CHAPITRE 19

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AXEL

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AXEL


— C'est une session de travail ou Barbie chez la coiffeuse ? persiflé-je.

Ses prunelles bleues me noient sous le flot de leur courroux tandis qu'elle rétorque :

— Comme si tu ne rêvais pas de me tirer les cheveux dans un autre contexte.

Un frisson dévale mon épine dorsale. Il faut reconnaître qu'elle a du répondant. Pourquoi je ne m'en suis jamais rendu compte avant ?

Sûrement parce que tu as plus important à gérer dans ta vie. Je dois me débarrasser au plus vite de ce maudit dossier pour me concentrer sur l'essentiel. Je ne peux pas foirer mes études parce que j'en ai fait le serment, mais elles ne représentent pas le pan le plus important de mon existence. Ma mission est autre. Il n'y a qu'elle qui compte.

— J'ai réfléchi ! annonce Cassandre. Trois plans me sont venus à l'esprit pour ce dossier et à mon sens, le dernier est le plus pertinent.

Je l'écoute d'une oreille distraite, hypnotisé par les ondulations de ses cheveux blonds qui ploient sous le mouvement de ses mains comme un champ de blé sous la force du vent. Je ne peux nier sa beauté. Songer une seconde qu'elle est laide juste parce qu'elle est agaçante ne serait que pure hypocrisie. La vie a un sens de l'humour sacrément aiguisé pour faire des filles les plus jolies les plus casse-pieds. Celles qui ont croisé ma route, en tout cas.

— Tu en dis quoi ?

Elle me fixe de ses prunelles au bleu si intense que j'en perdrais l'équilibre si je n'étais pas assis. Je n'ai rien écouté mais n'axant pas l'intention de perdre la face, je réponds avec aplomb :

— Une fois n'est pas coutume, je suis d'accord avec toi. Le troisième choix me paraît le plus pertinent.

Au moins comme ça, je fais une concession. Reste à espérer qu'elle soit moins chiante pour le reste de notre session de travail. Je n'ai pas d'énergie à gaspiller pour une enquiquineuse qui a trouvé le moyen de faillir à sa réputation d'intello pile au même moment que moi.

— Tu es sûr ? insiste-t-elle.

L'espace d'une seconde, le doute s'insinue en moi. Essaie-t-elle de me tester ? A-t-elle compris que je n'ai rien écouté ? Ou pire : n'aurait-elle fait que deux propositions juste pour me piéger ? Elle en aurait fait une comme dix, je serais bien incapable de le dire.

— Je donne l'impression d'être le genre de personne qui dit autre chose que ce qu'elle pense ? rétorqué-je d'une voix égale.

Cassandre fronce les sourcils, rien qu'un peu.

— Non. Enfin, je suppose... je ne te connais pas.

— Tu avais pourtant l'air d'en savoir un rayon sur moi à la soirée.

Elle se mordille la lèvre. Je la sens moins combative, plus... tempérée. Moi-même j'ai naturellement modulé mon ton pour paraître moins acide, moins corrosif. Ça a fini par devenir une seconde nature chez moi, au point que Rayane doit souvent me rappeler à l'ordre pour que je m'adoucisse.

— Je te présente mes excuses pour ce que j'ai dit à ton sujet. Mes propos sexualisants étaient déplacés... et probablement faux, ça je n'en ai aucune idée. J'ai inventé des trucs juste pour t'humilier devant les autres, ce n'était pas terrible.

Désarçonné, je reste coi. Si je m'attendais à ce que la conversation prenne cette tournure... J'ai un talent certain pour cerner les gens et prévoir leurs faits et gestes. Cela m'a servi à de nombreuses reprises, dans ma vie publique comme dans mes missions les plus sombres. Cassandre fait partie des rares élus capables de m'entraîner en territoire inconnu au moment où je m'y attends le mien.

Décidément, je vais de surprise en surprise avec elle.

— Je n'ai pas de frère et sœur, enchaîne-t-elle en réponse à mon silence. J'ai grandi seule, mon père travaille beaucoup. Parfois, je manque de tact et de savoir-faire dans mes relations sociales. J'ai suivi des cours par correspondance jusqu'à mes années lycées.

— Et tu me dis ça parce que ?

Son regard s'assombrit.

— Pour rien, lâche-t-elle sèchement. J'essayais juste d'être sympa. Il faut croire que même ça ne je n'y arrive pas. À moins que tu ne sois juste un connard écervelé et masochiste qui ne prend plaisir qu'à se faire insulter. N'hésite pas à me le faire savoir, je serais ravi de t'offrir autant d'orgasmes sémantiques que tu désires.

Mon sang afflue en zone interdite à l'évocation du mot « orgasme » sous l'égide de la voix suave de Cassandre. J'apprécie de moins en moins cette fille : elle a trop de pouvoir sur moi. Je n'arrive pas à la ranger dans une case comme la plupart de mes congénères. Ses multiples facettes brouillent les pistes.

Deux choix s'offrent à moi : renchérit sur les échanges de pique ou accepter à mon tour de ralentir la cadence. La première option me séduit davantage mais je suis ici pour avancer sur ce maudit dossier. Alors je fais le choix de la raison.

— Je ne suis pas toujours très cool, admets-je. Mais j'accepte tes excuses. On s'y met ?

— Et toi, tu comptes t'excuser ?

— De ?

— Il faut vraiment que je te dresse une liste ? me dit-elle avec un étonnement palpable. C'est pourtant de notoriété publique.

La seule chose que tu me dresses actuellement m'insuffle des envies loin d'être accessibles au grand public.


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KILL BILL (Dark Romance)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant