En terrain connu

Chapitre 5 - Leliana

Los Angeles - 27 Août 2024

Cela fait maintenant deux heures que j'ai quitté le club de volley-ball, et pourtant, mon cœur bat encore la chamade. Les mots d'Ethan résonnent dans ma tête comme un écho agaçant que je n'arrive pas à faire taire. Après l'entraînement, je n'ai pas pu rentrer directement chez moi. J'avais besoin de marcher, de sentir l'air frais de Los Angeles sur mon visage, de me perdre dans le brouhaha de la ville pour oublier.

Les néons des rues et le murmure incessant des voitures semblaient se moquer de mon agitation intérieure. Je déambulais sans but précis, perdue dans mes pensées tumultueuses. Chaque fois que je fermais les yeux, l'image d'Ethan et de son regard déterminé surgissait, brisant l'illusion de tranquillité que j'essayais désespérément de me créer.

Je n'arrive pas à croire qu'il ait eu l'audace de me coincer dans cette remise du gymnase. L'odeur du bois humide et de la sueur semblait encore imprégnée dans mes vêtements, et le souvenir de son regard insistant me donnait la nausée. Un regard qui autrefois me faisait fondre, mais qui maintenant me répugnait au plus haut point.

*Flashback - Gymnase quelques heures plus tôt*

— Leliana, tu es encore bloquée sur cette histoire datant de trois ans, me dit-il, les bras croisés, le visage marqué par une frustration mal dissimulée. Son ton est accusateur, comme s'il me reprochait de ne pas pouvoir tourner la page.

Je serre les poings, me retenant de le gifler. Mon cœur bat fort, non seulement de colère mais aussi de douleur. C'est comme si chaque mot qu'il prononce est une lame qui entaille à nouveau une cicatrice déjà douloureuse.

— Trois ans, Ethan. Trois ans que tu m'as trahis, que tu m'as menti... Comment peux-tu oser me dire ça ? Ma voix est un mélange de désespoir et de colère. J'ai l'impression de crier dans le vide, espérant que mes mots atteignent le fond de son cœur insensible.

Il secoue la tête, un sourire suffisant aux lèvres qui accentue encore plus son arrogance. Ses yeux brillent d'une lueur que je n'avais jamais remarquée auparavant, une lueur qui me semble maintenant désespérément cruelle.

— On est faits l'un pour l'autre, Leliana. Pendant ces trois ans, j'ai peut-être eu des aventures, y compris avec Alya, mais la seule à qui je pensais vraiment, c'est toi. Sa voix dégouline de suffisance, et son regard se fait plus perçant, comme s'il attendait que je cède à sa demande irréaliste.

Je le regarde, écœurée par la façon dont il se donne tant d'importance. Comment ai-je pu être en couple avec lui pendant toutes ces années sans voir à quel point il était imbu de lui-même et déconnecté de la réalité ?

*Retour au présent*

Un soupir profond m'échappe alors que je m'arrête devant un bar familier. La devanture rouge, avec ses lettres blanches décolorées par le soleil californien, n'a pas changé depuis trois ans. Je me demande si le gérant est toujours là.

Je pousse la porte et me dirige vers le bar. L'intérieur, avec son éclairage tamisé et ses murs ornés de photos jaunies, semble à la fois réconfortant et étrangement figé dans le temps. Quand Marco m'aperçoit, un sourire chaleureux s'étire sur son visage buriné.

— Leliana ! Ça fait un bail ! Je te sers comme d'habitude ? Sa voix, à la fois grave et amicale, apporte une note de familiarité bienvenue.

— Oui, s'il te plaît, réponds-je avec un sourire fatigué. Mon regard se pose sur lui avec un mélange de reconnaissance et de soulagement.

Marco, dans la quarantaine, avec son crâne rasé et une cicatrice sous l'œil, est un ancien militaire de la Navy. On ne devinerait pas en le voyant, mais il a une force impressionnante. Il n'a jamais eu besoin de videur pour gérer les bagarres en fin de soirée. Sa présence rassurante est un ancrage dans cette mer d'incertitude.