Partie 4 | Réveil (14)

9 4 0
                                    

Une odeur de propreté et de lessive m'envahit. Des voix douces et enchanteresse se calaient sur ma respiration. Oh, j'étais si bien... J'ouvris les yeux. Deux femmes vêtues de vêtements blancs collant à la peau, mais assez épais. Un mélange de l'ensemble sous tee-shirt à manche longes et d'un leggings avec une blouse de chimiste. Des infirmières !

Je voulus incliner la tête pour observer la pièce. Mais une des gentilles femmes me fit signe de rester immobile. J'avais donc vu sur le plafond de marbre blanc. Je remarquai plusieurs fissures dans la roche. Ce devait être un vieux bâtiment. Des pansements couleur chair avaient été placés sur mon bras endolori.

— Buvez. Susurra une des femme en blanc.

Comment je pouvais boire si je ne devais pas bouger ? Il fallait savoir. Alors que je m'apprêtais à demander l'autorisation de m'asseoir, l'infirmière avait déjà vidé le verre dans un pot à fleurs.

— Vous ne voulez pas. Cru t-elle constater.

— Dans ce cas levez vous ! Décréta l'autre.

Je me levai en me demandant pourquoi maintenant, j'en avais le droit, pas seulement le droit, le devoir de le faire. J'avais encore mal au bras et respirer par le nez m'était impossible. J'inhalai donc par la bouche. Puis je me détendis, j'arrivais : à inspirer... Souffler...

— Par là. Indiqua l'une des femme.

Elle montrait une porte de marbre comme l'ensemble de la pièce. L'autre femme m'ouvrit. Deux soldats en armure de métal noir jais et au heaume assorti m'attendaient. Je ne reconnus aucun d'entre eux. L'un était un jeune homme à la peau bronzé (bien qu'il n'y ait pas de soleil), l'autre une femme aux cheveux de satin, coincés dans son casque.

— Bonjour mon cousin. Me héla l'homme d'un ton formel, avec un léger accent.

Il devait venir d'un village reculé de la partie blanche du monde, qui se trouverait donc loin d'Erion. La femme croisa son index avec le mien en guise de salutation. Ni l'un ni l'autre n'étaient hostiles. Je les suivis sans me plaindre, ni rechigner. Je m'étais résolu à mourir. Au moins, ce serait pour une bonne cause.

Maintenant, je laissai les Déesses me guider vers mon éternel bain. J'acceptai mon destin. Si ma vie devait cesser qu'il en soit ainsi. Nous marchâmes dans un long corridor creusé à même la pierre. Enfin, j'entendis le chant des oiseaux et des criquets.

Le sol laissait place à un champ d'herbe blanche. Si vous regardiez de plus près vous remarquerez que l'herbe était composée de petit grain de sable couleur neige. Les fleurs n'étaient pas des roses, mais elles faisaient la même taille. C'était des esors, une espèce de fleurs aux larges pétales de velours blanc et qui flottait dans les airs.

Nous étions bien loin d'Erion. Nous n'étions même plus dans le même semi-monde ! On avait dû me mettre dans une charrette lorsque j'étais dans les vapes. Il était même possible qu'on m'ait administré un tranquillisant pour que le voyage se déroule sans encombre. Je me trouvais donc dans une petite prairie tout à fait charmante, baigné de brume blanche luisante.

Un feu avait dû être produit il y a peu. Et par quelqu'un à l'esprit pur apparemment. Une table de bouleau blanc était située au centre de la clairière. C'est là que mes gardes me conduisaient. Sur la table, il y avait deux grands paniers en osier (teint en blanc évidemment).

Dans ces paniers, se trouvaient des vêtements. Ample tunique noire, chemise à carreau, pantalon zébré noir et blanc, costume chic, jean blanc, bandana noir aux motifs de corbeaux ou blanc aux motifs de colombe, ... Il y en avait pour tout les goûts. Sauf pour Paëlla puisque rien de tout ça n'était coloré. Moi-même, je me trouvai dans un fin pyjama blanc. C'est là que je me ressentis une profonde gêne. J'étais sorti sans m'habiller. Quelle honte !

—  Prenez ce que vous voulez. Me proposa le soldat.

Rougissant, je saisis à la hâte une salopette toute simple. Pas question que je reste dans cette tenue de coucher une seconde de plus devant des inconnues. Surtout si ceux là portaient des armures hyper stylés.

— Heu,... Prenez votre temps ces vêtements vous les porterez pour accéder à l'Éternel. Me conseilla la guerrière.

Je virai alors au pivoine. Ah oui bien sur mes habits éternels, car j'allai mourir ou avais je la tête ? Je réfléchis. Valait-il mieux porter un uniforme religieux ou venir en civil ? La religion était une force et j'avais servi les Déesses depuis mes treize ans.

Alors que je me penchai vers le bandana aux motifs corbeaux, une idée me vint. Pourquoi pas m'habiller comme pendant le moment le plus heureux de ma vie ? Non... Ça frôlait le blasphème rien que de penser que j'avais pu être joyeux tout en bravant les Lois. Mais je voulais que les Déesses me jugent pour ce que j'étais, pas pour ce que je devais être.

Alors je farfouillai jusqu'à extirper une robe. Elle était magnifique. Noire, avec deux jupons des perles accroché ici et là, de la dentelle pour le haut. Je n'avais pas porté de robe depuis des années. En fait ça remontait à notre séparation avec Noisette, six ans plus tôt. Lui m'avait toujours encouragé à m'accepter comme j'étais.

Tome 1 : Miel | Un Monde Incolore Où les histoires vivent. Découvrez maintenant