à cette envie sur mon chemin.

L'inconnu glisse sa main dans le bas de mon dos et referme derrière moi. Nous sommes seuls dans cette chambre qui ressemble à toutes les autres. Lit à baldaquin, coffre luxueux, rideaux et tapis en matériaux nobles. Rouge. Rouge. Rouge.

Tout est rouge. Du carmin à l'écarlate, en passant par le pourpre. Les nuances se mélangent dans un faste qui me donne le tournis.

Tu es sûr que c'est l'environnement qui te donne le tournis ?

Je fais taire la petite voix dans ma tête pour me concentrer sur l'inconnu. Il est plus grand que moi d'au moins quinze centimètres, mais avec mes talons aiguilles, je réduis cet écart. Il a glissé ses mains dans ses poches et m'observe en silence. Ce dernier me met mal à l'aise. Alors je parle.

— Vous allez me défoncer ?

Ses lèvres s'entrouvrent. Il ne s'attendait pas à ce que je dise ça.

Elles s'étirent. Son sourire me bouscule. Il est d'une douceur acidulée qui me surprend.

— Je vais vous défoncer, confirme-t-il.

Il fait un pas. Puis deux.

— À moins que vous ayez des objections ?

Il continue d'avancer. Je recule. Jusqu'à ce que mon dos touche le mur. Je ne sais pas pourquoi j'ai eu ce réflexe, je n'ai pas peur de lui. Enfin je crois.

Le grand brun se tient si près de moi que son souffle tiède me caresse la peau. La simplicité de son masque accentue la curiosité qui me dévore. Je brûle de le lui arracher pour découvrir à quoi il ressemble sans. Je suis sûr qu'il est séduisant. S'il n'est pas là pour assouvir des envies déviantes et perverses, mais juste pour prendre du plaisir avec une femme, je ne comprends pas ce qu'il fait dans un bordel. Il ne doit avoir aucun mal à séduire ses partenaires.

Il m'intrigue. J'ai envie de le comprendre. De percer à jour ses secrets.


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KILL BILL (Dark Romance)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant