CHAPITRE 28

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AXEL



Rayane soupire et met le jeu en pause.

— On peut savoir ce qui me vaut ce mauvais traitement ? bougonne-t-il.

J'éclate de rire.

— Mauvais traitement, carrément ? Monsieur n'a pas peur des mots.

Il me fusille du regard mais je ne bronche pas.

— Pour te répondre, tu te rappelles la gousse de vanille que tu as mis dans mes Rāmens hier soir ?

Rayane essaie de rester stoïque le plus longtemps possible jusqu'à ce que son masque craquelle et qu'il s'esclaffe.

— Ah donc tu t'es vengé ? Très mature. En même temps... t'aurais vu ta tête quand tu as goûté une première bouchée, raille-t-il. Ça valait le coup.

Je lui adresse un doigt d'honneur.

— Me le laisse pas trop longtemps sinon tu sais où il va finir.

Un sourire me gagne.

— T'es chiant ! lâché-je sur un ton faussement fâché.

— Je sais. Mais tu m'aimes quand même.

Il a raison. Je l'aime. C'est assez étrange car les gens m'insufflent a minima un manque d'intérêt profond. Souvent ils m'agacent et parfois ils me sortent par les yeux.

Apprécier quelqu'un relève du miracle chez moi.

Aimer quelqu'un... il n'existe même pas de mot pour le décrire. Je pensais que ça n'arriverait jamais. Mon meilleur ami a changé ma perception des chose. À l'heure actuelle, il demeure l'exception qui confirme la règle. Ça ne s'est jamais reproduit.

— Tu comptes geeker toute la soirée ?

Rayane hausse les épaules.

— Je sais pas trop. Je devrais sûrement mettre le nez dans mes cours pour ne pas prendre trop de retard mais j'ai une flemme monumentale. J'hésitais entre finir ce monde de Mario ou scroller sur Tinder en quête d'un plan cul.

— T'es au courant que le concept du plan cul ne te correspond pas du tout ? T'as beau rouler des mécaniques, t'es trop sentimental. Romantique, même.

Je retiens un haut-le-cœur en prononçant ces mots.

— Et ? Un peu de chaleur humaine, ça n'a jamais tué personne.

Oh ça non. S'il suffisait d'un peur de chaleur pour donner la mort, j'aurais déjà ajouté cette arme à ma panoplie.

— Le problème c'est que tu couches avec des mecs qui ne veulent que du cul en espérant qu'ils changent d'avis une fois qu'ils t'ont rencontré.

— J'aime croire que je suis assez exceptionnel pour ça.

En dépit de la conviction qu'il a mis dans sa phrase, je sais qu'il manque de confiance en lui. Il a peur qu'on ne l'aime jamais. Qu'il soit juste un numéro sur une liste. Un passe-temps. Un jouet qu'on prend puis qu'on jette.

Et sa stratégie ne l'aide pas.

— Rayane ! Si tu continues de laisser les gens te prendre pour un con, ils continueront de te prendre pour un con. C'est aussi simple que ça. Arrête de chercher des plans d'un soir qui te font plus de mal que de bien. Je sais pas ! Essaie de rencontrer quelqu'un qui veut un truc sérieux.

Il me fixe de ses prunelles marron. Une drôle de chaleur en irradie.

— Il est bien là, le problème. Les mecs qui veulent des trucs sérieux ne courent pas les rues.

Je me rapproche de lui pour que nos épaules se touchent.

— Je sais que ça te rend triste de ne pas trouver quelqu'un pour partager ta vie. Ça compte pour moi. Mais quand on veut du ruban adhésif, on ne le cherche pas au rayon glu. Les deux collent, mais ils ne servent pas les mêmes intérêts.

Rayane arque un sourcil.

— Un peu naze cette analogie, admets-je.

— J'allais me foutre de ta gueule mais tu sais quoi ? Elle était plutôt claire, en fait. Je crois que tu as raison.

Je ricane.

— J'ai toujours raison. C'est dramatique que tu t'en rendes seulement compte.

Mon pote m'envoie son poing dans le bras. Nous nous chamaillons un moment, avant que le calme revienne. Rayane reprend sa partie de Mario. Je le regarde jouer quelques minutes.

— J'ai besoin de calme, ce soir.

Il acquiesce. Il me connaît. Quand j'émets cette demande, il la respecte. Chacun a ses limites et le ciment de notre relation repose sur le respect de celles de l'autre.

Je me lève du canapé puis traverse le couloir pour rejoindre la porte au fond à droite : celle qui dissimule ma chambre. Avant d'en franchir le seuil, je vérifie la poche intérieure de ma veste : l'enveloppe s'y trouve toujours. Je n'ai pas encore pris connaissance de son contenu, ça n'a pas d'importance. J'y jetterai un œil en temps voulu.

Autrement dit, au dernier moment.

La pièce dans laquelle je dors n'a rien d'exceptionnel. Aucune toile au mur, un lit simple avec une parure noire unie, une commode, une armoire et un bureau sur lequel est posé une vieille lampe de chevet. Le fil a un faux contact qui me permet d'avoir de la lumière une fois sur trois, au bon vouloir du hasard.

Je m'étends sur le lit, le regard rivé au plafond. Des tâches d'humidité s'étendent à plusieurs endroits. Un jour le plafond s'effondrera en déversant les litres d'eau qui proviennent de l'étage supérieur. Avec un peu de chance, je mourrais noyé et je n'aurais plus à me soucier de rien.

Non.

Mourir serait trop simple. Et j'ai prêté serment. Tant que je n'aurais pas accompli ma destinée, je ne peux rendre mon dernier souffle.


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KILL BILL (Dark Romance)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant