CHAPITRE 21

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CASSANDRE



— Il nous reste un point à éclaircir, énoncé-je au bout de dix minutes de silence.

Axel relève la tête vers moi, attentif. Sa middle part crée un relief saisissant des deux côtés de son visage, accentuant la longueur de son visage et les angles de sa mâchoire. Ses prunelles sont aussi noires que ses cheveux, me donnant l'impression de sombrer dans un puit sans fond chaque fois que je les croise. Ce type a quelque chose de lugubre... de terrifiant, même.

Évidemment, je ne l'admettrais jamais à voix haute. Pas question de perdre la face, surtout devant lui.

— On sait qu'on doit croiser les deux matières dans lesquelles on a échoué, mais je n'ai eu aucune idée brillante sur la manière de les combiner. La sociologie des entreprises m'emmerde profondément.

— C'est vrai que la religion et la spiritualité c'est beaucoup plus amusant, persifle-t-il. Si j'avais envie de lire une bonne œuvre de fantasy, j'irai au rayon concerné.

Ma mise en garde fuse en retour :

— Tu frôles le blasphème, Alex.

— Pardon d'avoir offensé sa majesté des casse-couilles, Cassandra première du nom, rétorque-t-il en faisant semblant d'ignorer que j'ai écorché son prénom. Je n'ai pas de problème avec les croyances des autres, je les respecte. J'ai un problème avec ceux qui veulent l'imposer et ne respectent pas le libre-arbitre de chacun. Le prof ne reste pas impartial dans son cours, il essaie de prêcher pour sa paroisse, si tu me passes l'expression.

Je me mordille l'intérieur de la joue.

— Là-dessus, je ne te donne pas tort, admets-je à contrecœur. Plusieurs personnes s'en sont plaintes, d'ailleurs.

Ses prunelles s'arrondissent.

— Ah oui ?

— J'ai dû aider Carmen a gérer une erreur administrative avec son dossier : l'université n'avait pas reçu son paiement alors qu'elle l'avait bien fait. Bref ! Pendant qu'on attendait, trois filles de notre promotion évoquaient l'idée de créer une pétition parce que la secrétaire ne voulait rien entendre sur le sujet.

— Pourquoi elles n'ont pas demandé à parler au doyen ?

— Elles l'ont fait. La secrétaire a répondu que si elle devait le déranger chaque fois qu'un étudiant avait envie de se plaindre, il n'aurait plus le temps de respirer.

Ça ressemble bien au genre de consignes que mon cher paternel ferait passer. Il aime se donner l'air d'être un type cool en public, en gratifiant de sourires qui veut en recevoir, mais c'est surtout quelqu'un qui sait ce qu'il veut. Il dirige Princeton d'une main de fer sans le laisser paraître. Il fait semblant d'accorder des concessions à ses collaborateurs pour donner l'impression d'abonder dans leur sens mais en réalité, il sait très bien comment amener les gens où il veut.

Personne ne dira jamais ça de lui, tout le monde l'adore. L'adule. Le vénère, presque. Lui qui hait la spiritualité, j'en rirais si je n'étais pas aussi amère de le savoir détestable uniquement avec moi.

— Le doyen, ce n'est pas ton père ? me demande Axel d'un air cryptique.

Je relève la tête pour affronter son regard. Le mien flanche à la première seconde, ce qui lui provoque un sourire immédiat. Je m'en veux d'être aussi transparente, mais je n'y peux rien, ses iris sont aussi noirs qu'intenses...

— Si.

— Pourquoi tu ne lui parles pas toi-même ?

Je hausse les épaules. Bien qu'il ne dise rien, je devine que deux hypothèses se dessinent dans sa tête : soit je ne partage pas l'avis de ces trois filles et ne perçois pas l'intérêt de le faire, soit je sais que ça ne servirait à rien parce que mon père ne prendrait pas mon avis en compte. De là, il peut soit imaginer que mon père est du genre à camper sur ses positions face à n'importe qui – ce qu'il se donne bien du mal à dissimuler publiquement – ou qu'il se moque éperdument de l'avis de sa fille.

Ses réflexions ne sont pas poussés bien loin puisque je le vois s'assombrir et secouer la tête, comme s'il s'en voulait de se poser des questions à mon sujet. Comme si ça l'ennuyait ou qu'il gaspillait son énergie pour rien.

Mon cœur se serre.

— T'as une idée pour croiser les deux matières ? demandé-je un peu sèchement.

— En fait, j'en ai bien une, admet-il distraitement. Pourquoi ne prendrait-on pas le prisme des croyances individuelles pour étudier la manière dont elles divisent ou rassemblent les employés au sein d'une entreprise ? Ça permettrait d'étudier les conséquences positives et négatives du phénomène, tout en regroupant les deux notions qu'on nous a demandé de reprendre.

J'écarquille les yeux. Pas besoin d'avoir le QI d'Evan Livingstone, le mannequin qui enflamme mon feed Instagram – et ma culotte à l'occasion – pour comprendre la raison de mon étonnement. D'ailleurs, Axel ricane et me lance :

— Je vois que tu le pensais vraiment quand tu m'as traité de « connard écervelé ». Dommage pour toi, tu devras te contenter du connard. J'aime particulièrement me servir de mes neurones.


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KILL BILL (Dark Romance)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant