Chapitre 18 - Rafael

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Los Angeles - 31 Octobre 2024

Je suis assis sur le bord du lit d'Adonis, les muscles tendus, l'air lourd d'une odeur de désinfectant, mêlée à celle plus âcre de la sueur séchée et du métal froid du sang coagulé. La lumière blafarde de la lampe au plafond éclaire la pièce d'un éclat clinique, tranchant chaque ombre en morceaux menaçants. Mes poings restent fermés, tremblants sous l'effort, mes articulations blanchies par la tension, tandis que chaque respiration me coûte une nouvelle lutte. Un combat muet contre la douleur qui pulse, lancinante, dans chaque fibre de mon corps épuisé.

Mon meilleur ami se tient devant moi, concentré, ses mouvements précis et méticuleux tandis qu'il applique doucement de l'alcool sur la coupure au-dessus de mon sourcil. La brûlure aiguë m'arrache un grognement que je ravale aussitôt, m'efforçant de ne rien laisser paraître, de ne pas lui donner la satisfaction de voir la douleur m'atteindre. La douceur de ses gestes contraste avec l'agacement évident qui émane de sa mine renfrognée, reflet de cette fin de soirée chaotique.

— Rafael, qu'est-ce qui t'a pris de foncer dans le tas comme ça ? demande-t-il d'une voix basse, presque inquiète.

Son regard, habituellement impénétrable, vacille un instant, trahissant une réprimande mêlée de reconnaissance. Ses sourcils froncés et la crispation de sa mâchoire révèlent un tourment intérieur qu'il ne parvient pas à masquer. Une colère sourde de me voir blessé, entremêlée du profond soulagement de ne pas m'avoir perdu ce soir.

Je prends une longue inspiration, en quête de mes mots comme on cherche un appui sur un sol instable. Chaque mot m'échappe avec la lenteur d'un aveu.

— J'en avais marre de voir Ethan s'approcher encore et encore de Leliana, malgré ses refus répétés. Je ne pouvais pas rester là, à regarder sans rien faire.

Adonis hoche lentement la tête, un geste minime, mais assez pour que je sache qu'il comprend. Ses traits se détendent à peine, comme si l'inflexibilité de son visage cédait un peu de terrain à une compassion qu'il ne sait jamais trop comment exprimer.

— Je comprends, murmure-t-il, sa voix douce mais ferme, pleine de cette sagesse tranquille qu'il a toujours su distiller. Mais ce n'était pas à toi d'intervenir, tu le sais, non ?

Son ton, bien que mesuré, laisse transparaître une autorité indiscutable, forgée par les épreuves partagées et la loyauté inébranlable qui nous lie.

Je détourne le regard, refusant de croiser ses yeux perçants, et fixe un point invisible sur le mur défraîchi. Un silence pesant s'installe, comme un voile de plomb entre nous, et je serre les dents, sentant la tension dans ma mâchoire.

— Je le sais, je murmure en haussant les épaules, la voix rauque, pleine d'une détermination sourde. Mais je ne pouvais pas faire autrement. Je la connais depuis aussi longtemps que toi, Adonis. Moi aussi, je veux la protéger autant.

Un silence nous enveloppe, chargé de tout ce qui n'est pas dit, de tout ce qui pèse sur nos cœurs fatigués. Adonis me regarde longuement, et je vois dans ses yeux un mélange complexe de colère, de compréhension, et de cette profonde fraternité qui ne demande pas de justification. Ce soir, plus que jamais, nous savons tous les deux que certaines batailles ne se mènent pas avec des mots, mais avec le poids des gestes que l'on inflige et des blessures que l'on accepte.

Mon cœur bat encore à mille à l'heure en repensant à la scène, comme un écho persistant de cette confrontation violente. Chaque détail me revient par vagues brutales, des flashs aussi vifs que douloureux : Ethan hurlant sur Leliana, sa voix résonnant de colère et de frustration. Le besoin de le frapper, de l'écraser sous la force de ma rage, s'était emparé de moi, déferlant tel un ouragan incontrôlable, étouffant toute raison. J'étais prêt à lui bondir dessus, à libérer toute cette fureur contenue depuis trop longtemps, mais l'opportunité m'avait été volée. Avant que mon poing ne se lève, une silhouette s'était interposée, une crinière blonde surgissant tel un éclair, et le coup était parti. Le poing de Ryan avait percuté le visage d'Ethan avec une précision implacable, un bruit sourd résonnant dans l'air lourd de tension.

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