Chapitre 8 - Rafael

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23 Septembre 2024

L'avion vrombit doucement, son moteur émettant une mélodie sourde qui berce certains passagers dans un sommeil profond. À côté de moi, Adonis dort paisiblement, sa tête légèrement penchée sur le côté, ses écouteurs toujours vissés sur ses oreilles. Il a l'air d'un roc inébranlable, même en dormant, et je ne peux m'empêcher de ressentir une pointe d'envie en voyant son calme. Je lui donne un léger coup de coude, espérant une réaction. Il grogne, à moitié endormi, avant de lever une paupière.

— Quoi ? marmonne-t-il, la voix encore chargée de sommeil.

— Tu n'arrêtes jamais de dormir, hein ? je réponds en souriant.

Il écarte ses écouteurs, me jetant un regard fatigué mais amusé.

— On a un match à Chicago demain, Raf. Je profite du calme avant la tempête. Tu devrais faire pareil.

— Si seulement je pouvais, dis-je en haussant les épaules. Trop de trucs en tête.

Il secoue la tête et remet ses écouteurs, marmonnant un "comme d'habitude" avant de se rendormir. Je le regarde un instant de plus, cherchant à comprendre comment il parvient à trouver une telle sérénité, avant de tourner la tête vers le hublot.

Le ciel est d'un bleu profond, presque écrasant, mais mon esprit est bien loin des nuages. Chicago, première étape d'une saison qui s'annonce éprouvante. Nous affronterons les Thunderballs pour notre premier match. Un début crucial pour l'équipe... et pour moi. Mais malgré l'importance de ce qui nous attend, je n'arrive pas à me concentrer sur le jeu. Mon regard dérive lentement du paysage extérieur pour se poser sur Leliana, assise quelques rangées devant. Ses cheveux auburn sont relevés en un demi-chignon désinvolte, laissant le reste de sa chevelure retomber en une cascade soyeuse sur ses épaules. Elle porte un casque, et je la vois remuer légèrement la tête au rythme de la musique qu'elle écoute, un geste léger mais révélateur, qui me tire un sourire malgré moi.

Je décide de me lever, profitant de l'occasion pour me dégourdir les jambes et, peut-être, entamer une conversation. Alors que je passe près d'elle, je fais mine de trébucher légèrement, juste assez pour attirer son attention.

— Raf ? s'étonne-t-elle, enlevant son casque. Ça va ?

— Ouais, désolé, dis-je en me redressant. Je... j'avais juste besoin de bouger un peu. Chicago, hein ? Prête pour le premier match ?

Elle me dévisage un instant, un sourire en coin.

— Plus prête que jamais. Et toi ? Tu sembles nerveux.

— Nerveux, moi ? Je fais un geste désinvolte de la main. Non, pas du tout... Enfin, peut-être un peu. Tu sais comment c'est, nouvelle saison, nouveaux défis.

— Ou peut-être qu'il y autre chose qui te tracasse ? ajoute-t-elle, le regard perçant.

Je sens mes joues chauffer sous son regard insistant.

— Non, rien de spécial. Juste... beaucoup de choses en tête, dis-je en esquissant un sourire.

— Si tu as besoin de parler, je suis là, Raf, dit-elle doucement, ses yeux clairs me fixant avec une sincérité désarmante.

— Merci, Leliana, je... je garde ça en tête, dis-je, me sentant soudainement idiot d'avoir initié cette conversation. Je devrais te laisser, tu as besoin de te reposer.

— Toi aussi, me dit-elle en remettant son casque. On a tous besoin d'être au top demain.

Je hoche la tête, légèrement embarrassé, et retourne à ma place. Mon cœur bat un peu plus vite, et je ne peux m'empêcher de revoir cette lueur dans ses yeux. Depuis ce jour où je l'ai croisée dans ce couloir, vêtue de cette robe verte qui la sublimait, je ne cesse de penser à elle. Cette image s'est incrustée dans mon esprit, comme une empreinte indélébile. J'ai tenté de mettre de la distance entre nous, cherchant à comprendre pourquoi sa simple vue m'avait troublé à ce point. Était-ce de la jalousie ? De l'envie ? Ou peut-être une frustration que je n'arrive même pas à nommer ? Peu importe la nature de ces sentiments, ils me dérangent profondément, et cette incertitude me ronge.

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