Panique totale. Voici les mots qui décriraient le mieux mon état actuel. Ça y est, on est fichu ! Cette phrase résonnait dans ma tête. D'accord, Noisette travaille ici, mais entrer dans un poste de police sans l'autorisation du chef me semblait tout de même une infraction.
Se faire prendre aurait dû me réjouir : au moins, on allait assumer les conséquences de nos actes, ce n'était que justice. Cependant, la terreur seule était présente dans mon esprit. Peur de devoir s'expliquer. Angoisse de voir ses amis dans le pétrin. Incompréhension de la situation. Rhaaaaa... Et cette maudite ritournelle qui ne s'arrêtait pas de tourner en boucle, encore, encore et ENCORE. On est fichuuuuuuuuuuuuu !
- Mince. Demi tour. Souffla Noisette d'une voix à peine audible.
Lui paraissait hyper détendu et totalement à son aise. J'avais envie de lui crier : « Non, ne sois pas satisfait, tu risques de perdre ton boulot ! » Sauf que je ne le fis pas, car j'avais peur de parler trop fort et de me faire surprendre.
Surtout qu'une autre question me trottait dans la tête : depuis quand étais-je aussi pessimiste ? Était-ce à cause de cette révélation ? : les représentants et gardiens de la sécurité veulent ôter la vie à l'être le plus cher aux yeux de ma sœur ? Ou bien depuis plus longtemps ? Ça daterait des réactions racistes du propriétaire ? À moins qu'un certain livre donné par Paëlla n'y soit pour quelque chose et m'est permis de me rendre compte de la dureté de la vie ? (en partie causé par mes précieuses règles).
Je chassais cette dernière proposition insensée de mon cerveau. D'où me venait une telle pensée ? Je ne voyais pas les choses du mauvais côté puisque c'était sûr qu'en faisant une action interdite le destin s'acharne sur nous. Sérieusement à quoi est-ce que je m'attendais ?
- On file. Siffla mon copain, en agitant une main devant mes yeux.
- Trop tard, on est repéré. Maugréa Paëlla.
- Génial. Ironisa Noisette, ce qui lui valu un regard noir de ma sœur.
Moi au contraire cela me fit une bouffée d'oxygène dans cet océan de stress. Je n'étais pas seul. Noisette sera quoi dire. De plus, Paëlla était une experte en bizarreries, pour ne pas dire folies.
Une fois calme, je remarquai que les soldats n'avaient pas l'air agressif. Bon d'accord, ils étaient armés de couteaux et d'épées, tandis qu'un sabre blanc ivoire était attaché dans le dos de chacun d'entre eux. Mais on aurait surtout dit qu'ils étaient blasés. La tristesse de devoir nous arrêter, l'ennui de cette capture trop facile ou... Attendez !... Pourquoi est ce que les agents m'encerclaient ?
- Apprenti Noisette, vous n'êtes pas désigné pour faire partie de cette escouade. Je vous demande de quitter les lieux, vous ainsi que la femme hors norme qui vous accompagne. Rechigna l'un d'eux.
- Attendez Sergent Paulin ! Que se passe-t-il ? Que voulez-vous à ce jeune homme ? S'empressa de réagir Noisette, avec affolement.
Il avait perdu son calme, c'était mauvais signe. Les policiers me tâtaient et me fouillaient. Je cherchai du réconfort dans les yeux de ma sœur, mais celle-ci semblait tout aussi paniqué et interloquée que moi.
- Taisez vous ! Vous n'avez rien à faire ici ! Hurla t-il avec dédain. Puis il se tourna vers moi
- Mon cousin, nous vous escortons jusqu'à la source maudite, comme promis. Reprit-il, avec douceur cette fois.
Je frémis à ce nom. La source maudite était un lieu sacrificiel pour personnes de hauts rangs. Je n'avais pas réclamé la mort pourtant. Ni eu d'envies suicidaires. À moins que ce soit ça ! J'avais juré par serment maudit que Zilla n'était pas dangereuse et ne ferai aucun mal. J'avais du mal à imaginer la Voyageuse s'attaquer à des humains. Mais c'était la seule explication.
- Puis je savoir pourquoi vous emmenez un innocent vers la mort ? S'exclama Noisette.
Il avait croisé les bras dans l'espoir de paraître apaisé, mais il tremblait de tout son être et semblait au bord de la crise. Paëlla quant à elle donna un redoutable coup de pied à un des policiers. Celui-ci se tordit de douleur. Mais quand elle voulut répéter l'opération, Paulin intercepta sa jambe. Puis il lui asséna un coup juste assez puissant pour l'assommer. Je poussai un cri aigu, et fis mine de la rejoindre, mais un soldat me retint par le bras.
- P...Paëlla... Murmurai je, avant d'éclater en sanglot.
Le garde me faisait mal à me serrer le bras, ses ongles pénétraient ma peau. Je fis alors la seule chose que j'étais encore capable de faire dans cet état-là. Je me mis à hurler à la mort. Cette idée n'était guère intelligente, car on me glissa un morceau de tissu dans la bouche pour étouffer mes cris. Et le soldat me tint encore plus fermement, du sang perlait de l'endroit où les doigts de l'homme s'enfonçaient. Des larmes coulaient sur mes joues.
Je n'étais pas un voyou, ni un charlatan, je ne contredisais pas l'autorité. Tout ce que je souhaitais, c'était vérifier si ma sœur allait bien. Si seulement elle n'avait pas attaqué les gardes. Mais elle était comme ça. Elle ne les aurait pas laissé m'emmener sans se battre. Je comptais désormais sur Noisette pour expliquer à ses collègues que nous étions de bons citoyens quoique un peu rebelle dans le cas de Paëlla. Mais ce dernier n'avait pas l'air ouvert aux négociations.
- Relâchez les ! Articula t-il avec douleur.
Il gesticulait, peinant à rester statique. Le simple fait de parler semblait lui coûter. On aurait dit qu'il avait un couteau planté dans le cœur, mais qu'il essayait de le dissimuler.
- Pars, si tu ne veux pas que ça tourne mal ! Ordonna le sergent Paulin, avec hargne.
Noisette n'allait pas pouvoir se contenir. Non, non, non, ... Il ne pouvait pas, ... Il était notre seule chance. Je secouais vigoureusement la tête, pour attirer son attention. Il se tourna alors vers moi, ce qu'il s'était jusque là abstenu de faire. Il lut l'espoir dans mon regard et s'interrompit dans sa lutte le poing en l'air, mais n'atteignant pas Paulin.
Il commençait à se ressaisir pour moi, pour le lien entre nous d'eux. Mais mon garde n'en avait pas fini avec moi. Mon agitation, l'avait fait redoubler de vigilance et il m'étrangla. Littéralement, pas dans le but de me tuer, mais de m'assagir. Noisette à la vue des blessures sur mes bras et de cet homme me faisant souffrir, ne put rester là à papoter.
Non ! Songeais je.
J'étais au bord de l'évanouissement, tandis que mon copain était aux prises avec deux de ses collègues. Il allait perdre. Je l'entendais pousser des hurlements de fureurs alors qu'ils l'attachaient avec une épaisse corde. Ma vision se brouilla. Ma sœur était sonnée. Mon ami se débattait inutilement. Je m'évanouis.
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Tome 1 : Miel | Un Monde Incolore
FantasíaDans un planète lointaine, Miel, un serviteur loyale de la Déesse Amaya vit dans un monde sans couleurs. Au sens littéraire du terme comme au sens figuré. Les constructions comme les coutumes vestimentaires visent à promouvoir le noir et le blanc...