Chapitre 34 : Un avertissement

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Je vais dans la chambre de Liam et prends un de ses t-shirts, puis file rapidement à la salle de bain pour me laver. L'eau chaude glisse sur ma peau, emportant avec elle les résidus de la soirée. La chaleur de la douche pénètre mes muscles tendus, détend mes pensées, et peu à peu, une nouvelle résolution s'installe en moi : cette fois, je vais vraiment dormir sur le canapé.

En sortant de la salle de bain, je prends une profonde inspiration, comme pour ancrer cette décision en moi. Mais lorsque je descends à la cuisine, ma détermination vacille en le voyant, assis sur un tabouret, le regard perdu dans ses pensées. La surprise me cloue sur place, et un frisson glacé me parcourt. La cuisine est plongée dans la pénombre, la lumière froide du réfrigérateur éclairant à peine son visage. Il relève lentement la tête à mon approche, et ses yeux captent les miens, me dévoilant une lueur de détermination que je ne lui connaissais pas. Le silence entre nous devient presque lourd, une tension sourde suspendue dans l'air.

- Tu n'es pas couché ? lui demandai-je en m'approchant.

Liam me dit qu'il m'attendait, et je sens une pointe d'appréhension s'insinuer en moi. Pourquoi m'attendait-il ? Sa voix est calme, posée, mais il y a quelque chose dans son attitude qui m'inquiète. Je m'installe en face de lui, le cœur battant un peu trop fort, mes pensées s'emballent, cherchant à deviner ce qu'il va dire. L'atmosphère change, se fait plus lourde, presque oppressante. Ses yeux semblent sonder les miens, cherchant des réponses, des vérités cachées que je ne suis peut-être pas encore prête à révéler. Puis sa question tombe, abrupte, me prenant de court :

- Il se passe des trucs avec Noa ? demande-t-il, ses yeux fixés sur les miens.

Ces mots résonnent en moi, me percutant avec une force inattendue. Je sens mon cœur s'emballer, comme si chaque battement cherchait à trahir ma nervosité. Le silence qui suit est presque insoutenable, une pause interminable où je me sens mise à nu, incapable de mentir. L'honnêteté devient la seule issue, mais la vérité est tranchante, douloureuse à admettre.

- On s'est embrassés mardi soir. Il n'a rien eu d'autre, lâché-je d'une voix précipitée, tentant de minimiser l'impact de ces mots.

Mon souffle se bloque, l'air semble se raréfier autour de moi. Il reste silencieux, son visage impassible, et cette absence de réaction me trouble. Une vague d'anxiété me submerge, noyant mes pensées. Les secondes s'étirent, et je m'attends à une explosion, à des reproches, mais il se contente de me fixer, ses yeux sombres reflétant une inquiétude que je ne comprends pas. Puis, finalement.

- Fais attention à toi avec lui, dit-il en murmurant. 

Il se lève alors, et je sens que la conversation n'est pas terminée, qu'il reste des non-dits, des choses enfouies derrière ses mots prudents. Un instinct profond me pousse à le retenir, à ne pas laisser cette conversation en suspens. Je saisis son bras, mes doigts se refermant autour de lui avec une urgence que je ne parviens pas à contenir.

- Pourquoi ? Pourquoi dois-je faire attention ? Pourquoi tu ne l'aimes pas ? insisté-je, ma voix trahissant l'impatience et l'inquiétude qui me rongent.

Je veux des réponses, des vérités qui m'échappent encore, mais Liam détourne le regard, et son visage se ferme. Je perçois une hésitation, comme s'il pesait chaque mot, conscient du poids qu'ils pourraient avoir sur moi.

- Fait ce que je te dis, c'est tout. Je le connais.

Sa voix est basse, presque résignée, et cette réponse évasive ne fait qu'attiser ma frustration. Je sens une colère sourde monter en moi, mêlée à la confusion. Pourquoi me cache-t-il quelque chose ? Que sait-il de Noa que je ne sais pas ? Je le presse, le supplie de me dire ce qu'il a sur le cœur, mais il reste de marbre, espérant peut-être que je finirai par abandonner. Je n'ai jamais vu cette fermeté en lui, cette volonté de me tenir à distance d'une vérité que je devine dérangeante.

- Tu vas me dire tout de suite ! insistai-je, frustrée par ses demi-réponses.

Il ne dit rien et ne fait que de me regarder dans les yeux espérant que je lâche l'affaire, ce que je ne compte pas. 

- C'est un ordre ! tenté-je, espérant que l'autorité de mes mots le ferait flancher, comme cela a souvent été le cas par le passé.

Mais cette fois, il rejette ma demande avec une fermeté nouvelle. 

- Pas cette fois ! dit-il, rejetant mon ordre, chose qu'il n'a jamais faite avant.

Il rejette mon ordre avec une fermeté nouvelle, me déstabilisant complètement. Habituellement, il aurait sauté sur l'occasion de montrer son obéissance, mais là, non. Il se redresse, me faisant face, et dans ses yeux, je vois une résolution qui ébranle mes certitudes. Il se dresse comme un mur, un mystère impénétrable.

- S'il-te-plait, fais ton expérience de lui si tu le veux, mais promet moi que si ta un soucis un jour avec lui, tu m'appelleras.

Sa voix tremble légèrement, trahissant l'émotion qu'il s'efforce de contenir. Je lis dans ses yeux une sincérité brute, une inquiétude qui me touche plus que je ne le voudrais. Une part de moi reste en colère, frustrée par ce qu'il me cache, mais une autre se laisse attendrir par cette sollicitude. La tension se dissipe doucement, et je me surprends à céder, à faire un signe de tête pour lui promettre que je le contacterai si jamais les choses tournaient mal.

Le moment est intense, et, sans réfléchir, je me blottis contre lui, mes bras entourant sa taille. Il m'entoure de ses bras à son tour, et je me laisse bercer par la chaleur rassurante de son étreinte, par la cadence régulière de sa respiration.

- On va dormir ? propose-t-il.

- Mathis est dans ton lit, lui rappelai-je.

- Et alors, on a dormi à quatre il y a quelques jours, répond-il avec un sourire.

- C'est vrai, dis-je, mon sourire répondant au sien.

Je ne peux m'empêcher de sourire à mon tour, amusée par la simplicité avec laquelle il balaie mes objections.

Nous montons ensemble, Liam se place au milieu du lit, ouvrant les bras m'invitant à venir me blottir contre lui. Je m'installe à ses côtés, ma tête nichée sur son torse, et la chaleur de son corps contre le mien m'apaise. Ses bras se referment autour de moi, comme un refuge, et je me laisse aller à cette sensation de sécurité, d'ancrage. Les battements de son cœur résonnent contre ma joue, réguliers, rassurants, et je sens le poids de la soirée s'évaporer peu à peu.

L'angoisse, la frustration, tout se dissout dans la douceur de ce moment. Les mots non prononcés restent suspendus, mais pour la première fois depuis longtemps, cela ne me dérange pas. Ce qui importe, c'est cette bulle de tranquillité, ce silence partagé qui a le goût d'un apaisement provisoire mais nécessaire. Blottie contre lui, je me laisse glisser dans le sommeil, un sommeil profond et apaisé.

Le prixWhere stories live. Discover now