CHAPITRE 27

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AXEL

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AXEL


Je quitte le campus pour m'engager au cœur de ville de Princeton. C'est loin d'être la plus belle ville de l'état, il faut le reconnaître, mais elle n'est pas dénuée de charme pour qui sait le reconnaître. Si ça ne tenait qu'à moi, je me serais tiré d'ici il y a bien longtemps. Mais pour aller où ? Et pour faire quoi ?

Une seule mission justifie ma présence sur terre. Sans elle, je n'aurais même plus de raison de vivre. Ma place est à Princeton et nulle part ailleurs tant que je n'aurai pas été au bout de mon dessein.

Non loin d'une boutique de vélo où m'emmenait ma mère lorsque j'étais gamin, il y a un parc où j'aime bien venir pour m'éclaircir les idées. La végétation a cet effet étonnant sur les gens : elle nous ramène à l'essentiel en gommant le superflu.

Tout en scannant les environs pour vérifier que personne ne m'observe, je m'approche d'un banc souvent laissé à l'abandon en raison de sa vétusté. Une des planches s'est fendue dans le milieu avec le temps et du lichen a élu domicile sur chacune des surfaces. Je m'accroupis puis tâtonne de la main sur la planche du milieu, réprimant le dégoût qui me traverse en frôlant la mousse verte.

Une enveloppe m'attend.

À l'intérieur, je trouverai des noms.

Ceux de mes prochaines victimes.

Je tire pour la libérer de l'adhésif la maintenant en place puis après une ultime vérification que personne n'ait observé mon manège, je prends le chemin en sens inverse pour rentrer chez moi sans même l'ouvrir.


***


Beaucoup d'adjectifs correspondent à mon appart' mais un l'illustre sans équivoque : pourri. À la limite de la salubrité, par endroit. Les murs sont décrépi, les ampoules sont suspendues au bout de gaine sans abat-jour, les lattes de plancher sont irrégulières et certaines ne sont même plus attachées à leurs voisines. On dirait un vieux navire que les flots ont mis à rude épreuve.

Rayane m'a souvent proposé de prendre un week-end pour tout retaper. À deux, nous aurions besoin de beaucoup plus que quarante-huit heures pour transformer cet endroit. À moins d'utiliser une formule magique or si ma baguette magique satisfait mes partenaires au lit, je doute qu'elle soit aussi efficace pour faire un réchampi.

Si nous étions une équipe entière, sûrement arriverions-nous à nos fins en si peu de temps. Le problème, c'est que je n'ai pas d'amis. À part Rayane. Il m'arrive encore de me demander ce qu'il me trouve pour me supporter à ce point. Apprécier ma compagnie relève déjà du miracle mais accepter de vivre avec moi, c'est carrément de la charité.

Je sais comment je peux être : con. Froid. Chiant.

Ce n'est pas mon moi profond, juste la facette de moi qui ressort la plupart du temps. Par instinct de conservation. Et parce qu'il est plus facile d'affronter le mépris des gens que leur compassion. Je ne veux attirer la pitié de personne : je préfère être détesté. Et craint.

Dès que quelqu'un est sur le point de me trouver une qualité, je fais en sorte de réduire à néant tous ses espoirs. Comme avec Cassandre à la bibliothèque. Je me suis laissé emporter par la conversation. Je dois reconnaître qu'elle est loin d'être aussi inintéressante qu'elle pourrait le laisser paraître. C'est de ma faute, je l'ai jugé à ses artifices : elle adore les fringues, les bijoux, le make-up. Cela n'a rien de dommageable, il est juste plus rare d'être passionné de tout ça et d'être aussi cultivé.

Cassandre réussit ce tour de force. Et si je n'avais pas reçu ce message me rappelant à l'ordre sur l'arrivée de ma prochaine mission, qui sait jusqu'où je me serais laissé endormir par cette discussion triviale ?

Dans le salon, je tombe sur Rayane, en pleine partie de Mario Bros sur sa Nintendo Switch. Quand sa langue sort de sa bouche et que ses sourcils forment de drôles d'accents circonflexes, c'est qu'il est concentré. Très concentré. Du genre si je l'emmerde dans un moment pareil, il va péter les plombs.

Je ne sais pas pourquoi, l'envie fulgurante de voir se scénario se produire me taraude.

Je me laisse choir sur le canap près de lui, le faisant rebondir à cause des vieux ressorts qui ont percé la mousse à plusieurs endroits.

— Putain ! Axel, tu fais chier !

Il se rattrape comme il peut en stabilisant ses mains sur sa manette, mais l'écran de la télé me dit tout ce qu'il y a à savoir : il vient de perdre son pouvoir spécial. Pas sûr qu'il arrive à terminer le niveau sans.

Il grommelle un flot d'insulte que je n'intellectualise pas – ça me fatiguerait pour rien. J'ai besoin de toute l'énergie dont je dispose pour mener à bien ma mission.

Rayane soupire et met le jeu en pause.

— On peut savoir ce qui me vaut ce mauvais traitement ? bougonne-t-il.


— On peut savoir ce qui me vaut ce mauvais traitement ? bougonne-t-il

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INSTAGRAM : @kentinjarno

KILL BILL (Dark Romance)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant