En terrain connu

Chapitre 15 - Leliana

Los Angeles - 09 Octobre 2024

Les interviews se succèdent sans interruption dans le gymnase, transformant le lieu en une véritable scène d'émotions où le spectacle se joue à chaque instant. Les joueurs défilent devant les caméras avec une régularité presque hypnotique, les projecteurs braqués sur eux comme des soleils artificiels, inondant la pièce de leur éclat implacable. Les flashes incessants des appareils photo crépitent en rafales. Les questions fusent avec une rapidité déconcertante, les réponses se mélangeant dans une danse complexe de voix tendues et de sourires qui se forcent à paraître naturels. L'atmosphère est à la fois vibrante et rigide, une tension palpable flottant dans l'air comme une épée de Damoclès, menaçant d'abattre son poids à tout instant.

J'essaie de me concentrer sur les événements qui se déroulent devant moi, mais mon esprit, indiscipliné, se laisse emporter par des pensées plus sombres et troublantes, ressassant ma nuit sur le canapé du meilleur ami de mon frère. Et puis, le moment que j'appréhendais arrive : c'est le tour de Rafael.

Je le vois de loin, sa silhouette élancée et bien définie se détachant avec clarté parmi les autres joueurs. Ses cheveux bouclés, qu'il remet en place d'un geste précis, semblent capter chaque éclat de lumière. Il avance avec une confiance qui semble presque désinvolte, mais je ne peux m'empêcher de noter la tension subtile dans ses épaules. Lorsque Alya se dirige vers lui, son sourire éclatant et presque trop parfait semble me transpercer comme une flèche acérée. Mon corps se tend instantanément, et mon cœur rate un battement. Pourquoi est-elle toujours là, surgissant comme une ombre insidieuse à chaque moment crucial ?

Alya pose sa main sur son biceps avec une familiarité qui frôle la possessivité, un geste si déconcertant qu'il me semble presque tangible, comme une main glacée serrant mon propre cœur. De loin, je peux voir la crispation fugace sur le visage de Rafael, ses mâchoires se contractant brièvement, un signe perceptible de son inconfort. Elle le conduit doucement vers la sortie du gymnase, son sourire figé sur son visage comme un masque de porcelaine, dénué de toute chaleur réelle. Avant de franchir la porte, elle tourne la tête pour me jeter un regard en biais, un mélange de défi et de malveillance s'y reflétant dans ses prunelles sombres.

Une bouffée de colère monte en moi, brûlante et acide, alimentée par le sentiment croissant que cette situation est orchestrée contre moi. Sur tous les journalistes du magazine, pourquoi ont-ils envoyé la pire des prédatrices pour gérer les interviews ? Je prends une profonde inspiration, tentant de calmer les battements affolés de mon cœur, et me dirige vers mon frère. Il est assis nonchalamment sur l'un des bancs de la salle, un magazine de sport entre les mains. Lorsqu'il entend mon souffle agacé, il lève les yeux vers moi, un regard empreint de curiosité à peine dissimulée.

— Comment tu te sens malgré la présence d'Alya ? demande-t-il, scrutant mon expression avec une curiosité bienveillante.

Je ferme les yeux un instant, cherchant à maîtriser mes émotions, puis je réponds d'une voix plus basse, presque tremblante.

— C'est la seconde fois qu'on se croise depuis... tu sais. Et je ne me sens pas à l'aise avec elle dans les parages. C'était ma meilleure amie pendant plus de dix ans... mais j'ai découvert une facette d'elle qui me glace le sang.

Adonis fronce les sourcils, une ombre de surprise passant sur son visage.

— De quoi tu parles ? Quand est-ce que vous vous êtes croisées ?

Je prends une inspiration plus profonde, me préparant à repenser à ce souvenir désagréable, et je lui raconte ma rencontre fortuite avec Ethan et mon ancienne meilleure amie, lorsque je les ai croisés au détour d'une rue. Le sourire d'Alya ce jour-là, était trop large, trop exubérant, comme un masque grotesque. Son insistance pour que l'on "redevienne amies", comme si rien ne s'était passé. Adonis éclate de rire, un son sans joie qui résonne dans le gymnase.