Renaître à deux

Un film en plein air chez Théo

Après des semaines passées entre la mer et la campagne de son parrain et de sa marraine, Séléna se retrouvait plongée dans une routine à la fois douce et monotone. Les journées s'écoulaient, identiques les unes aux autres : elle se réveillait en douceur, prenait le temps de se préparer, puis passait le reste de la journée à se prélasser sous le soleil. Chaque journée était ponctuée par les mêmes activités : un plongeon dans la piscine pour se rafraîchir, quelques chapitres d'un bon livre, un verre de rosé à la main, un autre plongeon, un repas léger, et enfin, une sieste au soleil, bercée par le chant des oiseaux et le bruissement des feuilles. C'était une vie simple, paisible, mais qui laissait à Séléna tout le loisir de réfléchir. Et ses pensées étaient invariablement tournées vers une seule personne : Dylan.

Un matin, alors qu'elle somnolait encore, son téléphone vibra sur la table de chevet. C'était Théo, un ami de longue date, qui l'invitait à une soirée camping prévue pour le samedi suivant. Séléna se redressa d'un coup, son cœur s'emballa lorsqu'elle lut que Dylan serait également présent. Cette simple perspective fit bondir son cœur de joie. Gaby, leur amie commune, serait là aussi, mais la possibilité de passer une soirée avec Dylan, dans un cadre aussi décontracté, éclipserait tout le reste.

À partir de ce moment, l'attente devint une véritable torture. Les jours qui la séparaient de ce fameux samedi se firent interminables, chaque seconde s'étirait en une éternité. Le mardi qui suivit l'invitation, Séléna se retrouva à compter les heures, les minutes, impatiente et anxieuse à l'idée de ce qui pourrait se passer. Ses pensées étaient constamment tournées vers Dylan. L'image de son sourire, le son de sa voix, les moments qu'ils avaient partagés se rejouaient en boucle dans sa tête. Elle ressentait une soif irrésistible de le voir, de lui parler, de le toucher même brièvement. Tout en elle vibrait à l'idée de ces retrouvailles.

Pour tromper l'ennui, Séléna s'occupait comme elle pouvait, mais rien ne parvenait à la distraire vraiment. Elle imaginait déjà ce qu'elle porterait pour cette soirée. Elle visualisait avec précision sa tenue : un body noir ajusté, un short court assorti, un bandeau blanc et noir dans ses cheveux. Elle se parfumerait avec *Black Diamond* de chez Adopt, une fragrance envoûtante qui capturait son esprit chaque fois qu'elle en appliquait quelques gouttes. Pour ses chaussures, elle choisirait ses baskets mauves pâles, à la fois confortables et stylées. Enfin, elle savait quel rouge à lèvres elle utiliserait : le rouge vif, intense, celui qui attirait toujours l'attention de Dylan.

Chaque détail comptait, chaque choix vestimentaire était calculé pour plaire à Dylan. Elle passait ses journées à se projeter dans cette soirée, à imaginer les conversations qu'ils pourraient avoir, les regards qu'ils échangeraient. Mais cette attente, cette interminable attente, était une véritable épreuve. Plus le samedi approchait, plus Séléna sentait l'angoisse monter en elle. Certes, ils s'étaient rapprochés ces derniers temps, mais chaque fois qu'elle espérait une avancée dans leur relation, Dylan semblait se dérober, disparaître dans un silence qui la laissait désemparée. Cette incertitude la rongeait de l'intérieur, et l'attente devenait de plus en plus insupportable.

Enfin, le jour tant attendu arriva, mais ce samedi fut encore plus difficile à supporter que les jours précédents. Dylan devait arriver après le marché, aux alentours de 16h ou 17h, mais pour Séléna, les minutes s'étiraient comme des heures. Chaque bruit de moteur, chaque vibration de son téléphone, chaque mouvement à l'extérieur faisait bondir son cœur, espérant que ce soit lui. Mais rien. Dylan semblait ne jamais arriver, et cette attente devenait une torture mentale.Ne pouvant plus contenir son impatience, elle commença à boire dès midi, un verre de rosé pour calmer ses nerfs. Puis un deuxième pour apaiser l'anxiété. Un troisième pour oublier l'ennui. À mesure que les heures passaient et que Dylan ne se montrait toujours pas, elle se tourna vers des boissons plus fortes, cherchant désespérément à noyer cette attente insupportable. Du whisky-coca, d'abord dosé raisonnablement, puis de plus en plus corsé à mesure que l'impatience se transformait en frustration. Vers 17h, alors que l'absence de Dylan devenait presque insoutenable, elle se servit un verre de whisky presque pur, espérant que l'alcool atténuerait cette torture.

Gaby, sentant l'agitation de Séléna, passa du temps à discuter avec elle. Elles parlèrent de tout et de rien, mais surtout de ce qui pesait sur le cœur de Séléna. Les mots jaillissaient sans retenue, sous l'effet de l'alcool, et Séléna se confia à Gaby comme elle ne l'avait jamais fait auparavant. Elles parlèrent ainsi pendant des heures, sans se rendre compte que le temps passait. Les confessions de Séléna étaient teintées de cette attente désespérée, de ce besoin viscéral de voir Dylan, de lui parler, de comprendre enfin ce qu'il ressentait pour elle.Soudain, leur conversation fut interrompue par l'arrivée de Marie, une amie commune. Séléna la salua distraitement, encore plongée dans ses pensées, jusqu'à ce que quelque chose se produise dans son esprit. Marie était censée venir avec Dylan et sa sœur Valérie. L'idée que Dylan soit enfin arrivé fit accélérer son cœur. Elle se leva précipitamment, le souffle court, et se dirigea vers l'extérieur, espérant enfin le voir. Et là, elle le vit. Il était là, juste devant elle, en chair et en os, comme dans un rêve.

Séléna resta figée un instant, incrédule. Était-ce l'effet de l'alcool ou était-il vraiment là? Elle se précipita à l'intérieur, le cœur battant la chamade, et se dirigea vers la cuisine pour s'arroser le visage, espérant que l'eau froide la réveillerait de cet état second. Lorsqu'elle revint à l'extérieur, Dylan l'attendait, un sourire malicieux au coin des lèvres. Il lui adressa quelques mots, simples mais doux, et tout le reste du monde sembla disparaître autour d'eux.

La soirée prit alors une tournure merveilleuse. Séléna se sentait enfin apaisée, comme si cette attente insupportable avait été récompensée par sa présence. Dylan et elle se cherchaient constamment du regard, se taquinaient, se provoquaient, comme s'ils étaient seuls au monde. Chaque moment partagé avec lui était un pur bonheur, chaque échange était empreint de cette complicité qu'ils avaient toujours eue, mais qui semblait s'être intensifiée ce soir-là.

Le groupe avait voté pour regarder *La Cité de la Peur*, un film culte qui promettait des éclats de rire en cascade. Tout au long du film, Séléna et Dylan ne cessaient de se taquiner, de commenter les scènes, de se disputer pour des broutilles comme une poignée de chips ou une place sur le canapé. Ils riaient ensemble, partageant des moments de pur bonheur, et Séléna se surprit à se sentir totalement détendue pour la première fois depuis longtemps. Elle voyait que Dylan aussi passait un moment agréable, et cela suffisait à la rendre heureuse.

Leur jeu de séduction continua tout au long de la soirée. Ils se lançaient des piques, créaient des situations de fausse jalousie pour voir la réaction de l'autre. Ce jeu devenait presque addictif, une manière pour eux de se rapprocher encore plus, de tester les limites de leur relation. Chaque sourire, chaque regard échangé avait une signification particulière, une intensité qui faisait battre le cœur de Séléna un peu plus fort.

Le temps sembla s'accélérer, et avant même qu'elle ne s'en rende compte, il fut l'heure de partir. Le taxi de Séléna arriva, marquant la fin de cette soirée qui lui avait semblé si courte. Dylan insista pour la raccompagner jusqu'à l'entrée de la campagne. Sous le ciel étoilé, alors qu'ils se tenaient l'un à côté de l'autre, Séléna sentit un élan d'audace monter en elle. Elle se tourna vers lui et, avec un sourire taquin, lui demanda : "Est-ce que je devrais compter les jours et les heures jusqu'à samedi prochain, pour l'anniversaire de Valérie et Gaby?"Dylan la regarda avec tendresse et répondit doucement : "Tu n'es pas obligée d'attendre jusque-là. On pourrait se voir au cours de la semaine."Ces mots résonnèrent comme une promesse. Séléna se sentit enveloppée d'une chaleur réconfortante, un sentiment de sécurité et de bonheur qu'elle n'avait pas ressenti depuis longtemps. 

Alors qu'elle montait dans le taxi, elle jeta un dernier coup d'œil à Dylan, qui la salua avec un sourire. La route du retour se fit dans un silence paisible, ses pensées tournées vers cette promesse implicite de se revoir bientôt.

Rentrée chez elle, Séléna se laissa tomber sur son lit, un sourire aux lèvres. L'attente avait été une véritable épreuve, mais chaque seconde en valait la peine. La soirée avait été tout ce qu'elle espérait, et plus encore. Le voir, passer du temps avec lui, avait dissipé toutes ses angoisses. Elle s'endormit avec un sentiment de satisfaction profonde, convaincue que quelque chose avait changé entre eux ce soir-là. Peut-être que cette soirée marquait le début de quelque chose de plus grand, de plus vrai. Mais pour l'instant, elle se contentait de savourer le moment, heureuse d'avoir pris le risque d'attendre, et de croire en ce lien qui les unissait.