CHAPITRE 23

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CASSANDRE

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CASSANDRE


— Patiner... tu veux dire sur la glace ?

— Peu importe, ajoute-t-il d'un ton plus sec.

Ses doigts s'agitent sur le clavier de son ordinateur pour couper court à la conversation. Je m'évertue à l'observer, dans l'espoir qu'il me fournisse une explication. J'aimerais prétendre que je n'en ai rien a secoué mais ce serait un beau mensonge. Je ne m'attendais pas du tout à cette réponse et maintenant, je suis intriguée.

Mon voeu semble s'exaucer car Axel tourne la tête vers moi et me dit :

— Tu ne vas pas me lâcher tant que je n'aurais pas développé, hein ?

— C'est fou comme tu peux ne pas me connaître du tout et pourtant si bien m'avoir cerné, raillé-je.

— Je sais pas trop pourquoi j'ai dit ça, m'avoue-t-il d'un air lointain.

Il semble perdu dans ses souvenirs, le regard dans le vague.

— J'ai toujours voulu en faire, comme dans un film que je regardais tout le temps gamin. Je n'ai juste jamais eu l'occasion.

Prise dans la conversation, je demande :

— Quel film ?

— Ne pousse pas le bouchon, Cassandra. Cette conversation donnerait presque l'impression qu'on s'entend bien, voire qu'on est amis.

Je me redresse, grimace et rétorque :

— Arrête ! J'en ai un frisson de dégoût.

— Ça nous fait un point commun que je renie pas. Bon, on s'y met ?

L'heure qui suit, nous parvenons à trouver un terrain d'entente pour avancer sur notre dossier. Un plan solide se dessine et la répartition de la rédaction des différentes sous-parties nous apparaît naturellement. Axel propose même de se charger de l'introduction qui doit présenter nos deux notions.

— Ça me va. Je me chargerai de la conclusion et des notes de bas de page, si tu veux.

Il opine du chef. Je le trouve bien loin désagréable ce qui me donne l'impression d'être avec une autre personne. Son frère jumeau qui lui ressemblerait en tout point mais aurait été pourvu d'une personnalité agréable, lui au moins.

C'est comme si notre séquence confidences avait tissé un lien fragile et éphémère suffisamment prégnant pour nous offrir une trêve le temps de travailler main dans la main. En parlant de main, je n'arrête pas de fixer ses doigts osseux qui virevoltent sur les touches de son clavier. Ils sont si longs, si fuselés, si... incandescents.

— On bosse chacun de notre côté et on fait un point dans une semaine ? me propose Axel.

— Ça me va. On pourra se retrouver à la cafet' pour faire le point.

— Si tu veux m'inviter à boire un verre, il te suffit de demander.

— Dans tes rêves ! Ça nous évitera juste de réserver une table à la bibliothèque.

Un système précis régit l'utilisation de ce lieu, obligeant les étudiants à réserver en avance des créneaux pour s'assurer d'avoir une place pendant un temps prédéfini. Il y a quelques années, mon père a mis cette règle en place suite à des plaintes signifiant que les mêmes personnes étaient toujours là et que beaucoup ne pouvaient jamais venir. Un projet d'agrandissement de la bibliothèque existe depuis trois ans déjà mais il a été bloqué deux fois par le conseil d'administration pour cause de budget trop élevé. D'après les conversations que j'ai glanées de mon père au téléphone, une nouvelle réunion devrait avoir lieu dans peu de temps et il a bon espoir que le projet soit enfin validé.

Axel me sourit, comme s'il ne me croyait pas. L'envie de me justifier me brûle les lèvres mais je me retiens de justesse. Ça ne contribuerait qu'à m'enfoncer. Lui semble avoir envie de m'envoyer une nouvelle pique lorsque son téléphone vibre sur la table. Son regard s'assombrit instantanément, si c'est possible vu la couleur de ses iris. Je suis leur mouvement de gauche à droite sur son écran. Je ne sais pas ce qu'il est en train de lire, mais ça n'a pas l'air d'être une bonne nouvelle.

Ses mâchoires se serrent, leur relief se définissant davantage. Il verrouille son portable et fourre ses affaires à l'arrache dans son sac. Il jette ce dernier sur son épaule et avant même que je comprenne ce qui se passe, il s'éloigne en direction de la sortie. En dépit de l'interdiction formelle de faire du bruit dans ce lieu où un simple haussement de voix suffit à vous valoir une place sur le bûcher, je me retrouve à le héler :

— Attends, tu te barres, là ?

Bien que je n'ajoute pas « sans dire au revoir », l'idée y est. Axel se retourne et m'avise avec un mépris si palpable que même avec ses doigts il ne m'étranglerait pas aussi fort.

— Oh pardon ! Sa majesté des casse-couilles s'attendait à un petit bisou et un bonne nuit ? Promis Cassandra, la prochaine fois je te borderai.

Alors que ce surnom revient pour la deuxième fois et sonne comme la promesse de me suivre un long moment, ce qui ne manque pas de m'enrager, j'observe Axel quitter la bibliothèque. Lorsqu'il passe les portes, je prends conscience que l'attention générale est dirigée vers moi, me brûlant la peau comme le feu d'un projecteur.

C'est définitif : je hais ce mec.


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INSTAGRAM : @kentinjarno

KILL BILL (Dark Romance)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant