Chapitre 9 - Leliana

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Chicago - 23 Septembre 2024

Après cette rencontre quelque peu désagréable avec la petite amie de Rafael, je n'ai qu'une envie : quitter le restaurant de l'hôtel. L'atmosphère y est devenue étouffante, chaque rire, chaque murmure semble m'écraser un peu plus sous le poids des paroles acides de Lila. L'air à l'extérieur me semble être le seul remède capable de calmer la tempête qui gronde en moi.

Dès que je pousse les portes de l'hôtel, l'air frais de la nuit m'accueille avec une douceur presque réconfortante. Les lumières de la ville scintillent au loin, dansant au rythme des bruits lointains de la circulation. Je m'assois sur un banc en bois, à l'ombre des arbres qui bordent l'entrée de l'hôtel, le regard perdu dans le vide. Les mots de Lila tournent en boucle dans ma tête, chaque répétition les rendant plus douloureux, plus percutants.

— Elle croit vraiment que c'est en me rabaissant qu'elle se sentira mieux... je murmure pour moi-même.

Je ferme les yeux, espérant que le silence de la nuit absorbe cette colère et cette tristesse qui montent en moi.

Soudain, j'entends des pas se rapprocher. C'est Adonis. Je n'ai même pas besoin de tourner la tête pour le reconnaître. Il est toujours là quand j'ai besoin de lui, comme s'il pouvait sentir à des kilomètres que quelque chose ne va pas.

— Lila est insupportable, lance-t-il en s'asseyant à côté de moi, son ton trahissant l'irritation qu'il tente de dissimuler. Il me regarde avec ce mélange de protection et de colère que je lui connais bien. Ne fais pas attention à ce qu'elle dit, elle ne sait rien.

Je laisse échapper un long soupir, ma gorge serrée par l'émotion.

— J'essaye, tu sais... mais ça m'a atteinte plus que je ne le pensais.

Ma voix tremble légèrement, et je laisse ma tête tomber sur l'épaule de mon frère, cherchant un réconfort dans cette proximité rassurante. Il passe un bras autour de mes épaules, me serrant doucement contre lui. Ses doigts trouvent les miens et les pressent avec une tendresse qui me fait du bien.

— Tu n'es pas nulle, Iana, murmure-t-il après un moment de silence. Ses mots sont comme un baume sur une plaie ouverte. Tu as été au sommet, et tu y serais encore si la vie ne t'avait pas imposé cet obstacle. Mais même après ça, tu n'as jamais baissé les bras. Tu dois en être fière.

Je me redresse légèrement pour croiser son regard.

— Je sais que tu as raison, dis-je, essayant de contenir l'émotion qui menace de m'envahir. Mais accepter que tout a changé, c'est... tellement difficile.

Il hoche la tête, le regard empreint de la même détermination que je vois dans mes propres yeux quand je suis face à un miroir.

— Oui, tout a changé. Mais tu es encore là. Tu ne peux plus jouer, c'est vrai, mais tu peux entraîner. Tu peux aider les autres à atteindre les sommets. C'est un nouveau départ, et tu devrais le voir comme une chance de renaître.

Je serre sa main en retour, un sourire timide éclairant mon visage.

— Merci pour tout, Doni. Je ne sais pas ce que je ferais sans toi.

Il me répond par un sourire complice.

— Tu n'auras jamais à le savoir. Je serai toujours là, quoi qu'il arrive.

Nous restons là, en silence, savourant ce moment de tranquillité avant que le tumulte de la journée à venir ne nous rattrape. Le ciel étoilé au-dessus de nous est un rappel silencieux que même après la nuit la plus sombre, il y a toujours de la lumière. Et alors que je me lève pour rentrer, je sais que quelque chose en moi a changé. Une nouvelle détermination s'est installée, un désir de montrer à Lila, et à moi-même, que je ne suis pas terminée.

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