CHAPITRE 20

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AXEL



J'apprécie de moins en moins cette fille : elle a trop de pouvoir sur moi. Je n'arrive pas à la ranger dans une case comme la plupart de mes congénères. Ses multiples facettes brouillent les pistes.

Deux choix s'offrent à moi : renchérir sur les échanges de pique ou accepter à mon tour de ralentir la cadence. La première option me séduit davantage mais je suis ici pour avancer sur ce maudit dossier. Alors je fais le choix de la raison.

— Je ne suis pas toujours très cool, admets-je. Mais j'accepte tes excuses. On s'y met ?

— Et toi, tu comptes t'excuser ?

— De ?

— Il faut vraiment que je te dresse une liste ? me dit-elle avec un étonnement palpable. C'est pourtant de notoriété publique.

La seule chose que tu me dresses actuellement m'insuffle des envies loin d'être accessibles au grand public.

Avant même que je puisse dire quoi que ce soit, elle énumère les points suivants tout en appuyant un doigt à la fois pour bien imager le décompte.

— Mon prénom que tu fais exprès d'écorcher alors que tu le connais très bien, tes regards noirs, ton attitude glaciale, le ton passif-agressif que tu me réserves dès que tu m'adresses la parole, tes métaphores animalières pour subtilement me traiter de « chienne ». Je continue ?

— Je ne t'ai jamais traité de chienne.

— On n'en était pas loin.

— Je ne t'ai jamais traité de chienne.

— Un jour tu assumeras, lâche-t-elle d'un ton péremptoire qui a pour vocation de clore la discussion.

Je me contente d'ouvrir les trois livres que j'ai sélectionnés pour bosser sur notre dossier. Cassandre les observe du coin de l'œil tout en prenant quelques notes sur un post-it rouge criard. Elle résume nos prises de décision, à savoir partir sur sa troisième proposition. Son écriture est ronde et pétillante, à son image. J'imagine ce qu'elle dirait de la mienne, précise mais angulaire. Elle reflète l'instinct primitif sous clef qui sommeille au fond de moi ainsi que mes tendances psychorigides.

— Bon ! Comment on fait ? Une partie chacun, on met en commun et on avise ? On repasse sur le travail de l'autre pour s'assurer que tout nous convient ?

— On n'a qu'à travailler en suivi de modification, comme ça on ne touche pas directement le texte mais on fait des propositions.

— Ça me va.

Cassandre griffonne ce que nous venons de dire.

— T'es obligé de tout noter, comme ça ?

— Ça me libère l'esprit. Je n'ai pas de place à consacrer à des broutilles. Je te parlerais bien de charge mentale, mais je doute que tu saches de quoi il s'agit. Tu es l'archétype du mâle alpha pseudo bad boy qui se la joue ténébreux.

— Tu me trouves ténébreux ?

— Ce n'est pas ce que j'ai dit.

— C'est exactement ce que tu viens de dire.

Elle secoue la tête et poursuit sa prise de note. Son trait de crayon s'avère plus intense, signe qu'elle appuie davantage en proie aux émotions que je viens de lui insuffler. Un sourire me gagne.

— Un truc te fait rire ? assène-t-elle sèchement.

— À bien y penser, tout ce que tu m'as dit prête à rire.

Tout en traçant des guillemets dans les airs, je la singe :

— « L'archétype du mâle alpha pseudo bad boy qui se la joue ténébreux ».

— Je maintiens ce que j'ai dit, insiste-t-elle effrontément.

Son regard bleuté me fixe avec toute la témérité dont il dispose. Mes lèvres s'étirent un peu plus encore. Cette fille n'est pas seulement agaçante, elle est aussi teigneuse. Mais dans le bon sens : elle aime avoir le dernier mot. Montrer qu'elle a du cran, de la poigne.

— Il ne te manque plus que quelques réflexions homophobes et je te colle aussi l'étiquette du beauf. La panoplie sera complète.

Mon regard épouse ses clavicules dénudées par son top au motif fleuri. La descente vers son décolleté se fait en douceur, ne dévoilant pas grand chose et laissant de l'espace à l'imagination.

— Tu ne m'entendras jamais tenir de propos homophobes, contré-je d'une voix douce.

— Ça reste à prouver, rétorque-t-elle de son air revêche.

— Et pour ta gouverne, mon sujet de recherche de fin d'année dernière portait sur la charge mentale au sein des couples de quarante, cinquante et soixante ans. Alors tu peux me décrire comme un mâle alpha et un pseudo bad boy autant que ça te fait kiffer, je reconnais avoir mon petit ego. Mais je ne suis pas l'enfant du patriarcat que tu sembles voir en moi.

Elle s'apprête à répondre mais je lui coupe l'herbe sous le pied.

— Le monde est constitué de nuances, Cassandra. Il serait peut-être temps de t'en rendre compte au lieu d'affubler tous les gens que tu croises de tes clichés démodés.

Sa mâchoire se décroche. Je me désintéresse d'elle pour me plonger dans la lecture du premier livre que j'ai sélectionné, un guide chronologique de l'apparition des différentes religions dans le monde. Ce sujet est barbant et ne m'intéresse pas le moins du monde. Je ne crois pas à tous ces trucs-là, bien que je respecte les croyances de chacun. Si Cassandre a obtenu la meilleure note dans cette matière l'an passé, elle doit s'y connaître sur le bout des doigts.

Au bout de trois pages, je décroche de ma lecture pour observer mon binôme sans le prisme de détestation profonde auquel je m'étais habitué. Cassandre dégage une mèche de cheveux derrière son oreille, découvrant son visage et une partie de son cou. Sa peau a l'air douce rien qu'à y poser les yeux.

Est-ce bien normal d'avoir envie de le vérifier du bout des lèvres ?


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KILL BILL (Dark Romance)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant