CHAPITRE 36

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AXEL


L'eau brûlante ruisselle sur ma peau. Elle tempère la houle d'émotions qui bouillonne à l'intérieur de mon corps depuis deux jours.

Trop de souvenirs.

Trop de pensées.

Trop d'images.

Trop.

Je me frotte l'épiderme avec un gant depuis si longtemps que ma peau a rougi. Ou peut-être est-ce dû à la chaleur ? Ou les deux ?

Je regrette de ne pas avoir du papier de verre pour me décaper. Pour enlever l'excès qui me rend dégueulasse. Je me sens sale, si sale.

D'habitude, j'ai un rituel bien précis pour sortir de la peau d'Obsidienne et redevenir Axel. Je m'enferme dans le noir, je me déshabille, je me démaquille, je me lave les cheveux. Sans rien voir. Seule l'obscurité doit m'entourer. Et quand je rallume la lumière, c'est comme si j'avais rêvé les événements du tueur à gage. Comme s'il n'était qu'un fantasme que mon cerveau nourrissait de lui-même. Une sorte de soupape de sécurité pour évacuer ma rage : m'imaginer tuer des gens.

Ça peut paraître étrange, mais ça fonctionne. Ça m'offre suffisamment de distance pour redevenir moi-même et rejeter toute forme de culpabilité. Ce n'est pas moi qui ait commis ces actes.

Ont-ils vraiment été commis ?

Sauf que là, mon rituel a volé en éclat. Mes certitudes ont volé en éclat. Ma vie est en train de voler en éclat.

Car non seulement Cassandre Caldwell est ma prochaine cible et c'set la première fois qu'Obsidienne doit éliminer une personne qu'Axel connaît, mais en plus, c'est elle la pute que je baise au Lust Mansion.

Deux fois.

Deux putain de fois.

Alors que je me suis toujours promis que ça n'arriverait plus.

Cassandre est entrée dans ma tête et maintenant elle fout le bordel partout. Dans ma vie à la fac, dans ma mission de tueur à gage, dans mon espace intime.

À quel moment a-t-elle tissé sa toile pour devenir omniprésente ?

Tout part en vrille.

Je sors de la douche, me sèche et noue une serviette autour de ma taille pour traverser le couloir et rejoindre ma chambre. Mes cheveux mouillés laissent échapper des gouttelettes dans mon sillage. À peine ai-je fermé la porte qu'on frappe. Comme je ne réponds pas, Rayane insiste.

— Axel ? Ouvre-moi !

— Je suis crevé.

— Ça fait deux jours que t'es crevé. Et que tu n'es plus sorti de ta chambre. Reste pas comme ça, parle moi !

Je soupire. Il ne me lâchera pas tant que je ne l'aurais pas rassuré. Ma plus grande crainte réside dans l'incertitude d'être capable d'y arriver. Parce que Rayane est comme ça : il arrive toujours à me mettre en confiance et à me faire dire ce qui ne va pas. Même quand j'aimerais garder ça pour moi. C'est sûrement un réflexe de merde, mais je l'ai vite acquis pour survivre. En foyer, la moindre information que les autres possèdent sur vous leur donne un ascendant. Moins ils en savent, plus vous êtes en sécurité. J'ai bâti un masque de froideur et j'ai appris à tenir ma langue pour que personne n'arrive à me cerner. Parfois, j'ai dû mal à quitter ce rôle, même avec mon meilleur ami.

J'actionne la poignée, les gonds pivotent. Rayane se tient face à moi, dans un pantalon de jogging gris et un tee-shirt blanc. Ses muscles se dévoilent en relief sous le tissu. Ses boucles serrées et ses yeux bleus forment un cocktail détonnant. La première fois que j'ai posé le regard sur lui, je me rappelle avoir été intimidé. Ce qui m'arrive rarement. La seule autre personne qui m'a fait cet effet, c'est Cassandre. Évidemment, je ne l'admettrais jamais à voix haute.

Pourtant, quand je l'ai croisé à la rentrée l'année dernière, quelque chose chez elle a éventé ma confiance en moi. Son aura, je crois. Elle portait une combinaison noire et des talons hauts qui lui conféraient une démarche impériale. Je revois encore ses mèches blondes danser sur ses épaules à chaque pas qu'elle faisait. Elle est passé à côté de moi sans me calculer et... ça m'a fait un truc.

Depuis, j'ai appris à la détester comme il se doit. J'ai bien essayé la carte de l'indifférence, puisqu'elle est censée être insignifiante, comme tous les autres êtres qui arpentent cette terre. En vain. Elle réveille le pire en moi et je ne peux m'empêcher de la haïr. Je le sens jusque dans mes tripes quand elle m'envoie une pique.

Au fond, peut-être que je devrais la remercier. Rayane et elle sont les deux seules personnes capable d'en appeler à mon humanité. Le reste du temps, je suis un automate sur pilote automatique et si la plupart du temps j'arrive à me convaincre que c'est ce que je désire, il existe des brèches. De courts moments durant lesquels je me rappelle combien c'est bon de ressentir des choses. Sauf que si je laisse le positif entrer, le négatif m'attend juste derrière. Et ce serait trop douloureux.

Alors je coupe tout.

— T'as une sale gueule, me lance Rayane.


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INSTAGRAM : @kentinjarno

KILL BILL (Dark Romance)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant